Biotechnologies
Le grand écart de l’Etat sur les OGM déconcerte les semenciers
La filière semence regrette le manque de clarté de la politique à venir sur les biotechnologies. Elle redoute une nouvelle année sans OGM.
Entre un arrêté peu contraignant sur la coexistence des cultures, défendu par Bruno Le Maire, et un moratoire sur le maïs Mon 810 promis par Nathalie Kosciusko-Morizet, la filière semencière française est pour le moins partagée concernant la politique du gouvernement qui tergiverse à l’approche de l’élection présidentielle. Réunis au sein d’Initiatives Biotechnologie végétale (IBV), Philippe Gracien, président du Gnis, et Eric Devron, directeur de l’UFS, ont fait part de leurs inquiétudes et de leurs doutes quant aux chances de développement des surfaces OGM en France, devant la presse mardi 14 février 2012. Autre préoccupation de l’industrie semencière : l’avenir du secteur de la recherche biotechnologique sur le sol français.
Un dispositif législatif incomplet pour l’IBV
« Il y a des incohérences dans la politique du gouvernement », regrette Philippe Gracien, président du Gnis. De fond d’abord : « Nous continuons d’importer massivement des OGM mais nous ne pouvons en cultiver. » Mais aussi dans la forme, notamment au regard des dernières propositions des ministres de l’Agriculture et de l’écologie. « Le gouvernement donne des signes positifs pour l’avenir au travers du texte sur la coexistence mais nous promet un nouveau moratoire. » Même si les deux représentants assurent ignorer sur quels éléments sera fondé ce moratoire, ils sont convaincus qu’il ne tiendra pas juridiquement, l’idée du gouvernment étant simplement de faire barrage aux cultures génétiquement modifiées.
D’autre part, il manque encore un texte concernant le seuil de présence fortuite de semences OGM dans les semences conventionnelles. Une législation claire est demandée par la profession, « pour pouvoir travailler dans des conditions sereines » et « pour quitter l’incertitude juridique, dangereuse pour la santé des entreprises du secteur », selon les propos d’Eric Devron, directeur de l’UFS .
« Notre inquiétude : perdre le leadership de la France en matière de semences »
« Notre capacité à exporter est liée à notre capacité à innover qui est clairement mise en danger », déplore Eric Devron, rappelant au passage que BASF a quitté l’Europe en matière de recherche OGM. Eric Devron a également dénoncé « un contexte réglementaire ubuesque et incohérent », soulignant que le secteur représente 135 entreprises en France et génère un chiffre d’affaires de 2,5 Md€ dont 900 M€ vers les pays tiers.