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« Il faut poursuivre cette démarche de régulation à l’échelle mondiale »

Depuis un mois, les prix des matières premières flambent. Estimez-vous qu’il faille réguler ces cours et si oui, comment ?
Stéphane Le Foll : Evidemment qu’il faut les réguler ! Mais aujourd’hui, cette régulation ne dépend plus uniquement de l’Europe. D’où le G20, au sein duquel des choses ont déjà été faites. Il faut poursuivre cette démarche de régulation à l’échelle mondiale. C’est absolument nécessaire. Il faut aussi prendre des mesures de lutte contre la spéculation sur les marchés agricoles et alimentaires. Certaines existent déjà, comme sur le marché des matières premières de Chicago, où des systèmes de cliquets permettent d’arrêter les cotations au-delà d’un certain niveau.

Mais le marché des matières premières de Chicago est très volatil, même avec ce système de barrières...

S. L. F : Cela évolue. Des corrections ont été faites avec ces cliquets qui ont limité l’emballement général. Je ne dis pas qu’on va empêcher la spéculation. Je dis simplement qu’il faut que la spéculation soit soumise à des règles. A l’échelle européenne, il faut un contrôle plus strict. Le commissaire européen Michel Barnier, avec qui j’ai récemment discuté, a fait des propositions dans ce sens au niveau européen. L’objectif est que, sur les marchés alimentaires et agricoles, la spéculation ne vienne pas emballer des situations déjà tendues.

Ces excès de coûts pénalisent les éleveurs. Que faut-il faire pour éviter des coûts de production excessifs pour l’élevage ?
S.L.F : Il faut appliquer l’accord du 3 mai 2011 (1). C’est la première fois que les conditions de son application sont remplies. Il a été critiqué mais on ne peut pas encore dire s’il est suffisant ou pas. Il faut déjà qu’on l’applique sur le premier secteur qui remplit les conditions, à savoir celui de la volaille. La Fédération des industries avicoles (Fia) doit saisir ses partenaires et notamment la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution (FCD), Leclerc et Intermarché. C’est un accord qui peut fonctionner, je vais en tout cas l’appuyer pour répercuter les hausses de prix à tous les stades de la filière.

Vous parlez d’une logique d’organisation des producteurs. Mais quelle stratégie adopter face à l’Autorité de concurrence ?
S. L. F : C’est tout le débat qui s’engage à l’échelle européenne aujourd’hui : le poids du droit de la concurrence. Comment fait-on pour le faire évoluer ? Parce qu’aujourd’hui, nous sommes à chaque fois pris dans des contradictions. Nous demandons aux producteurs de s’organiser, et dès qu’ils s’organisent – parfois –, il y a des difficultés qui sont posées au nom du droit de la concurrence. Des discussions sont engagées au niveau européen comme le montre le rapport Dantin. Le paquet lait a lui-même permis de faire avancer les choses, puisqu’il permet des négociations de prix et de volume jusqu’à un maximum de 33 % de la collecte française. Cela signifie donc que les producteurs peuvent se regrouper de façon efficace, sans être sanctionnés par l’autorité de la concurrence. Le paquet lait est pour moi une vraie base de discussion et de négociation.

Sur le dossier de la volaille, êtes-vous préoccupé, autant que votre confrère Arnaud Montebourg, par l’idée de garder Doux comme un seul ensemble cohérent ? Ou est-ce que finalement pour sauver l’ensemble, ne faut-il pas accepter la séparation des établissements ?
S. L. F : Nous avons toujours plaidé pour une offre globale. Je ne souhaite pas que des opérateurs viennent, intéressés uniquement par un ou deux ateliers ou par un ou deux sites, en laissant de côté beaucoup d’autres. Nous avons, dans ce sens, impulsé les discussions entre les industriels et cherché à trouver la solution la plus globale possible. Reste que l’offre coordonnée n’est à ce jour pas satisfaisante aujourd’hui pour le gouvernement, dans la mesure où les licenciements prévus sont trop importants. Donc on va essayer d’améliorer cette offre. Quant à celle de Charles Doux, depuis le départ, on a toujours une offre qui est annoncée sans être précisée. La difficulté pour Charles Doux aujourd’hui est d’être capable, lui seul, de mobiliser des acteurs alors qu’il a 350 millions de dette. En tout cas, toutes ces offres doivent être améliorées sur le plan industriel, social et agricole. Les intérêts des éleveurs ne devront pas être oubliés.

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