La filière biocarburant guère rassurée par le discours de Stéphane Travert
Le ministre de l’agriculture Stéphane Travert avait déclaré le 29 mars, lors du congrès de la FNSEA, que les traités de libres-échanges internationaux étaient des opportunités de gagner des parts de marché à l’international. C’est pourtant exactement le contraire qui risque de se produire, selon les syndicats de producteurs de grains (AGPB, AGPM, CGB, Fop), impliqués dans la production de biocarburants, si les accords de libre-échange venaient à être signés en l’état (UE-Mercosur notamment). Ces derniers se demandent comment les producteurs hexagonaux vont lutter avec des pays disposant d’une compétitivité supérieure, comme le Brésil au sujet de la production d’éthanol.
Timothé Masson, économiste à la CGB, indique que la compétitivité des producteurs brésiliens de sucre, c’est-à-dire, du champs jusqu’en sortie d’usine, est supérieure de 10 % à celle de l’Hexagone en moyenne. « Elle peut même être 30 % supérieure, si le réal subissait une dévaluation de 30 % par exemple », alerte-t-il. Alors que la fin des quotas engendre une hausse de l’offre dans le continent, « Bruxelles offre la possibilité aux brésiliens d’accroître leur présence sur l’Italie, l’Espagne », des parts de marché qui passeront sous le nez des Français, précise le spécialiste.
850 000 t de biodiesel argentin sur l’UE depuis octobre 2017 !
La Fop a salué l’intervention de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, dénonçant face au ministre le projet du site de La Mède, produisant des biocarburants à partir d’huile de palme. « Entre octobre 2017 et mars 2018, 850 000 t de biodiesel argentin sont arrivés sur l’UE » ajoute Thibault Ledermann, rappelant que la filière souffre déjà de la concurrence mondiale.