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Production
L’Association générale des producteurs de blé livre ses perspectives de marché

Avec des rendements en repli et une concurrence russe agressive, l’AGPB craint une campagne commerciale 2011 compliquée.

A l’occasion de sa conférence de presse de rentrée, le conseil d’administration de l’AGPB a tenu à rassurer les marchés : les rendements français ne seront définitivement pas aussi catastrophiques qu’annoncés à l’entame de l’été. La production de blé atteindrait ainsi les 33,5 Mt, soit “seulement” 6 % de moins qu’en 2010, selon FranceAgriMer. Mais la campagne 2011 est surtout marquée par une forte hétérogénéité qui entache le bilan en blé tendre. Si le rendement moyen national atteint les 67 q/ha, contre 70,6 q/ha sur les cinq dernières années, certaines régions ont été plus gravement touchées par la sécheresse, qui a caractérisé le printemps 2011. Comme l’explique l’AGPB, « dans les deux tiers sud du pays, les rendements extrêmes s’échelonnent de moins de 20 q/ha à 100 q/ha ». Dans les régions nord, les rendements sont compris entre 60 et 90 q/ha, mais encore une fois, certaines exploitations affichent une production catastrophique, à 30 q/ha. En maïs, la météorologie a au contraire été bénéfique aux cultures. Conséquence : FranceAgriMer a légèrement augmenté les perspectives de rendements à 89,83 q/ha, contre 89,5 q/ha l’an dernier. Mais avec une surface allouée d’1,546 Mha, contre 1,71 Mha en 2010, la production maïs en France serait en recul à 13,8 Mt, contre 15,2 Mt sur la précédente campagne. Le bilan en orges n’est pas plus optimiste. Estimé à 8,9 Mt, la production serait en repli de 17,3 %.

Tension autour des stocks

Face à cette production relativement décevante, la consommation galopante ne cesse sa progression. A 675 Mt selon l’USDA, la demande mondiale en blé atteindrait un nouveau record sur cette campagne, supérieur de 19,7 Mt à la période 2010/2011. Ainsi, les stocks de fin de campagne se réduiraient une nouvelle fois, de 2,9 Mt à 188,8 Mt. Mais ce sont des stocks de maïs que vient la plus grosse inquiétude. Malgré une production mondiale estimée à 860,5 Mt par l’USDA, soit une hausse de 4,5 %, les besoins ne cessent de croître, laissant les stocks de fin de campagne à seulement 114,5 Mt, soit environ un mois et demi de consommation ! Cette tension autour des stocks a obligé le marché a entamé un transfert du maïs vers le blé fourrager en ce qui concerne l’alimentation du bétail. Si le phénomène n’est pas inédit en France, à l’échelle mondiale, il en est tout autrement, explique l’AGPB. Sur le marché international, les producteurs français devront, cela dit, faire face à d’autres obstacles que leur propre production.

Le retour de la Russie

La concurrence mer Noire fait en effet mal aux exportations françaises depuis son retour sur le marché, grâce à des prix ultra compétitifs. Malgré le repli récent des cours du blé, les prix russes restent inférieurs de 15 à 20 $/t à ceux pratiqués en France et aux Etats-Unis. Un déséquilibre renforcé par la parité euro dollar. Selon l’AGPB, « le blé est extrêmement cher à 300 $/t. Avec une parité à 1,25 nous étions déjà inquiets, aujourd’hui l’euro est encore plus fort ». Et même si, lorsque l’on évoque le sujet auprès des associations de producteurs, la qualité est brandie comme fer de lance contre cette concurrence, force est de constater que, depuis juillet dernier, les pays du Maghreb et du Moyen-Orient ont préféré les origines russes et ukrainiennes à de nombreuses reprises.

Inquiétude à moyen terme

Si cette campagne commerciale s’annonce donc tout de même compliquée, sur le moyen terme, les inquiétudes de l’AGPB se recentrent sur la production. Ou plutôt sur le « peu d’évolution des rendements depuis plusieurs années », et l’influence désastreuse des changements climatiques sur les niveaux de production. « Face aux enjeux de la sécurité alimentaire mondiale, il est désormais clair que des zones de stabilité, comme l’Europe et en particulier la France, doivent non seulement tenir leur rang mais aussi produire plus. En France, une année climatique extrême comme 2011, c’est -6 %. En Europe, c’est plus ou moins 9 % et, en Australie, plus ou moins 40 % ! », rappelle l’AGPB. C’est dans ce contexte que l’Association espère de la nouvelle Pac des instruments plus efficaces et ambitieux pour lutter contre la volatilité des prix, ainsi qu’un verdissement moins lourd (30 % prévu actuellement), afin de permettre aux exploitants d’investir plus massivement dans de nouvelles technologies, et d‘optimiser leurs rendements.

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