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« Le marché privé égyptien est d'abord un marché de prix »
La Dépêche-Le Petit Meunier : Que peut-on attendre de la fin de campagne vis-à-vis de l'Égypte ?
Roland Guiragossian : Les exportateurs français ont vendu 660.000 t depuis le début de la campagne. Il sera difficile d'aller plus loin cette année, compte tenu des exigences en matière d'humidité que le Gasc veut respecter. Pour que nous puissions gagner de nouveaux volumes, il faudrait revenir sur ces spécifications de teneur en eau. La tolérance observée jusqu'ici n'est plus de mise. Le contexte économique et politique du pays a conduit le Gasc à plus de rigueur et à un retour aux spécifications officielles (cf. n°4043).
Où en sont les discussions concernant le taux d'humidité des lots importés ?
R. G. : Les résistances internes sont très fortes. La question n'est pas simplement celle de l'humidité et des conditions de stockage du grain livré. La sensibilité du dossier réside dans ses aspects économiques et la relation entre le Gasc et les meuniers égyptiens. Lorqu'un lot dépassait les 13 % d'humidité, les réfactions obtenues par le Gasc ne sont pas reversées aux meuniers, à qui le blé est livré pour produire la farine subventionnée. Le meunier égyptien ne trouvait donc pas d'intérêt à recevoir un blé français avec une humidité supérieure à 13 %, contrairement au blé d'origine mer Noire, par exemple, dont la teneur en eau est comprise entre 11 et 12 %. Voilà le fond du débat.
Sur un secteur en surcapacité, les moulins se livrent une concurrence féroce.
” Au-delà de la question de l'humidité, comment toucher les clients privés tournés vers l'origine mer Noire ?
R. G. : Nous sommes effectivement très peu présents sur le marché privé égyptien (qui représente environ 5Mt/an, soit l'équivalent des importations via le Gasc, NDLR). Près de 90 % des blés importés par les meuniers locaux proviennent de la zone mer Noire. Il s'agit de blé affichant un taux de protéines minimum de 11,5 % et d'un taux d'humidité maximum de 12,5 %, qui répondent donc largement au cahier des charges égyptien.
Comment les concurrencer dans ces conditions ?
R. G. : Le premier élément est la compétitivité car le marché égyptien est d'abord un marché de prix. Et puis il faut que l'origine française soit identifiée par la meunerie nationale, qui ne connaît pas suffisamment nos blés. Le blé français est identifié comme un blé soft et humide. Mais il possède d'autres avantages, comme la régularité de sa production, une qualité homogène, un grand professionalisme concernant la logistique pour le livrer… Il n'y a pas de mauvaises surprises avec la filière Blé française. Il faut miser sur ces aspects. De plus, certains blés français pourraient convenir à la fabrication de pains égyptiens. Mais le tarif reste très important. La meunerie locale étant en surcapacité, les moulins se livrent une concurrence féroce. Le prix pourrait permettre d'enclencher un mouvement au-près de ces clients.
Comment mieux faire connaître le blé français aux meuniers ?
R. G. : Concernant le prix, cela dépend des opérateurs français. Sont-ils d'accord pour se développer sur le marché privé égyptien ? L'accompagnement des meuniers du pays dans l'utilisation des blés français est également un levier pour pénétrer ce débouché. L'éventualité de capacité de stockage en Égypte pour disposer de blés français est aussi une piste à explorer. Le secteur pourrait alors utiliser nos blés pour mieux les connaître.