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Réchauffement climatique
Le G8 accouche d’un accord a minima

Le sommet du G8 ne fait que reconnaître la nécessité de réduire « substantiellement » les émissions polluantes responsables du réchauffement

À PETIT PAS. Bien que très isolés face aux Européens, au Japon et au Canada, les états-Unis sont parvenus à bloquer tout objectif chiffré et mesurable dans le temps de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Les huit pays les plus développés de la planète, qui génèrent à eux seuls plus de 40% des émissions mondiales, ont reconnu dans un communiqué publié à Heiligendamm que « les émissions doivent cesser d’augmenter et ensuite être réduites de façon substantielle », prenant acte des conclusions du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec), comme le souhaitait la présidence allemande des travaux. La « réduction substantielle » envisagée n’est cependant pas datée dans le temps ni par rapport à une période précise. Angela Merkel, qui misait sur un engagement du G8 à réduire de 50 % les émissions mondiales d’ici 2050 pour contenir le réchauffement au maximum à deux degrés supplémentaires, a évoqué « un grand succès », bien qu’elle n’ait obtenu qu’un engagement des Huit « à considérer sérieusement » cette proposition. « De nombreux pays ont évolué », a-t-elle estimé.

Pression américaine

Cet accord a minima se profilait depuis l’arrivée des délégations présidentielles dans la station balnéaire d’Heiligendamm : d’entrée de jeu, l’administration américaine avait exclu tout engagement chiffré de sa part, ce qu’a regretté le 7 juin au soir le président français Nicolas Sarkozy. « J’ai tenu à ce qu’il y ait un chiffre, c’est celui de 2050. J’aurais préféré que ce soit un objectif impératif, mais regardons d’où nous partons », a-t-il dit en faisant valoir qu’il y avait eu, « malgré tout, des avancées significatives », parlant même de « progrès inespérés par rapport au point de départ ».

Le soulagement était palpable côté européen concernant le rôle confirmé de l’Onu : le G8, états-Unis compris, s’engage à poursuivre ses efforts dès la fin de l’année sous l’égide des Nations unies – « le forum approprié » – pour définir un futur « régime international » de lutte contre le réchauffement, au-delà du protocole de Kyoto qui expire en 2012. Il s’en remet « en particulier » à la conférence des Nations unies sur le changement climatique qui se tiendra en décembre à Bali. Yvo de Boer, patron du climat à l’Onu, a confié que c’est « tout ce (qu’il) espérait » et qu’ainsi le texte « lève toute menace » d’un forum de négociation parallèle emmené par les états-Unis. « Ce qui a été obtenu est très bon », a également commenté Claude Mandil, directeur de l’Agence internationale de l’Energie (AIE). « Ce qui a été abandonné (les objectifs européens) n’est pas au détriment de l’ensemble » a-t-il ajouté en évoquant un « pas important ». « Ce qui compte, c’est qu’ils soient tous d’accord pour préparer la conférence de Bali », a estimé le directeur du programme Climat au WWF, Hans Verolme.

Un accord loin de satisfaire Greenpeace et l’opposition française

« L’accord n’est clairement pas suffisant pour prévenir les dangers du réchauffement climatique. Sans engagements chiffrés contraignants, les pays du G8 ont échoué à se placer à la hauteur du défi climatique. En dépit des aspects prometteurs, le diable se cache dans les détails rédactionnels du texte final comme l’absence de la mention de l’année 1990 comme année de référence pour le calcul des réductions des émissions », s’est insurgé Karine Gavand, chargée de campagne climat pour l’association écologiste Greenpeace, à la parution du texte final. L’absence de mention d’objectifs chiffrés, tels que « le seuil de 2°C de réchauffement à ne pas dépasser, l’absolue nécessité de diviser par deux les émissions globales et par quatre les émissions des pays du G8 », ont été vivement dénoncés par Greenpeace qui a aussi déploré que le G8 ne s’intéresse pas à la déforestation qui est pourtant « l’une des causes majeures du réchauffement climatique ». Les états-Unis ne sont pas épargnés par l’association écologiste qui ironise : « l’administration Bush a accepté de « sérieusement considérer » le fait que le reste du monde se fixe des objectifs de réduction, mais elle est encore loin de se les fixer à elle même».

De son côté le principal parti d’opposition en France n’a pas manqué de critiquer cet accord « très en deçà de ce qu’il serait nécessaire de faire a minima », selon le Parti socialiste. Ségolène Royal a qualifié « les résultats du G8 sur le réchauffement climatique dramatiquement insuffisants par rapport à la gravité de la situation ». Pour la candidate du PS à la Présidentielle, « les déclarations d’autosatisfaction de Nicolas Sarkozy ne sont pas responsables car elles sont non seulement contraires à la réalité des faits, mais elles donnent une caution à une coupable inertie ». Citant Jacques Chirac : «Notre maison brûle et ils l’ont regardé brûler sans rien faire puisque le socle de Kyoto de 1990 n’a même pas été reconnu», a-t-elle conclu.

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