Aller au contenu principal

Actualités
Le plan EMAA ne suscite pas l’engouement général

Si les coopératives et les chambres d’agriculture saluent l’ambition du gouvernement de développer la méthanisation agricole au travers du plan “Énergie Méthanisation Autonomie Azote” (ou plan EMAA) avec l’objectif de porter de 90 en 2012 à 1.000 en 2020 le nombre de méthaniseurs sur les exploitations agricoles, l’APCA rappelle que « la méthanisation à la ferme est une activité dont la rentabilité économique est encore soumise à de nombreuses variables », comme la prime à l’efficacité énergétique. Coop de France sera, quant à elle, « vigilante sur la portée réelle des mesures annoncées ». Les fabricants français d’installations de méthanisation sont, pour leur part, sceptiques quant aux possibilités de simplifier les procédures adminis­tratives. Les industriels de la fertilisation considèrent par ailleurs que, sans évolution des assolements vers plus de légumineuses (aux besoins en azote quasi nuls), les marges de manœuvre pour diminuer les apports azotés sont restreintes. Même constat concernant la substitution de l’azote minéral par l’azote organique.
Le plan EMAA, présenté conjointement le 29 mars par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture, et Delphine Batho, ministre de l’Écologie, a de fait pour double « objectif de permettre une meilleure gestion de l’azote et d’accélérer le développement de la méthanisation à la ferme » dans l’optique « d’assurer aux agriculteurs un revenu complémentaire ». Il s’inscrit dans le cadre du débat national sur la transition énergétique, qui donnera lieu à une loi de programmation à l’automne.

L’ambition affichée par le gouvernement est de faciliter l’émergence de projets de méthanisation à la ferme, de puissance comprise entre 150 et 500 kW, « en privilégiant des technologies et savoir-faire français ». « C’est une bonne initiative car les installations de méthanisation de 50 à 200 kW sont accessibles aux jeunes constructeurs français, que nous sommes, réagit Frédéric De Lesquen, DG de Méthajade. D’autant que le process par voie sèche discontinue que nous développons correspond au type d’effluents majoritairement disponibles en France, à savoir le fumier. » Et ce, contrairement à la technologie allemande, leader sur le secteur, dont le process par voie humide est davantage adapté au lisier.
Un autre point positif concerne l’amélioration du dispositif de rachat de l’électricité via la prime aux effluents d’élevage, avec un plafond du prix maximal de base (de 2,6 ct €/kWh) étendu aux installations de moins de 300 kW. « Cette prime est une bonne chose car elle va permettre de favoriser les petites et moyennes installations à la ferme », insiste Frédéric De Lesquen. Cependant, l’Apca, dans un communiqué, « regrette l’absence d’évolution de la prime à l’efficacité énergétique » (4 ct €/kWh), difficilement accessibles aux agriculteurs. « Nous demandons aux pouvoirs publics de modifier leur mode de calcul afin de mieux prendre en compte les spécificités de la méthanisation à la ferme », explique Philippe Touchais, chargé de mission Climat Énergie Biomasse à l’Apca.
Un autre revenu complémentaire issu de la méthanisation pour l’agriculteur correspond à la valorisation des digestats, utilisables comme engrais azoté organique. « Il est possible de le purifier jusqu’à obtenir des granulés solides de DAP (l’engrais le plus courant, NDLR), remarque Gilles Poidevin, DG de l’Unifa. Mais cela représente un petit volume... » Si l’on considère les 1.000 installations envisagées par le plan EMAA d’ici 2020, on arriverait à 40-50.000 t d’azote organique recyclé pour un marché de 2,2 Mt. « Nous sommes de fait un peu surpris du caractère disproportionné de l’annonce par rapport aux enjeux… C’est de la politique, mais pas forcément la bonne ! », considère-t-il.
Et le dirigeant de Méthajade de craindre : « Il ne faudrait pas, par soucis de bien faire, freiner la dynamique déjà engagée, au risque d’être confronté aux mêmes problèmatiques que le secteur du photovoltaïque. »

Les plus lus

Engrais chimique en granulé
Marché des engrais : demande encore timorée et prix en repli

Dans un contexte de cours du blé français au plus bas et des trésoreries affectées dans les fermes, l'activité est limitée.

La main d'une personne avec une poignée de blé au dessus d'un tas de blé.
Récolte 2025 : une bonne qualité des blés français et des exportations tirées par le Maroc

À l’issue de son conseil spécialisée de la rentrée le 17 septembre, FranceAgriMer a présenté la mise à jour de ses…

Antoine Hacard, président de La Coopération agricole - Métiers du grain et Catherine Matt, directrice
La profession céréalière se réjouit de la levée des taxes sur les importations d'engrais états-uniens

L’AGPB et La Coopération agricole – Métiers du grain s’inquiètent de la remontée des prix des engrais depuis le printemps, et…

FranceAgriMer atténue la lourdeur des bilans français des céréales

L’Établissement public a abaissé sa prévision de stocks finaux pour 2025-2026 en blé tendre, orge et maïs grain. Les…

Culture de soja.
La profession agricole veut profiter du nouveau report du RDUE pour le simplifier

Pour la seconde fois, la Commission européenne propose de reporter d’un an l’entrée en application de la RDUE, la…

Graphique prix blé orge maïs France du 25 septembre 2025
Marché des céréales du 25 septembre 2025 - Les prix du blé tendre se maintiennent au-dessus des 190 €/t sur Euronext

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 24 et le 25 septembre 2025, expliquée par La Dépêche-Le…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne