La FAO et l’OCDE prévoient des hausses de production en blé et maïs à horizon 2034
Entre éléments macroéconomiques et facteurs de risque, l’OCDE et la FAO actualisent leurs prévisions concernant les céréales mondiales pour la production 2025-2034.
Entre éléments macroéconomiques et facteurs de risque, l’OCDE et la FAO actualisent leurs prévisions concernant les céréales mondiales pour la production 2025-2034.

Dans un monde déjà très mouvant et très incertain en 2025 (conflits, sécurité énergétique, renchérissement du prix des intrants…), difficile de savoir ce qu’il peut se passer en 2034 en matière de production et d’échanges pour les produits agricoles. C’est pourtant l’exercice que viennent de réaliser l’OCDE et la FAO, comme chaque année. En partant d’un certain nombre de tendance de fond, ces deux structures font des prévisions sur les filières de grains (blé et maïs notamment) à l’échelle de la planète à cet horizon.
Faible croissance mondiale de la production
La production globale de céréales dans le monde devrait atteindre 3,2 milliards de tonnes en 2034, dont 874 Mt de blé, en hausse de 74 Mt par rapport à 2025, selon les dernières perspectives de production publiées par la FAO et l’OCDE la semaine passée. Ce sont les pays producteurs en Asie qui devraient voir leur production progresser le plus : 42 Mt sur les 74 Mt. Plus précisément, 29 % de l’augmentation devrait provenir d’Inde (progrès des rendements et augmentation des surfaces pour répondre aux politiques mises en place par le gouvernent pour atteindre l’autosuffisance alimentaire). La production en Russie, au Pakistan, en Argentine, au Canada et aux États‑Unis représentera la moitié de l’augmentation totale sur la période. Pour leur part, la Chine, l’Inde et l’Union européenne représenteront 46 % de la production mondiale de blé en 2034.
Côté maïs, la production devrait atteindre 1,4 milliard de tonne, en progression de 188 Mt. Les Etats-Unis (+33 Mt), le Brésil (+32 Mt) et la Chine (+27 Mt) devraient être les pays producteurs qui contribuent le plus à la progression totale, « en réaction à une demande mondiale croissante et à des cadres d’action nationaux favorables. Au Brésil, où la production de maïs de seconde récolte répond à la demande mondiale et aux signaux de prix pendant la récolte nationale du soja, l’augmentation prévue de la production dépassera la moyenne mondiale de 1,2 % par an. La production mondiale de maïs devrait également progresser plus rapidement que la moyenne mondiale en Afrique subsaharienne, faisant écho à l’amélioration des rendements ».
Le monde entre 2025 et 2034, selon l’OCDE : ralentissement de la croissance démographique malgré des contrastes régionaux ; stabilité de la croissance économique ; recul des prix de l’énergie ; poursuite des politiques publiques actuelles par rapport aux marchés agricoles, notamment en ce qui concerne les biocarburants.
Amélioration des rendements, hausse limitée de la sole
À l’échelle planétaire, les superficies de blé et de maïs devraient augmenter respectivement de 2 % et de 5 % par rapport à la période de référence. « L’expansion des terres agricoles devrait être limitée, du fait de l’urbanisation et de la mise en œuvre de mesures en faveur de l’environnement et de la durabilité, comme des restrictions à la déforestation, au changement d’affectation des terres, ainsi que la préservation des écosystèmes riches en carbone. La hausse de la production mondiale devrait donc reposer sur l’intensification des rendements », soulignent les experts de l’OCDE et de la FAO.
En conséquence, les rendements mondiaux des céréales devraient progresser de 0,9 % par an pendant la prochaine décennie contre 0,8 % durant la décennie précédente, atteignant une moyenne mondiale de 4,2 t/ha en 2034 (3,9 t/ha pour le blé, 6,5 t/ha pour le maïs).
Autre élément qui permettra l’augmentation de la production de céréales : les gains de productivité (amélioration des technologies, optimisation des pratiques agricoles et utilisation plus efficace des intrants). A noter que les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire de la tranche inférieure enregistreront une hausse de la production céréalière environ 2,4 fois supérieure à celle des pays à revenu élevé et à revenu intermédiaire de la tranche supérieure.
Croissance de la production de blé par zone de production
- Amérique latine et Caraïbes : + 1,8 % par an sur la période,
- Afrique : + 2,3 % par an sur la période,
- Amérique du Nord : + 0,6 % par an sur la période,
- Europe : + 0,8 % par an sur la période,
- Océanie : + 1,2 % par an sur la période,
- Asie : + 0,9 % par an sur la période.
Des échanges mondiaux en croissance modérée
Les exportations de blé devraient s’accroître d’environ 21 Mt pour atteindre 226 Mt à l’horizon 2034. « La Russie demeurera le premier exportateur mondial de cette céréale et sera à l’origine d’un quart des exportations mondiales d’ici 2034. Les exportations du deuxième exportateur mondial de blé, l’Union européenne, devraient progresser de 1,4 % par an à partir de 2025, atteignant 31,6 Mt en 2034, soit 14 % des échanges mondiaux. Les exportations du Canada et des États-Unis resteront concurrentielles et représenteront respectivement 13 % et 12 % des échanges mondiaux à l’horizon 2034 », selon l’OCDE et la FAO.
« Les États-Unis, le Canada, l’Australie et l’Union européenne devraient conserver les marchés du blé de qualité supérieure, à teneur élevée en protéines, en particulier en Asie. Si la Russie joue un rôle sur ces marchés, elle restera plus compétitive sur les marchés du blé tendre sensibles aux prix, tels que ceux de l’Afrique du Nord, de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie occidentale », d'après le rapport annuel.
Du côté des importations, les régions de l’Afrique du Nord et du Proche-Orient verront leur part dans les échanges totaux de blé légèrement augmenter au cours de la prochaine décennie.
États-Unis, Brésil, Argentine et Ukraine représenteront 91 % de la hausse des exportations de maïs à l'horizon 2034
Côté maïs, les exportations devraient s’accroître d’environ 29 Mt pour atteindre 210 Mt à l’horizon 2034. Les quatre principaux exportateurs (États-Unis, Brésil, Argentine et Ukraine) représenteront 91 % de cette hausse. « Les États-Unis devraient conserver la première place de ce classement, avec un taux de croissance inférieur à celui de la décennie précédente et à la moyenne mondiale de 1,6 % par an. Les exportations brésiliennes, qui ont bénéficié d’une augmentation des rendements nationaux et de la diminution des exportations des États‑Unis pendant la période de référence, ainsi que de la levée des mesures non tarifaires de la Chine en 2023, croîtront à un rythme plus de deux fois supérieur à la moyenne mondiale », d'après l’OCDE et la FAO.
Les importations de maïs de la Chine devraient diminuer de 20 % par rapport à la période de référence d’ici 2034 (progression des réserves stratégiques, politique commerciale du pays, accroissement de la production intérieure et diversification des aliments pour animaux). A noter que les pays moins avancés de l’Afrique subsaharienne devraient rester presque autosuffisants en maïs, tandis que le maïs blanc continuera de jouer un rôle clé pour la sécurité alimentaire en tant que composante essentielle des régimes alimentaires locaux. L’Afrique du Sud continuera à approvisionner la région et à accroître sa présence à l’échelle internationale, avec des exportations qui devraient atteindre environ 5,6 Mt en 2034.
La FAO prévoit une baisse des prix des céréales sur la période 2025/2034, en termes réels
La FAO prévoit une baisse des prix des céréales sur la période 2025/2034, en termes réels, des gains de productivité permettant une baisse des coûts de production. Cependant, l’inflation devrait faire en sorte que les prix soient plutôt en hausse.
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