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Salon de l'Agriculture 2022
Guerre en Ukraine : J.F. Loiseau appelle à "réarmer l’agriculture française et européenne"

Le conflit russo-ukrainien est présent dans tous les esprits pendant le Salon de l’agriculture, notamment chez les professionnels de l’agriculture et de l’agroalimentaire. L'organisme FranceAgriMer a organisé un point presse avec le président d'Intercéréales le 28 février au Sia pour faire le point sur la situation.

Jean-François Loiseau, président de la commission thématique interfilières “International” de FranceAgriMer, pendant le point presse tenu le lundi 28 févreir 2022 sur la situation en Ukraine et les conséquences sur les filières céréales et oléagineux
© Thierry Michel

“Il est temps de réarmer l’agriculture française et européenne et que ces sujets reviennent au premier plan de la vision de nos dirigeants”, a déclaré Jean François Loiseau, président d'Intercéréales et de la commission thématique interfilières “International” de FranceAgriMer, à l'occasion d'un point presse au Salon de l'Agriculture à Paris le 28 février. Et de poursuivre : “ il est malheureux que ce soit un évènement comme une guerre qui nous rappelle cela. Il s’agit qu’une question de stratégie fondamentale qui va au-delà de la politique”, remettant au goût du jour la notion de stocks stratégiques en Europe.

Il a aussi reconnu que les filières françaises et UE animales (volaille et porc notamment) sont “très fragilisées”. Il en va de même pour les économies de ces filières en Espagne et en Italie, très dépendantes des importations de maïs . Les stocks, dans ces pays, ne dépassent pas les trois semaines de production.

“Nous recevons ces derniers jours de nombreux appels en provenance de pays gros importateurs de céréales qui cherchent des alternatives à leur flux en provenance de la mer Noire” a t’il ajouté. Jean François Loiseau a aussi remis du contexte global, à travers le prisme du conflit. “Nous parlons d’approvisionnement pour des pays qui sont très fortement importateurs de céréales et grains et dont les populations sont très importantes. N’oublions les émeutes de la faim d’il y a quelques années”.

Concernant les entreprises françaises présentes en Ukraine, celles du secteur de la semence, du malt et du négoce pourraient particulièrement souffrir : arrêt des productions, fermetures des usines, protection des salariés et de l’actif industriel... “Et puis il y aura le jour d’après quand il faudra reconstruire des ponts, des routes, des infrastructures, des dépôts de carburant... Ce sera long”, a conclu Jean-François Loiseau.
 

Impact du conflit en Ukraine sur le marché international des céréales

Marc Zribi, chef de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer, a confirmé l'absence de trafic de marchandises dans les ports ukrainiens, certains servant à des opérations militaires. Il a également signalé que l’on commençait à enregistrer des défauts de contrat pour raison de force majeure. Il a également précisé que des questions apparaissent quant à la bonne tenue des futures semis en Amérique latine, les pays producteurs de cette zone étant très dépendants des intrants importés depuis la zone Russie Ukraine.

Marc Zribi a aussi rappelé les volumes encore exportables depuis la zone mer Noire vers le reste du monde : 6 Mt de blé au départ de l’Ukraine dont la moitié en blé meunier et 18 Mt de maïs. La campagne est quasi terminée en orge. Côté Russie, 12 Mt seraient exportables en blé, 3 Mt en maïs et 1 Mt en orge. Il a aussi envisagé les différents niveau de fragilité ou de vulnérabilité de certains pays importateurs (Algérie, Maroc, Tunisie, Egypte, Moyen-Orient et Afrique subsaharienne.

Dans les jours à venir, et pour répondre aux besoins mondiaux en termes de céréales, il est probable que “l’Argentine et l’Australie pourront prendre le relais pour répondre aux demandes” a prolongé Marc Zribi. Pour lui, il va manquer potentiellement entre 12 et 14 Mt de disponibilité sur les marchés mondiaux. “Le bilan des stocks finaux pour la France est prévu pour le moment à 3,5 Mt, soit entre 1 et 1,5 Mt par rapport à une année normale”. Une partie de ce surplus pourrait aussi alimenter une demande mondiale réorientée par la situation de conflit.

 

Hausse des coûts de production à prévoir sur de nombreuses filières

Pour la France, les conséquences du conflit se feront surtout ressentir au niveau des coûts de production (hausse du pétrole, des carburants, du séchage, des intrants/engrais...), à la fois pour les productions agricoles et pour certaines industries de transformation (sucre, amidon...). Le tournesol et les tourteaux en  provenance d’Ukraine sera aussi un sujet sensible pour une partie des filières d’élevage hexagonale. L’export de produits issus des industries agroalimentaires françaises pourraient aussi souffrir, notamment en direction de la Russie.

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