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Biocarburants
« La 2G ne doit pas reproduire les erreurs de la 1G »

Fabien Hillairet, président fondateur de Greenea, donne sa vision du marché des biocarburants alternatifs (issus d’huiles usagées, de graisses animales, les filières HVO et biogaz), et les leviers qui, selon lui, permettront leur développement.

Le contexte politique dans l’UE va clairement dans le sens d’un développement accru des biocarburants de deuxième génération (2G), incluant ceux dits "alternatifs", à savoir ceux produits à partir d’huiles résiduelles (huiles alimentaires usagées et acides de colza, de soja, de palme…) et de graisses animales. La Commission européenne travaille sur un passage du taux d’incorporation de biocarburant de première génération (1G) de 7 % en 2021 à 3,8 % en 2030. Parallèlement, l’usage des biocarburants alternatifs passerait de 1,5 % à 6,8 % sur la même période. Si la volonté politique est bien là, il faudra prendre garde « à ne pas reproduire les erreurs du passé, notamment ce qui a été fait concernant la 1G », selon Fabien Hillairet, président fondateur du cabinet de courtage Greenea, spécialisé dans la 2G. Ensuite, les gisements de matières premières résiduelles ne sont pas illimités, rappelle l’expert.

Les biocarburants issus de déchets en croissance depuis six ans

Les fondamentaux du marché des biocarburants issus de déchets sont actuellement au vert, selon Fabien Hillairet. « Ce marché arrive à maturité, avec une concurrence accrue, des marges qui baissent, et des opérateurs de plus en plus professionnels. La consommation de l’UE en biocarburants faits à partir d’huiles usagées et de graisses animales est d’environ 2,7 Mt en 2016, et connaît une croissance d’environ 2 %/an depuis six ans ». L’UE produit la majeure partie de ses besoins, mais doit importer près de 120 000 t/an (cf. graphe). Le courtier s’attend à ce que le marché représente 3 Mt à l’horizon 2020, si le taux de croissance se maintient. Alors que les représentants de la filière 1G (Fop, SNPAA…) estiment que les délais sont trop courts pour développer la 2G à l’horizon 2030, Fabien Hillairet se veut optimiste. « La 1G a lancé la filière biocarburant et représente aujourd’hui la majeure partie de la production européenne. Dès les années 2000, la France est devenue un leader en Europe, mais ces dernières années, le Royaume-Uni, l’Allemagne, et l’Italie ont pris le pas des biocarburants 2G. Il faudra bien prendre le virage en France ! ».

Mais pour que le marché de la 2G se développe durablement, « les industriels devront être prudents », alerte Fabien Hillairet. Ce dernier fait référence à ce qui s’est passé lors du développement de la 1G. « Lorsque les marges des triturateurs étaient élevées, des usines se sont construites un peu partout en Europe. Mais les investissements ont été trop élevés, la concurrence s’est accrue, les marges se sont réduites, faisant que des usines ont fermé », indique l’expert. Par ailleurs, « il faut se positionner sur un gisement d’approvisionnement en matières premières facilement accessible […]. Concernant la 1G, les usines en meilleure position sont celles situées près des ports, pouvant importer facilement en cas de besoin. Celles dans les terres, où l’accès est parfois difficile, peuvent être en danger », explique le coutier.

Les filières HVO et biogaz à l’affût

Un des débats non tranchés reste celui des produits pouvant obtenir la classification "biocarburants de 2G", notamment ceux fabriqués à partir d’HVO (huiles végétales hydrogénées, permettant l’emploi de matières premières difficilement exploitables) et de biogaz (méthanisation), en plein essor, d’après Fabien Hillairet (cf. graphe). « Concernant les HVO, des usines se développent un peu partout en Europe ». Ce secteur se caractérise par « le recours à de grosses infrastructures, nécessaires à la rentabilité des usines, une bonne gestion logistique et des flux de matières premières ». Concernant la méthanisation, le modèle français, basé sur de petites installations, n’est pas forcément le bon. « Il faut une réunion des structures pour faire des économies d’échelle, se positionner près des gisements (effluents d’élevages, issus de céréales, déchets agroalimentaires)… », prévient le spécialiste.

Les chiffres clés de Greenea

– Plus d’un million d’euros de chiffres d’affaires ;

– 4 salariés ;

– Gestion de la commercialisation de 500 000 t de biocarburants de deuxième génération, fabriqué à partir d’huiles usagées ;

– Croissance annuelle de 20 % depuis 2010 ;

– Cabinet de courtage créé en 2007 (10 ans d’existence).

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