Volatilité
Le gouvernement s’en remet à l’Amis et au forum de réaction du G20
Le président de la République souhaite que l’on puisse « maîtriser et stabiliser les prix des céréales ». Des décisions « seront prises à la rentrée ».
« LES AGRICULTEURS affrontent une situation particulièrement tendue en raison du prix des céréales. C’est la raison pour laquelle j’ai demandé à Stéphane Le Foll de saisir les instances auprès du G20 qui doivent prendre toute la dimension de la volatilité des prix des matières premières et notamment des céréales », annonçait samedi 28 juillet, le président de la République, François Hollande. Hasard de calendrier ou réponse à la lettre du patron de la FNSEA (voir plus bas), cette prise de conscience de la situation dans laquelle se trouve l’élevage français face à l’envolée des matières premières s’accompagne d’une volonté de stabiliser les cours des matières premières agricoles. Interpellé à ce sujet à l’assemblée nationale par un député de l’opposition, Stéphane Le Foll a annoncé des mesures pour la rentrée prochaine.
L’état mise d’abord sur les outils du G20
Le ministre de l’Agriculture a saisi le secrétariat de l’Amis (le système d’information sur les marchés agricoles issus des travaux du G20 agricole en 2011) pour « suivre de plus près les évolutions des perspectives de récoltes et de marché », selon un communiqué du ministère du 28 juillet. Le texte précise qu’en cas d’aggravation de la situation aux Etats-Unis et en Russie, et des tendances de marchés, le forum de réaction rapide « pourrait se prononcer sur les actions à encourager afin de soulager les tensions et sur celles à éviter pour ne pas les accentuer ». « Si la situation l’impose, Stéphane Le Foll convoquera une réunion formelle du forum de réaction rapide », conclut le communiqué.
Aucune précision en revanche sur les éléments propres à déclencher cette réunion. Le gouvernement attendrait une analyse plus pousée de l’Amis. « Nous attendons des données d’ici la fin du mois d’août. Le forum pourrait intervenir en septembre », assure le ministère de l’Agriculture. « L’idée est de savoir ce que les autres pays ont dans la tête. Le but est d’éviter une contagion à d’autres marchés ».
Appelé à s’exprimer à l’Assemblée nationale le mardi 31 août, Stéphane Le Foll a soutenu « la régulation à l’échelle mondiale » mais aussi l’idée qu’en France, il fallait réfléchir aux relations entre les producteurs de céréales, les éleveurs et la distribution. « Des décisions sont en cours et seront prises aux mois de septembre et octobre », a-t-il assuré.
La situation ne justifierait pas encore une réunion du forum de réaction rapide
« Il y a peu de chance pour qu'une réunion du forum de réaction rapide ait lieu », a indiqué le 30 juillet Abdolreza Abbassian, membre de l’Amis selon AgraFil. « Pour le moment la situation n’est pas comparable aux flambées des cours des céréales de 2007-2008 ou de 2010 ». Le forum ne se réunit qu’en cas de décision unilatérale d'arrêt des exportations d’un pays, comme l’a fait la Russie en 2010, a-t-il poursuivi. Si le riz venait à flamber, « il serait très important » que les instances se réunissent, reconnait-il. Le rapport sur les disponibilités mondiales de l’USDA du mois d’août permettra « d’évaluer la situation ». « Il faudra donc attendre septembre ou octobre pour qu’une réunion du forum se tienne », a conclu Abdolreza Abbassian.
Xavier Beulin écrit à François Hollande
Dans une lettre du 25 juillet 2012 adressée à François Hollande, le patron de la FNSEA a rappellé que les aléas climatiques ont provoqué une flambée des cours « dont les conséquences peuvent s’avérer dramatiques tant pour les populations mondiales que pour notre élevage, nos filières agroalimentaires et nos consommateurs ». Le syndicaliste constate « l’impuissance des gouvernements à réguler cette situation de forte volatilité ». Saluant les avancées du G20, Xavier Beulin regrette que les solutions ne soient « toujours pas opérationnelles », estimant que « la spéculation financière démultiplie de manière exponetielle les tensions des marchés physiques ». Reprenant l’exemple du pacte de croissance, cher François Hollande, le président de la FNSEA lui soumet l’idée de convaincre ses partenaires européens « de la necessité d’un pacte de stabilité des matières premières agricoles ». Reçu la veille du déplacement dans le Gers de François Hollande, où il a affirmé sa volonté de réguler les marchés, le ministère assure qu’il ne s’agit que d’une coïncidence, « cette annonce étant prévue de longue date. »