La hausse des charges inquiète les producteurs
Après l’euphorie, Orama exprime ses craintes

LE PRESIDENT d’Orama et de l’Association des producteurs de blé (AGPB), a exprimé son inquiétude à l’occasion d’une rencontre de presse à Rennes le 9 septembre au moment où s’ouvrait le salon Space de l’élevage. « Avec les charges que l’on a aujourd’hui,s’est inquiété Philippe Pinta, la récolte 2009, si les cours sont à 150 €, nous laissera des revenus aussi minables qu’en 2006 » (24.000 € de résultat courant avant impôt et cotisations par actif non salarié, NDLR).
Des intrants au prix forts
Avec les présidents des deux autres branches (oléoprotéagineux, maïs), il a constaté que les agriculteurs paient des intrants dès aujourd’hui au prix fort, n’intégrant pas la baisse récente du prix du pétrole, alors que les cours des grandes cultures sont en baisse. Par tonne de blé et à rendement constant, les augmentations des coûts de production pour les récoltes 2008 puis 2009 peuvent être évaluées respectivement à 10-15 € t et 35-45 €/t par rapport à 2006. Sur ce total, 70 à 80 % seraient imputables aux engrais. « Cela, sans prendre en compte l’impact des mesures environnementales à venir, ni la reprise de l’investissement, source elle aussi d’augmentation des coûts ». Autre inquiétude, l’évolution de la réglementation des phytosanitaires qui risque, dans certains cas, « de nous conduire à des impasses techniques », affirme Philippe Pinta.
Une redistribution flexible et blindée juridiquement
Enfin, les dirigeants d’Orama ont demandé aux pouvoirs publics de les aider à mettre au point un mécanisme « blindé juridiquement » permettant d’organiser la solidarité des céréaliers envers les éleveurs. Un système de prélèvement variable en fonction des marges est à l’étude, au bénéfice des éleveurs, mais l’expérience a montré que la redistribution de ce type de prélèvement était soumise à des risques juridiques.
« La prudence s’impose, estime-t-on chez Orama, quant à la politique agricole à conduire vis-à-vis des exploitations des grandes cultures ». Pour leurs représentants, ce serait une erreur de croire « que les prix de vente resteront élevés et en ignorant l’évolution de leurs charges. » Et d’insister : « Il serait en particulier dangereux dans le contexte actuel de s’orienter vers une redistribution de principe des paiements directs qui leur sont versés ». Les producteurs demandent que tout système mis en place soit avant tout « flexible »et « s’applique à tous les secteurs de production ».