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Protéagineux
Le pois a toute sa place auprès des céréales

Des innovations récentes pourraient relancer sa production en France

RELANCE. Avec 170.000 ha pour 2007, les surfaces de pois protéagineux sont en net recul par rapport à 2006 (-28%) et de façon très sensible sur deux ans (-45%). Si la situation est difficile pour la filière protéagineux, elle est d’autant aggravée par les rendements en dent de scie constatés depuis une dizaine d’années. Ces fluctuations, difficiles à prévoir, ont été liées à une conjoncture climatique défavorable depuis quelques années, une recrudescence de viroses et des bilans médiocres dans certaines zones à moindre potentiel agronomique. Pourtant, les bénéfices des protéagineux dans les rotations ne sont plus à démontrer. De surcroît, de récentes recherches scientifiques mettent au jour quelques avancées, qui, si elles sont mises en application, pourraient re-dynamiser la filière en ouvrant des perspectives. Ce fut en tout cas le message fort de Pierre Cuypers, président de l’Unip (Union nationale interprofessionnelle des plantes riches en protéines), lors de la “journée nationale Pois” le 31 mai dernier.

Maintenir la diversité dans les assolements

Pour le président de l’Unip, il n’est plus à démontrer que « réhabiliter l’agronomie » et « maintenir un éventail de cultures suffisant » est un gage de diversité pour satisfaire des besoins différents et parfois complémentaires. Un constat est en tout cas à considérer avec attention. « L’Union européenne ne subvient qu’à hauteur de 26 % à ses besoins en protéines végétales », déplore Olivier de Gasquet, directeur de l’association. Autrement dit, le déficit est de 74 %. Sachant que deux tiers des besoins sont comblés par les importations de 35 Mt de tourteaux de soja par an, il reste de la place pour d’autres matières premières riches en protéines, « surtout si elles sont complémentaires en termes de qualité ». Une analyse de la composition de différentes matières premières fait justement apparaître que les protéines de pois et de colza sont complentaires (teneurs en fibres, amidon, lysine...) « pour se passer du soja ». Par ces caractéristiques, les débouchés sont là aussi distincts, les tourteaux trouvant leur principale destination chez les ruminants, les drèches dans les formules volailles, tandis que le pois est idéalement incorporé dans les formules porcs.

Des bénéfices environnementaux avérés

L’introduction de 20 % de pois dans des systèmes de rotation à base colza-blé-orge suffit pour avoir un impact très favorable sur l’environnement. C’est ce que révèlent les résultats d’analyse de cycle de vie (ACV) obtenus par l’université de Zürich, dans le cadre d’une commande de l’Unip. Le principe de la méthode repose sur la prise en compte des coûts en amont (par exemple : impacts de la fabrication et du transport des engrais). L’étude a été menée sur la comparaison de rotations avec et sans légumineuses dans deux régions de production : le Barrois en Bourgogne, et la Saxe-Anhalt en Allemagne. « Les impacts sont hautement significatifs en particulier pour la consommation d’énergie fossile et des gaz à effet de serre », évalue Benoît Carrouée, ingénieur à l’Unip. Et pour cause, puisque le pois n’a pas besoin d’engrais azoté. Or les gaz à effet de serre trouvent leur origine dans la fabrication de ce type d’engrais, largement utilisé pour les cultures non fixatrices d’azote. Le pois a également un effet favorable sur l’écotoxicité terrestre et la toxicité humaine, principalement grâce au choix des produits phytosanitaires.

Des innovations disponibles pour les semis de l’automne 2007

Professionnels et instituts de recherche travaillent depuis plusieurs années sur l’amélioration des rendements du pois. Il apparaît que le pois d’hiver type “alternatif” (pois d’hiver actuel), qui ne représente pour le moment que 8 % des surfaces contre 92 % pour les variétés de printemps, montre certains avantages. Semé en novembre (soit quatre à cinq mois plus tôt que les pois de printemps), il est davantage développé à l’arrivée des beaux jours, ce qui lui confère des propriétés intéressantes : meilleure résistance au stress hydrique, aux à-coups du climat (on constate une série climatique défavorable au pois de printemps depuis 2000), aux maladies et aux insectes. C’est pour ces raisons qu’Arvalis-Institut du végétal cherche à développer des variétés de pois de printemps qui pourraient être semées précocément, en décembre. De nouvelles variétés de pois d’hiver type “hiver” pourraient également voir le jour en 2009. Ils présentent la particularité d’être très résistants au froid jusqu’en avril.

À noter qu’une visite de la station expérimentale de sélection de Serasem, groupement européen de recherche et de sélection végétales, a permis de montrer les travaux en cours quant à la maîtrise de la pourriture racinaire du pois, l’aphanomycès, très redoutée. Les recherches ont porté aussi bien en pois de printemps que sur les différents types de pois d’hiver. Elles ont permis de voir, pour la première fois au champ, des lignées de pois résistantes au champignon en cours de sélection.

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