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Transport
La grève des cheminots touche durement le fret

La majorité des trains de marchandises a été annulée. Et l’alternative offerte par le camion est compliquée par le manque de disponibilités, qui fait flamber les coûts logistiques.

© jingoba (Pixabay)

Entre 50 % et 100 % des trains de fret, tous secteurs confondus, auraient été annulés durant les deux jours de grève des cheminots, des mardi 3 et mercredi 4 avril, selon les premiers résultats provisoires d’un sondage effectué par Christian Rose, délégué général de l’Association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). En plus de paralyser le transport de grains à travers la France, cette grève du personnel de la SNCF a pour conséquence indirecte la hausse des coûts de transport par camion. Les chargeurs privilégient le bitume au rail, entraînant un renchérissement du fret routier, dont l’offre peine à répondre à ce surcroît de demande.

Fermeture totale de certains axes ferrés

La grève a été très suivie durant les deux jours de grève chez Fret SNCF comme dans l’ensemble de l’entreprise, plus particulièrement chez les conducteurs. « Le plan de transport a été réduit de manière drastique, nos équipes commerciales ayant demandé à leurs clients dès la semaine dernière de réduire leurs commandes, indique Philippe Moritz, porte-parole du département Transports ferroviaire et multimodal de marchandises au sein de SNCF Logistics. L’absence d’aiguilleurs a aussi occasionné la fermeture totale de certains axes de circulation majeurs comme Dunkerque-Metz, Lyon-Metz ou Bordeaux-Bayonne. » Au final, Fret SNCF a fait circuler durant ces deux jours autour de 15 % des trains du plan de transport nominal.

Le grand port maritime de la Rochelle est particulièrement touché. « L’incidence des grèves est particulièrement forte sur notre activité, étant donné que les entrées par train représentent, depuis le début de la campagne, plus de 40 % du total réceptionné sur notre site de La Pallice », explique Simon Aimar, directeur Activité Céréales du groupe Sica Atlantique. Dans les faits, l’impact de la grève perlée est supérieur à deux jours par semaine puisque la désorganisation des flux ferroviaires est susceptible de causer des annulations de trains le lendemain, voire le surlendemain, de la reprise officielle du trafic. « Nous pouvons donc estimer que moins de 50 % des trains pourront circuler pendant la période de grève, avec le camion comme seule alternative possible, au moment où il devient difficile de trouver des chauffeurs et des bennes céréalières, déplore Simon Aimar. Pour permettre d’absorber un tonnage plus important par la route, nous envisageons d’étendre nos horaires de réception des camions, éventuellement jusqu’à adopter un mode de fonctionnement 24 heures/24, 5 jours/7, selon les besoins et les moyens humains et techniques des opérateurs de notre hinterland. »

Flambée des primes, suite au surcoût du fret routier

« Les organismes stockeurs sont en train de calculer les surcoûts [occasionnés par la grève], qui peuvent atteindre selon les cas entre 5 €/t et 20 €/t », estime Philippe Pinta, président de l’AGPB, interrogé par l’AFP. À titre d’illustration, « la prime en rendu Pontivy/Guingamp, principale zone d’implantation de l’industrie de l’alimentation animale en Bretagne, atteignait +10 en blé tendre, mercredi 4 avril, contre +9 le jeudi 29 mars et +2 en moyenne depuis le 1er janvier », indique le cabinet de courtage Socac à Saint-James (Manche). Et d’expliquer : « Les utilisateurs, qui acheminent d’ordinaire leurs matières premières agricoles par le train, ont eu peur des grèves et se sont reportés sur le camion, dont les disponibilités sont de plus en plus limitées. Aussi, pour assurer l’approvisionnement de leurs usines, sont-ils obligés de payer plus cher leurs moyens de transport routier pour être sûr d’en avoir à disposition. »

Ce phénomène de pénurie de camion s’inscrit dans un contexte de « sous-capacité du transport routier de marchandise, liée notamment à des difficultés de recrutement », selon une enquête menée par l’AUTF sur la perception par les chargeurs de la conjoncture du transport routier de marchandise. « L’enquête Chargeur 2018 montre clairement la préoccupation des chargeurs à ce que l’insuffisance de l’offre, déjà constatée depuis le printemps 2017, se traduise par une situation de tension capacitaire. » Face à cette situation inédite, qui est de nature à peser sur leur activité, la volonté des chargeurs d’entretenir des relations commerciales durables avec les prestataires de transport routier est plébiscitée par 71 % d’entre eux, selon le sondage.

Cependant, « en dehors des aspects liés à la perte d’exploitation et aux coûts d’immobilisation des wagons, la préoccupation majeure des chargeurs est de savoir à quel moment le trafic ferroviaire sera rétabli normalement, et s’il restera suffisamment de temps pour acheminer le stock de céréales jusqu’aux silos d’exportation avant la fin de la campagne », s’inquiète le directeur Activité Céréales du groupe Sica Atlantique.

 

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