Aller au contenu principal

Marchés mondiaux
La méfiance envers les OGM pourrait nuire à la sécurité alimentaire

Le manque d’harmonisation entre pays sur les niveaux minimaux de présence d’OGM autorisés perturbe les échanges de grains mondiaux.

La sécurité alimentaire doit passer par une fiabilité du commerce mondial des grains, selon un débat lors de la dernière conférence annelle du CIC à Londres le 7 juin. Les solutions pour augmenter les productions locales dans les régions déficitaires sont nécessaires mais insuffisantes. « Même si l’accroissement de productivité peut répondre aux objectifs locaux, il y aura toujours besoin d’un développement des échanges pour nourrir la population mondiale. Les transactions internationales permettent d’équilibrer les régimes alimentaires d’environ 1 milliard de personnes, en étant complémentaires des ressources locales et régionales », affirme Paul G. Green, consultant économiste agricole au Naega (association nord-américaine des exportations des grains). Selon lui, les échanges devraient représenter 15 % de la production mondiale de grains en 2050. « Cela doit passer par l’arrêt d’embargo sur les exportations, par des normes sanitaires et phytosanitaires prévisibles et par une régulation sur les cultures issues des biotechnologies. »

Le problème croissant des OGM

Les importations mondiales de grains s’afficheraient à 310 Mt en 2011, et sont projetées à 465 Mt en 2031. En 2011, les cultures OGM concernent 29 pays sur 160 Mha, et continuent de se développer. Le risque d’avoir des perturbations dans les échanges internationaux ne fait qu’augmenter, tous les pays n’ayant pas la même tolérance vis-à-vis des OGM. La présence de traces, même de façon fortuite, peut entraîner l’arrêt du commerce. « Cela fait monter les prix et, au final, menace la sécurité alimentaire », estime Dennis G. Stephens, directeur exécutif du conseil canadien des grains. « Un seuil de présence minimale est inévitable dès qu’une culture OGM est commercialisée à l’international. » Un seuil de présence zéro est impossible à atteindre. Il est dépassé lorsque l’on détecte à 0,01 % des traces OGM, ce qui revient à un grain sur 40.000. « Ce n’est en soi ni un problème de sécurité alimentaire, ni de santé animale, ni environnemental », assure Dennis G. Stephens. De plus, les laboratoires ne sont pas toujours d’accord dans leurs analyses. Le plus problématique est qu’« une politique de tolérance zéro pour les cultures biotechnologiques peut mettre en péril les pays importateurs concernés », rajoute-t-il.

Un défi pour l’Union européenne

L’UE est un importateur majeur de produits agricoles : c’est le premier en tourteaux (76 Mt), le second en graines oléagineuses (60 Mt) et le quatrième en grains (293 Mt), selon l’USDA et Toepfer. Or ses principaux pays fournisseurs de tourteaux et de graines de soja sont le Brésil et l’Argentine, deux pays où la part des cultures OGM est croissante. La politique de zéro tolérance de l’UE par rapport aux OGM s’oppose à l’adoption croissante de ceux-ci par les pays tiers. Les négociants européens font face à un défi majeur pour satisfaire la demande en alimentation humaine et animale. Depuis 1997, l’UE n’importe presque plus de maïs d’origine américaine. « Il est crucial qu’un pays puisse avoir accès à des sources variées d’approvisionnement tout au long de l’année que ce soit pour assurer son alimentation humaine, animale ou sa production de carburant », explique Teresa Babuscio, secrétaire générale du Coceral. Car il ne faut pas oublier que l’UE est le premier producteur mondial de biodiesel avec un volume de 8 Mt et le « troisième producteur mondial d’éthanol », avec 7,8 Mt.
La situation ne devrait guère s’améliorer à court terme car l’autorisation de cultures OGM dans l’UE vient d’essuyer un sérieux revers, avec le refus lundi 11 juin d’une proposition soumise aux 27. Le blocage vient essentiellement de la France, de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la Belgique. John Dalli, le  commissaire européen en charge de la Santé et des Consommateurs, avait déclaré en avril : « Pour les deux OGM dont la culture est aujourd’hui autorisée dans l’UE, nous avons des clauses de sauvegarde dans 10 des 27 pays, et on va continuer comme ça. » Dans un avenir proche, l’attention va se focaliser sur la commercialisation du maïs GM MIR162, qui pourrait poser un problème de relations avec les États-Unis, le Canada, le Brésil et l’Argentine. Un autre défi à la durabilité des approvisionnements est la réforme de la directive sur l’énergie de l’UE.

Les plus lus

Moisson 2025 : la campagne 2025-2026 débute entre soulagement et inquiétudes

À l’issue de son conseil spécialisé du 16 juillet, FranceAgriMer a présenté ses bilans céréaliers prévisionnels 2024…

logo de l'OFPM
Les marges brutes de la meunerie se dégradent à nouveau en 2024

Selon l’Observatoire de la formation des prix et des marges de FranceAgriMer, les marges brutes de la meunerie ont reculé en…

Montage photo montrant Bertrand et Eugénie Girardeau dans un champ de blé à gauche et un portrait de Ludovic Brindejonc à droite.
Prix du blé 2025 : Girardeau et Agri-Éthique lancent une bouée de sauvetage aux agriculteurs

Alors que la moisson 2025 est dans sa dernière ligne, la Minoterie Girardeau et le label Agri-Ethique souhaitent participer à…

La nouvelle carte mondiale du bloc des pays Brics + ou aspirants, d’une manière ou d’une autre, à le rejoindre. Légende : en bleu foncé, les membres ; en bleu clair, les pays partenaires (Belarus, Bolivie, Cuba, Kazakhstan, Malaisie, Nigeria, Thaïlande, Ouganda, Ouzbékistan, Vietnam) ; en vert, les pays candidats (Azerbaïdjan, Bangladesh, Myanmar, Pakistan, Sénégal, Sri Lanka, Syrie et Venezuela). A noter que l’Argentine, l’Algérie ou encore la Turquie ne rentrent dans aucune de ces catégories.
Les pays Brics s’en prennent aux quatre géants du commerce du grain

Après un sommet à Rio de Janeiro peu concluant, les pays Brics reprennent l’initiative en matière de système d’échanges des…

Graphique prix blé orge maïs France au 17 juillet 2025
Marché des céréales du 17 juillet 2025 - Le blé tire son épingle du jeu sur Euronext, soutenu par les prix mer Noire

L’évolution des prix du blé, de l’orge et du maïs français entre le 16 et le 17 juillet 2025, expliquée par La Dépêche-Le…

Une moissonneuse batteuse en action dans un champ de colza 2025
Moisson 2025 : une production européenne de colza proche des 20 Mt, est-ce suffisant ?

Dans l'Union européenne, la moisson est dans sa dernière ligne droite avec des rendements en colza très satisfaisants et…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne