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Exportations de blé tendre
La France trop dépendante de certains clients ?

L’Algérie représentait 35 % des ventes françaises sur pays tiers en 2008/2009, contre 50 % en 2017/2018. La filière s’interroge sur la stratégie export à adopter.

© France Export Céréales

Mettre tous ses œufs dans le même panier… ou pas ! Les ventes nationales de blé tendre à l’étranger, que ce soit sur l’UE ou sur les pays tiers, ont eu tendance à se concentrer sur certaines destinations entre 2008 et 2018, ont signalé les intervenants de la journée France Exports Céréales (Fec), le 20 mars à Paris. À titre illustratif, l’Algérie captait en 2017-2018 environ 50 % des ventes hexagonales hors-UE, contre 35 % en 2008/2009. Rémi Haquin, président du conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer, pose la question : faut-il exporter un peu partout dans le monde, ou bien se concentrer sur des marchés que l’on maîtrise déjà bien ? « La réponse est probablement : un mélange des deux. Cela dépend des entreprises françaises. Certaines ont des relations historiques avec des clients internationaux et préféreront les renforcer, pendant que d’autres cherchent à trouver des marchés de niche », déclare Christelle Tailhardat, vice-présidente du Synacomex et trader de Granit Négoce.

La situation algérienne incertaine

Les exportations françaises hors UE tournent autour des 10-12 Mt par an sur les dix dernières années, indique Fec. Néanmoins, « si l’on enlève l’Algérie du bilan des exportations hexagonales entre les campagnes 2008/2009 et 2017/2018, ces dernières régressent de 50 % sur pays tiers (cf. graphique) », alerte Margaux Verdier, analyste de Fec. Cela en raison de la présence accrue des origines mer Noire, sur l’Afrique subsaharienne notamment. Dans un contexte où l’Algérie va, tôt ou tard, ouvrir son cahier des charges aux origines russes, rappelle Roland Guiragossian, spécialiste de la région du Moyen-Orient de Fec, il peut donc être dangereux de dépendre d’une seule destination. Autre inquiétude signalée par ce dernier : la baisse de la rente pétrolière, qui pourrait inciter l’Algérie à modifier son système de subvention du pain et, par ricochet, son système d’achat public de blé tendre.

Sur l’UE, la Belgique et les Pays-Bas accaparaient 46 % des ventes françaises, en 2008/2009. En 2017/2018, ce chiffre s’élevait à 55 %, d’après Fec. Là aussi, la concurrence internationale explique la perte de parts de marché françaises sur les autres États membres. « L’Italie se fournit davantage auprès de la Hongrie, de la Roumanie… », indique Margaux Verdier. Autre inquiétude : le potentiel remplacement durable du blé tendre par le maïs, notamment ukrainien, dans les formules des fabricants d’aliments pour animaux du nord-UE, pointe Rémi Haquin.

Rappelons que 60 % des blés français partant sur les Pays-Bas et la Belgique sont de qualité fourragère, selon Stratégie Grains.

Hausse de la demande mondiale de 100 Mt sur dix ans!

Les analystes de Fec signalent que sur les dix dernières années, la production planétaire de blé tendre a progressé de 95 Mt, pendant que la consommation a augmenté de 100 Mt, illustrant un marché mondial de plus en plus tendu. « 60 % de cette hausse de la demande mondiale vient d’Asie », précise Margaux Verdier, continent où la France est peu présente. Un potentiel de progression existe, bien que l’éloignement du secteur constitue un frein. Ce qui ne doit pas empêcher la France de « saisir des opportunités en travaillant en direct avec des meuniers étrangers, de petits marchés à forte plus-value. […] Il s’agit d’offrir aux clients un maximum de possibilités, et nous pouvons le faire dans certains cas. Nous avons, par exemple, pu exporter cette année au Yémen, en Mauritanie… », témoigne Christelle Tailhardat.

L’Arabie saoudite, qui va privatiser sa filière meunière fin 2019, permettra aux moulins locaux de varier leurs approvisionnements en blé, et pourrait ainsi devenir une destination pour l’Hexagone. Par ailleurs, il ne s’agit pas, bien entendu, d’abandonner les marchés déjà bien connus, comme l’Algérie. Ces derniers restent demandeurs. Roland Guiragossian rappelle que « la population algérienne augmente de plus d’un million d’habitants par an ». De son côté, Margaux Verdier indique que « les échanges intracommunautaires ont progressé de 5 Mt sur les dix dernières années ». La demande de l’UE est donc sur une pente ascendante.

 

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