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Événement
« Il n’y aura pas de libéralisation totale du secteur agricole »

Les négociations en vue d’un accord de libre-échange entre les états-Unis et l’Union européenne ont démarré le lundi 8 juillet. Dans le secteur agricole, l’UE qui part avec un peu d’avance, a des intérêts défensifs mais également offensifs.

Malgré le scandale de l’espionnage par l’agence de sécurité nationale des états-Unis (NSA), des bureaux de l’Union Européenne, les négociations sur l’accord de libre-échange entre les deux pays ont commencé à l’heure, lundi 8 juillet.
Cet accord est aujourd’hui considéré possible, notamment, parce que « la crise économique et financière est passée par là. On ne peut pas négliger les facteurs de croissance », explique édouard Bourcieu, à la direction générale du commerce de la Comission européenne. Selon une étude réalisée par le CEPR (Centre for Economic Policy Research), un tel accord rapporterait environ 119 Md€ à l’UE et 95 Md€/an aux états-Unis, soit un gain de PIB de 0,3 à 0,5 % pour l’UE et de 0,2 à 0,4 % pour les USA.

Ne pas partir perdant
Lors de la conférence “ Accord de libre-échange UE/USA : quelles conséquences pour l’agriculture et la Pac ? “, organisée par l’Afja (Association française des journalistes agricoles) le 4 juillet, les intervenants ont insisté sur le fait que l’UE n’avait pas tout à perdre et les états-Unis tout à gagner. D’une part , « il n’y aura pas de libéralisation totale du secteur agricole », a rassuré édouard Bourcieu, comme en témoignent, d’ailleurs, les thèmes que la France a réussi à faire exclure des discussions. Il n’y aura donc pas de compromis sur les OGM, les hormones de croissance et les décontaminations chimiques des viandes.
D’autre part, l’UE n’est pas si mal lotie, de prime abord, puisque ce sont les états-Unis qui ont un déficit agricole et agroalimentaire avec l’UE depuis 1999, rappelle Jean-Christophe Debar, directeur de Agri US Analyse. « La part des exportations agricoles des Etats-Unis vers l’UE n’a fait que décliner ces dernières années. Elle est d’environ 7 % aujourd’hui, alors qu’elle faisait le double, il y a une douzaine d’années. » Cela s’explique par les normes européennes et ses barrières tarifaires, mais surtout par la montée en puissance des pays émergents, comme le Brésil et son soja.

Ne pas négliger les barrières non tarifaires
À l’image des états-Unis, l’UE a des points défensifs, mais il ne faut pas l’oublier, également offensifs. « L’Europe tient notamment à protéger ses indications géographiques car il y a un certain nombre d’usurpations Outre- Atlantique, comme le Champagne en Californie », explique Philippe Vinçon, chef du service des relations internationales au ministère de l’Agriculture. Néanmoins, si la France a pu bannir des négociations les hormones de croissance, Jean-Christophe Debar pointe du doigt que nous sous estimons les capacités des états-Unis à exporter de la viande sans hormone. En ce qui concerne les intérêts offensifs  UE, elle va tenter de supprimer certains pics tarifaires, dont celui sur les fromages qui est de 100 % et celui sur les fruits et légumes de 35 %. Les droits de douanes américains sont également très élevés sur les produits sucrés. « Et pourtant nous arrivons quand même à exporter ces types de produits, donc c’est que nous sommes très compétitifs et que nous avons beaucoup à gagner d’une baisse des barrières tarifaires », avance le représentant de la Commission européenne. Néanmoins, en dehors de ces produits, les taxes à l’importation dans les secteurs agricole et agroalimentaire sont déjà très faibles, notamment sur les vins et spiritueux. L’Europe doit donc également toucher aux barrières non tarifaires, réglementaires, « très compliquées à démanteler, selon Philippe Vinçon. Et qui sont en moyenne plus élevées aux états-Unis. » « Il faut notamment que nous obtenions la reconnaissance de nos normes sanitaires, ne serait-ce que pour l’exportation de nos viandes », ajoute-t-il. à ce sujet, édouard Bourcieu avance que l’embargo ESB devrait être levé d’ici la fin de l’année. Quant aux fruits, il y a une grande difficulté à exporter des pommes ou des poires, or « il n’y a pas de prohibition à proprement parlé, mais des délais d’examen astronomiques. C’est du pur protectionnisme et non une préférence collective », soulève édouard Bourcieu.
Par ailleurs, il ne faut pas oublier que les états-Unis sont un pays fédéral, donc « il faut s’assurer que ce que nous négocions au niveau national, ne sera pas remis en question au sein de tel ou tel état, prévient Philippe Vinçon. Notamment sur les réglementations phytosanitaires pour lesquelles il y a des discordances entre états. Enfin, l’UE a déjà arrêté ses budgets pour la Pac, or ce n’est pas encore le cas pour la Farm Bill des Etats-Unis. Là aussi il faut rester vigilant. »

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