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Digitalisation
La Data au service de la performance du fret ferroviaire

Le traitement des données permet aux opérateurs ferroviaires d’améliorer leur compétitivité et fidéliser leur clientèle.

La gestion des systèmes de données permet une planification des équipes et de l’emploi des locomotives pour anticiper les besoins en personnel et en matériel sur les jours voire les mois suivants.
© Régiorail France

« En tant que commissionnaire de transport, nous sommes chefs d’orchestre de la supply chain de nos clients (organismes stockeurs, négociants, industriels de la filière) et devons coordonner et gérer, outre le flux physique de marchandises, d’importants flux d’informations, sans compter les flux financiers associés. La question se pose donc d’industrialiser le traitement de ces informations et aussi son analyse pour prendre les meilleures décisions opérationnelles à l’instant t, et mieux les anticiper », expliquent Sébastien Vacher, président de Forwardis SAS, et Philippe Golder, directeur général de Forwardis GmbH (Allemagne) et directeur Innovation de Forwardis Group.

Un travail de longue haleine

Pour DB Cargo France (anciennement Euro Cargo Rail), l’aventure de la Data, traduction de données en anglais, a commencé il y a sept ans, comme nous le confie Louis-Félix Tournon, son secrétaire général : « En 2014, nous avons commencé à relier les systèmes d’informations existants. En 2017, nous avons décidé de mener un long travail de fiabilisation de l’information afin de pouvoir les exploiter et obtenir des résultats crédibles. Parallèlement, nous avons consolidé ces informations dans des bases de données, appelés cubes, qui permettent de croiser des informations provenant de différents systèmes pour les relier et calculer des indicateurs, qui ont été définis en 2018 ». Dans le détail, pour chaque train, toutes les informations qui y sont rattachées (comme la durée de préparation, la qualité du sillon emprunté, les aléas le cas échéant, le temps de déchargement…) sont rassemblées, ce qui permet de définir des indicateurs de performances et de rentabilité.

Forwardis, de son côté, travaille au « développement d’un ERP depuis fin 2019, spécifique à [son] métier de commissionnaire de transport ferroviaire, fluvial et multimodal, afin d’industrialiser la vie de la commande de nos clients, c’est-à-dire du contrat jusqu’au paiement de la facture, en passant par la planification, la réalisation et la facturation. Le système ne sera opérationnel qu’au premier  trimestre 2022 et pour seulement quelques clients ».

Une amélioration de la qualité de service in fine

Le calcul d’indicateurs permet, d’une part, d’améliorer les résultats de l’entreprise en mettant en place les actions adéquates. « Pour ce faire, nous organisons des réunions hebdomadaires avec les équipes pour débriefer de l’activité passée et discuter des procédures à définir pour parfaire les process », illustre le secrétaire général de DB Cargo France. « La Data permet de mieux mesurer la qualité de nos services, de mieux affecter notre personnel en fonction des trains et suivre notre parc de locomotive pour prévenir certaines pannes. En un mot, d’améliorer notre performance », acquiesce Brice Devinoy, PDG d’Eurorail International.

D’autre part, ces indicateurs donnent une perception précise du service rendu au client, en termes de fiabilité et de ponctualité, « ce qui permet d’avoir des échanges apaisés avec eux, basés sur du concret », souligne le secrétaire général de DB Cargo France. Afin de fidéliser ses clients, l’ambition de Forwardis est « de développer demain une application disponible sur smartphone qui pourrait localiser les convois train ou barge de nos clients. Une autre déclinaison concrète de l’analyse des données, pour la filière céréalière, sera notre capacité à mobiliser ainsi sous 24h des wagons « spot » partout en Europe pour transporter des graines vers ou depuis la France et cela en assurant une traçabilité sans faille de nos flux ».

Des applications diverses et variées

L’automatisation du traitement de la Data conduit à des gains de temps. « Fin 2021-début 2022, notre démarche de robotisation de la collecte de la donnée devrait aboutir. La technologie RPA (Robotic Process Automation) permet de définir des interfaces rapides entre systèmes d’informations et ainsi d’éliminer les actions répétitives de nos équipes. Parallèlement, via le Data Analytics et la Data visualisation, nous pourrons éditer automatiquement des rapports ou tableaux de bord qui présenteront la donnée de manière ergonomique. Nous sommes en train de définir le cahier des charges, pour savoir ce que nous voulons faire de façon documentée », détaille le secrétaire général de DB Cargo France. Ce projet devrait être mené à son terme d’ici la fin de l’année 2022.

« La digitalisation est devenue une des dimensions à maîtriser dans la logistique », selon Forwardis.

L’analyse de données permet également d’anticiper la maintenance du matériel roulant ou déterminer le plus précisément possible l’heure d’arrivée d’un train. Forwardis intègre ainsi « les données issues des capteurs disposés le long des voies ferrées des principaux corridors européens (système RailWatch), qui surveillent l’état des essieux des wagons, afin de mieux cibler nos actions de maintenance préventive de nos wagons, et ainsi globalement assurer une meilleure disponibilité pour les clients tout en concourant au renforcement de la sécurité ferroviaire ».  Un autre chantier consiste à « fiabiliser les dates prévisionnelles d’arrivée (Estimated Time Arrival, ETA) à partir de multiples données et en s’appuyant sur les algorithmes développés par des start-ups actives en Allemagne et spécialisées dans le domaine ferroviaire ».

La Data et l’humain

La Data peut conduire à motiver le personnel « par une planification efficace et équitable des équipes. Il est alors dans de bonnes dispositions pour satisfaire le client », indique Brice Devinoy, PDG d’Eurorail International.
De fait, le digital ne se substituera jamais au savoir-faire de l’homme. « La Data doit rester un « + » pour le client et pour la productivité de la société mais elle ne remplacera pas l’humain, celui qui imagine les concepts de transport, connaît dans le détail son marché et ses acteurs et qui est « au bout du fil » pour le client en cas d’aléa », argumente Forwardis. « Lorsqu’il s’agit de déplacer des convois ferroviaires de 1400 à 1500 t de grains, ou des péniches de 2000 t, en toute sécurité, il y aura toujours un travail humain qui restera primordial car, en cas de problèmes, nous sommes convaincus qu’il est essentiel d’avoir un contact avec une femme ou un homme qui traite le problème, en s’appuyant sur des datas fiables », insiste-t-il.

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