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Andrée Defois (Stratégie grains) : « Le monde ne manquera pas de blé et d'orge, ni de soja cette année »

Intervenant lors du Feed Info Summit le 27 septembre à Barcelone, Andrée Defois, présidente de Tallage SAS-Stratégie grains, a montré que le monde ne devrait globalement pas manquer de grains durant la campagne 2022-2023.

Andrée Defois, présidente de Tallage SAS-Stratégie grains, au Feed Info Summit le 27 septembre à Barcelone.
© Yanne Boloh

Les cours de grains sont montés cette année plus haut que les pics précédents de 2007-2008, qui correspondait à une crise de production, les récoltes ayant été médiocres dans toutes les régions du monde ou presque. « Habituellement, la période qui suit un pic induit une correction rapide des prix à la baisse, comme l’a montré 2008. Cette correction a été moins radicale après les deux autres points hauts en 2011 et 2013, liés quant à eux plutôt aux mauvaises récoltes du côté de la mer Noire », explique Andrée Defois, présidente de Tallage SAS-Stratégie grains, qui intervenait lors du Feed Info Summit le 27 septembre à Barcelone. Dans le secteur des protéines, le prix des tourteaux de soja n’a pas atteint le plus haut de 2013. Et cette matière première se place bien, non seulement pour son apport en protéine mais également pour son énergie.

La pression sur les marchés des matières premières de la nutrition animale, comme sur celui des engrais, a démarré dès 2021. Le prix de ces derniers ont triplé depuis 2020 ce qui pourrait, à terme, impacter la productivité des terres.

Un marché mondial moins fluide mais des stocks en progression

« Le monde ne va pas manquer de grains cette année, même si les courants d’affaire ne sont pas aussi fluides que les acteurs l’espéraient car les stocks se reconstituent depuis deux récoltes, lentement mais sûrement, en blé tendre, en soja et en orge », pointe la spécialiste. Ce n’est pas le cas toutefois pour le maïs qui inquiète l’analyste : la récolte devrait afficher -4,5 % d'un an sur l'autre. Alors qu'en 2022, la moisson de blé devrait s’inscrire en hausse (+1 %) avec la forte progression de la récolte russe, l’orge est aussi attendue en progression (+3 %) comme le soja (+10 %) qui est favorisé dans les rotations par des fermiers d’Amérique du Sud en raison de son faible besoin en intrants dans un contexte tendu de l’énergie. Quant au colza, il devrait progresser fortement notamment au Canada (+15 %).

La demande en blé tendre, qui a été réduite durant les années Covid a repris, mais sans retrouver le niveau d’avant la pandémie. La demande de maïs pour l’éthanol a aussi repris mais moins fortement en raison des mauvaises marges des éthanoleries car les prix du maïs et du gaz sont trop élevés notamment dans l’UE.

Contraction des fabrications d'aliments pour animaux

De façon générale, Andrée Defois prévoit, pour 2022, une baisse légère de la demande mondiale de la nutrition animale pour la seconde année consécutive, vers -0,8 %.

En 2023-2024 et 2024-2025, malgré la limitation de la capacité de production de l’Ukraine, la situation générale sur le marché mondial du blé (auquel va contribuer la Russie), comme sur le marché du soja, devrait se desserrer en volumes. Mais les prix ne reviendront pas à leurs niveaux de 2019-2020 en raison de l’augmentation durable du coût de l’énergie et des exigences en matière de protection de l’environnement.

Les risques restent nombreux : l’aggravation de la guerre en Ukraine et des tensions sur la disponibilité en gaz dans l’UE, l’accélération de l’inflation, difficulté des pays émergents à rembourser leurs dettes, nouveaux épisodes de Covid-19, fragmentation géopolitique susceptible d’entraver le commerce mondial et la coopération entre Etats.

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