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Volatilité
La gestion du risque, une culture qui reste à acquérir pour nombre d’éleveurs de l’UE

Les périodes de forte volatilité induisent un recours accru aux différentes formes de sécurisation pour les acteurs du physique, y compris les éleveurs qui peuvent recourir aux marchés à terme.

Aléas climatiques, volatilité des prix, crises sanitaires ont eu un impact important sur l’évolution des revenus des exploitations agricoles. Selon Michel Lopez du Crédit agricole, qui intervenait lors du Space, le résultat courant avant impôt par unité de travail agricole non salarié peut varier, pour une ferme porcine, de plus de 45.000 à moins de 10.000 € (21.800 € en 2011). Et le ratio “charges alimentation achetée/prix du lait” est passé de 24 % en 2006 à 31 % cette année. Avec une amplitude moyenne de variation quotidienne sur une échéance rapprochée du blé sur Euronext de l’ordre de 4 €/t, la volatilité des cours touche l’ensemble des catégories de matières premières agricoles et semble s’installer durablement. Elle incite donc à l’utilisation des outils de gestion de risque tels que les marchés à terme et les options qui se développent jusque chez les agriculteurs.

La culture du marché à terme reste bien moins ancrée en Europe qu’aux États-Unis
  Depuis cinq ans, les volumes mensuels sur le contrat Euronext blé (future+option/mois) ont explosé, passant de 100.000 en juillet 2007 à plus de 750.000 fin 2011. Malgré cette évolution, les marchés à terme sont beaucoup moins développés en Europe qu’aux États Unis : le rapport entre les volumes négociés en blé sur le marché à terme et le total de la production physique atteint 39 aux États Unis quand il n’est que 0,52 dans l’UE. Et les deux marchés à terme sur les produits animaux (porc et poudre de lait) sont quasi atones. Car, pour qu’un marché à terme se développe, il faut réunir diverses conditions : la volatilité des prix et la taille du marché, mais aussi des filières organisées acceptant une transparence des prix, des productions stockables et la standardisation des produits, la définition de contrats équilibrés entre producteurs et acheteurs.

Certains éleveurs, fabriquant leurs aliments à la ferme, ont recours au marché à terme
    Actuellement les productions animales tentent de réduire leurs risques, que ce soit à travers les expérimentations de contractualisation entre filières végétales et animales, des systèmes de contractualisation proposés par les fabricants d’aliments pour animaux, des outils de gestion des risques de prix proposés par les coopératives. A priori, l’accès aux marchés à terme est plutôt, dans les productions animales, le fait des éleveurs qui achètent des céréales et fabriquent à la ferme.
    Newedge, filiale du Crédit agricole, n’ouvre un compte aux éleveurs souhaitant intervenir sur le marché à terme qu’après qu’ils aient suivi une formation. Ils lui passent ensuite leurs ordres par téléphone. C’est le cas de Benoit Cuvelier, éleveur de porc Cooperl qui a suivi une formation il y a huit ans. Il appartient à un club de 12 éleveurs qui se réunit une fois par mois pour définir la stratégie de chacun. « J’interviens sur le marché à terme pour mes céréales, mais je n’ai rien en face pour vendre mes porcs car le marché à terme de Hanovre n’a pas de fluidité. » Le plus dur, selon lui, c’est de payer les pertes. Il n’est en effet pas toujours facile de cultiver sa culture de la gestion du risque : bloquer le prix veut dire bloquer sa marge, sécuriser. « Je ne profite plus de baisse et je dois accepter une gestion régulière de mes obligations, notamment les appels de marge. L’idéal serait bien sûr de sécuriser son revenu tout en continuant à profiter de situations plus favorables, mais l’idéal n’existe pas », résume Gauthier Le Molgat d’Agritel, société de conseil en stratégie adossée au Crédit agricole. « Ou il faut prendre des options qui, sur le principe d’une assurance, permettent d’obtenir le prix maximal garanti. Mais il faut accepter de payer la prime d’option en plus. » Pour faciliter les opérations, Newedge lance également ces jours-ci une offre pour passer ses ordres directement sur internet.

Le Gouessant joue sur la transparence des prix des aliments
    La stratégie de sécurisation du chiffre d’affaires des exploitations agricoles passe d’abord, selon les responsables de la banque, par le renforcement des fonds propres de l’exploitation pour amortir les crises avec différents produits d’épargne, mais aussi par des assurances. Comme l’assurance récolte que développe sa filiale Pacifica et qui couvre une multiplicité d’aléas climatiques, sécheresse, excès d’eau, gel...
    Autre outil, la coopérative Le Gouessant propose, sur son extranet, l’évolution du prix de son aliment. « Tous les jours, l’éleveur peut fixer son prix d’aliments pour les mois à venir s’il estime qu’il est bon ce jour-là », explique David Brilouet, directeur de la branche Porc. Les éleveurs sont capables de fixer leur prix de revient pour les six/douze mois à venir. Selon Michel Lopez, d’ici à cinq ans, les éleveurs disposeront d’outils tels que des assurances sur le chiffre d’affaires comme ils existent déjà au Canada.

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