La recherche d’économies booste les semences de ferme
En 2017, 60 % des semences de céréales à paille seraient des semences de ferme. Le triage à façon permet d’économiser jusqu’à 50 % du coût des semences et compense ainsi partiellement la baisse du prix des céréales payé aux agriculteurs.
« Auparavant, nous triions nos neuf tonnes de semences à la main et nous enrobions à la bétonnière. Il nous fallait une semaine. Aujourd’hui, le trieur à façon trie et traite neuf tonnes en deux heures, avec plus de précision et de sécurité », explique Laurent Vovard, agriculteur à Neuvy-en-Champagne dans la Sarthe. Il exploite 120 ha de blé avec des rotations sur trois ans d’orge et de colza.
La station mobile du trieur à façon est aujourd’hui dans sa ferme. Elle débite les semences de blé après triage et enrobage. Celles-ci arrivent directement dans des sacs fermés pour éviter une dispersion de poussières.
Un quintal de blé enrobé à moins de 30 €
Le marché du triage et enrobage à la ferme se développe depuis cinq ans. En 2017, environ 60 % des céréales à paille (blé, orge, triticale, avoine) et 70 % des semences de féveroles et pois, sont des semences de ferme contre une moyenne de 50 % sur les dix dernières années, selon les chiffres du Syndicat des trieurs à façon français (Staff).
« Le prix des céréales baisse. Les agriculteurs doivent faire des économies. Utiliser des semences de ferme permet de réaliser jusqu’à 50 % d’économie sur les semences », déclare Sylvain Ducroquet, président du Staff.
Il prend l’exemple d’un quintal de semences de blé tendre : le coût des semences brutes est de 14 €/q, le prix du traitement (traitement simple avec un fongicide) de 11 €/Q et le coût des cotisations volontaires obligatoires (CVO) de 3 €/q soit un total de 28 €/q. Une semence certifiée avec un traitement équivalent est vendue environ 60 €/Q.
D’autre part, les stations mobiles sont rapides et de plus en plus performantes en termes de sécurité et de précision dans les dosages et les enrobages. Elles trient et traitent 20 t/jour de semences d’orge et environ 30 t/jour de semences de blé. Les plus performantes ont un débit de 50 t/jour. Ce qui favorise un développement du marché.
AFR
De 200 t de produits phytosanitaires économisés chaque année
Selon la Coordination nationale pour la défense des semences fermières (CNDSF), le traitement à la ferme, ajusté au plus près de la demande, permet de réduire l’usage global des produits phytosanitaires. En se basant sur les chiffres de ses adhérents, ceux du Gnis et ceux de Semences et progrès (Semences de France), elle estime que l’utilisation d’insecticide est réduite de 38 % (Gaucho dans 60 % des cas) par le simple fait d’un traitement phytosanitaire « sur mesure ». Les traitements fongicides sont également moindres. Au total, les semences de ferme économiseraient 200 tonnes de produits phytosanitaires chaque année.