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L'appétit des fonds indiciels pour les matières premières pourrait décliner

Une stratégie décorrélée du marché des MP

Commerciaux et hedge funds. « C'est le couple d'acteurs qui fonctionnait jusqu'en 2004 sur les marchés à terme des matières premières (MP), expliquait Steve Ohana, professeur en finance à l'ESCP-Europe, lors de la Journée Matières premières du Céréopa, le 27 novembre. Puis sont apparus les fonds indiciels. » « Ils génèrent, aujourd'hui, 30 à 40 % des volumes traités sur les marchés à termes des MP », estime Stéphane Bernhard, gérant de Fonds d'Investissements Alternatifs. Ils ont pour vocation de répliquer la performance d'indices de MP, de monnaies, de taux d'intérêt, etc.

Une stratégie décorrélée du marché des MP

« L'apparition des fonds indiciels a dérouté les stratégies d'achats des commerciaux. Ces derniers avaient pour habitude de ne regarder que les fondamentaux, indique Bernard Valluis, conseiller auprès de l'Esma. Or les fonds indiciels ont une stratégie décorrélée du marché et sont toujours acheteurs ». Ils roulent sans cesse leurs positions, un mois après l'autre. « Cela augmente la demande, et crée une tension artificielle sur le marché. Les intervenants historiques sont perdus. »

Les fonds indiciels ont dérouté les stratégies d'achats des commericaux.

À la différence des fonds indiciels, les hedge funds sont « en grande majorité des suiveurs de tendances. Et ils finissent toujours par clôturer leurs positions », affirme Stéphane Bernhard. « Le problème, c'est que les hedge funds ont des positions trop mimétiques, et peuvent avoir tendance à déboucler leurs positions en cascade, ajoute Steve Ohana. Le jour où les fonds indiciels sortiront des marchés des MP, ne doutez pas que les hedge funds iront dans la même direction. »

Les matières premières ne sont pas une classe d'actifs.

Risque d'un désintérêt massif

Or c'est bien ce qui pourrait arriver rapidement. Si « les fonds indiciels ont véritablement explosé en 2004 et atteint un pic en 2007, leurs résultats sur les MP sont mauvais depuis 2008, argue Stéphane Bernhard. Aux États-Unis, seul le marché des actions se porte bien. L'opinion que l'intérêt des MP par rapport aux actions était juste une anomalie pourrait se généraliser. » Pour l'ensemble des orateurs, l'erreur de base est d'avoir considéré que les MP avaient les mêmes caractéristiques que les actions. « Ce ne sont pas une classe d'actifs », insiste Steve Ohana. Par ailleurs, nous sommes dans un environnement déflationniste, que les banques centrales essayent de combattre via des injections de liquidités et des taux directeurs proches de zéro. « Or si les banques centrales ralentissent leurs injections de liquidité, il y a un réel risque de désengagement massif des fonds indiciels », prévient Steve Ohana. « Cela entraînerait une liquidité baissière. Beaucoup de MP passeraient en dessous de leur coût de production, alerte Stéphane Bernhard. Or la Fed vient d'annoncer, le 18 décembre, son intention de diminuer de 10 Md$ par mois ses achats d'actifs à partir de janvier. Néanmoins, « les céréales ont des cycles courts, donc elle font partie des MP les plus réactives. Mais pour certaines MP avec des cycles plus longs, comme le cacao, le cuivre, on pourrait se retrouver avec des pénuries certaines années, ce qui serait catastrophique. » De plus, la Fed garantit que ses taux directeurs resteront proches de zéro tant que le chômage sera supérieur à 6,5 % et l'inflation inférieure à 2,5 %. Affaire à suivre.

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