Nicolas Jaquet, président de l’OPG, en congrès le 10 janvier
« Il faut libéraliser le marché entre céréaliers et éleveurs au niveau de l’UE »

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quel bilan dressez-vous à mi-campagne ?
Nicolas Jaquet : Les prix sont à un juste niveau et sont rénumérateurs. C’est une bonne chose, d’autant que les cours des céréales dirigent ceux d’autres productions comme les légumes.
LD-LPM : L’élevage souffre de la fermeté des céréales. Que pensez-vous du Fonds de solidarité lancé par la FNSEA ?
N. J. : C’est est un non évènement, d’ailleurs ses promoteurs n’en parlent déjà plus. Si en avril, les prix des céréales dégringolent, il y aura peu de candidats pour la cotisation volontaire. C’est une fausse bonne idée. Et on ignore quelle part reviendra dans la poche des éleveurs. Il est plus probable que ce soit redistribué à la filière. Nos adhérents ne sont pas d’accord avec le système et en ont compris la supercherie. Dès que l’on gagne un peu d’argent, on commence à s’intéresser à nous pour nous voler notre valeur ajoutée. Beaucoup de gens qui gravitent autour de l’agriculture veulent en profiter comme les vendeurs d’engrais, de matériels, de semences... C’est un peu l’idée de ce fonds.
LD-LPM : Que proposez-vous pour sauver l’élevage ?
N. J. : Si on veut aider les éleveurs à être plus compétitifs en achetant les grains aux meilleurs prix, il faut tout simplement libéraliser le marché des céréales entre céréaliers et éleveurs au niveau de l’UE. Et là ce ne sera pas 2 €/t que les éleveurs gagneront mais 10 €/t, et ça tombera directement dans leurs poches. Ce qui est surprenant, c’est que les promoteurs de ce fonds sont les plus grands ennemis de la libéralisation du marché des céréales. Le prix des céréales, qui est la valeur guide dans toutes les productions agricoles, a doublé depuis deux ans. Pour qu’il y ait des répercussions au niveau des élevages, il faut un certain temps. Et nous n’y sommes pas arrivés. Le véritable problème des éleveurs aujourd’hui, c’est que l’on a fait baisser le prix des céréales pendant vingt ans de manière artificielle. Donc on a subventionné l’aliment du bétail auprès des animaux en viande blanche. Aujourd’hui, il y a un retour logique des primes au niveau des céréales qui perturbe les éleveurs, formatés pendant ces dernières décennies à travailler avec des prix qui ne correspondaient pas aux coûts de production de ces cultures.
LD-LPM : L’eau est au cœur de votre congrès, pourquoi ce thème ?
N. J. : On demande aux agriculteurs de sécuriser le plus possible leur production et de s’assurer contre pas mal de risques. Le risque sécheresse est très important pour nos productions. On estime que la meilleure assurance est le développement de l’irrigation et non de souscrire à des produits subventionnées par l’état qui ne remplacent pas le manque de production consécutif au temps sec.