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Exportations de blé tendre
La France a du mal à reprendre pied en Afrique

La Russie, l’Ukraine, les États-Unis et l’Argentine ont récupéré des parts de marché aux exportateurs hexagonaux sur 2017/2018, selon France Export Céréales.

© Anestiev (Pixabay)

Les traditionnels débouchés du blé tendre français voient s’intensifier la présence d’autres origines en 2017/2018 : blé russe au Sénégal, ukrainien et états-unien au Maroc, argentin en Algérie (cf. graphe)… confirmant les craintes de France Export Céréales. « Nos concurrents ont profité de notre absence en 2016/2017 », résume Yann Lebeau, expert de l’association.
Alors que les parts de marché du blé tendre français sur l’Afrique subsaharienne s’élevaient à 70-80 % environ en année normale, elles chuteraient à 30-35 % sur 2017/2018, selon France Export Céréales. L’origine du mal : la Russie, rapporte Yann Lebeau. « Le blé russe a donné satisfaction, que ce soit en termes de prix ou de qualité. […] Les importateurs locaux se mettent à construire des silos pour recevoir et alloter le blé russe à l’avenir. »

 

Les États-Unis et l’Ukraine « in », la Russie « out » au Maroc

Au Maroc, 2,2 Mt ont été achetées depuis juillet 2017, sur un besoin annuel de 3,5 Mt. Reste donc encore plus de 1 Mt à acquérir d’ici mai-juin 2018. La France a déjà fourni 0,43 Mt, d’après France Export Céréales. « Alors que l’Hexagone a l’habitude de livrer 50 % des besoins marocains, on tomberait plutôt à 30 % cette année », indique Yann Lebeau. L’origine états-unienne (pour 0,4 Mt environ) est présente pour la deuxième année consécutive en dix ans. Autre originalité : la Russie est absente du marché (ou presque) et l’Ukraine en a profité pour livrer près de 0,4 Mt, grâce à des prix compétitifs et une bonne qualité. Si des affaires ont été manquées par les Français, la situation est moins préoccupante, car plus liée à la conjoncture qu’à un défaut de compétitivité. « La récolte marocaine a été bonne, le marché s’est ouvert tard à l’export, courant décembre 2017 », explique l’expert.

En Algérie, l’Argentine s’est bien implantée. « Nous avons manqué des opportunités en début de campagne, et l’Argentine s’est engouffrée dans la brèche », indique Roland Guiragossian, expert de France Export Céréales. Entre juillet et janvier 2017/2018, seulement 2,2 Mt françaises y ont été expédiées. « Le chiffre devrait être similaire sur la seconde moitié de campagne », soit un total de ventes françaises sous les 4,5 Mt.

Dans ce marasme, une lumière émane de l’Angola. Ce marché traditionnel d’importations de farine a vu l’ouverture de son premier moulin en 2017. Les Grands Moulins d’Angola (groupe Angola Isar) dotés d’une capacité d’écrasement de 1 200 t/jour ont démarré leur activité avec du blé français. « Deux autres moulins devraient voir le jour dans les deux ans », se réjouit le spécialiste de France Export Céréales.

Quatre bateaux sur l’Arabie saoudite

« Un bateau est parti vers l’Arabie saoudite, deux autres suivront, et peut-être un quatrième », précise Roland Guiragossian. La qualité française 2017 a attiré les acheteurs saoudiens, permettant de revenir sur le marché HRW local (12,5 % de protéines). L’Hexagone a aussi bénéficié de la mauvaise récolte allemande 2017, traditionnel fournisseur des Saoudiens. Attention néanmoins : le retour de la France sur le marché HRW ne devrait pas rendre la Sago (organisme public saoudien d’achats des grains) plus clémente. « On rentre ou on ne rentre pas dans le cahier des charges », alerte Roland Guiragossian. De leurs côtés, les Russes font du lobbying pour se positionner « sur un marché de 3,5 à 3,8 Mt/an. » « Pour l’instant, le taux de grains punaisés rebute les Saoudiens, mais jusqu’à quand ? », s’interroge l’expert.

 

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