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Guerre en Ukraine - Détente des prix de l'huile de tournesol en avril mais la tension reste de mise

L'offre ukrainienne voire russe en huile de tournesol a refait son apparition, selon les analystes contactés.

© Bru-nO-Pixabay

Selon divers analystes et opérateurs contactés, les prix de l’huile de tournesol en Europe connaissent une nette détente entre mars et avril, malgré un contexte international qui reste tendu. Les prix sont passés « de 3 000 $/t en spot en ex tank Rotterdam » selon Antoine De Gasquet, président-directeur général du cabinet de courtage Baillon intercor, à 2 080 $/t au 20 avril 2022.

Les raisons de cette récente détente : une offre de l’Europe de l’Est qui revient quelque peu, et un report de la demande internationale vers d’autres huiles.

Le prix de l’huile de tournesol avait dépassé celui de l’huile de colza, de palme, de soja… « provoquant un report de la demande vers les autres produits. La demande indienne, chinoise… s’est reportée sur l’huile de palme, de colza, de soja… », détaille Antoine De Gasquet.
 

L'Inde et la Chine changent « facilement » d'huile

Le courtier rappelle que l’Ukraine exporte environ 33 % de son huile de tournesol sur la Chine, 33 % sur l’Inde et 33 % sur l’UE. Les deux premiers pays peuvent facilement passer de l’huile de tournesol à l’huile de palme, ce que ne peut faire le bloc européen, en raison des nouvelles réglementations interdisant ou contraignant fortement les importations de palme, à l’origine de déforestation.

Ensuite, l’offre émanant d’Ukraine et de Russie est ressortie peu à peu. « Nous avons réussi à charger de la marchandise depuis l’Ukraine par barges, trains, camions, etc. Il semble que certains bateaux aient été chargés depuis la Russie également », ajoute-t-il.

Ce que confirme un analyste privé Ukrainien, Oleksii Khoroshun : « De petits bateaux circulent via le Danube depuis l’Ukraine vers la Bulgarie et la Roumanie. Des transports internationaux routiers sont en train de se charger dans la région d’Odessa en graines de tournesol, pour aller sur la Bulgarie et la Roumanie ».

L’offre est présente en Ukraine, mais la demande émanant de l’UE se montre très prudente. Et même trop, selon Oleksii Khoroshun, qui lance un appel aux acheteurs européens : « Nous demandons aux acheteurs européens d’envoyer des camions répondant aux normes européennes afin de venir chercher de la marchandise en territoire ukrainien (graine, huile de tournesol). Mais pour le moment, aucun ne souhaite le faire, alors qu’il n’y a pas de combat à la frontière de l’Ouest ».

Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril, rappelle le 14 avril qu’un bateau en provenance de Bulgarie a été acquis, afin de prévenir les difficultés à venir liées au conflit en Ukraine.

Enfin, « le food est actuellement plus attractif que le biodiesel, et la demande du secteur du biocarburant s’atténue pour des raisons de marges », prévient Antoine de Gasquet.
 

Des prix qui resteront hauts malgré tout

Mais le marché mondial de l’huile et donc des graines oléagineuses, dont le tournesol, restera tendu tant que la guerre en Ukraine se poursuivra. Et même si la guerre venait à se terminer demain, divers analystes privés rapportent qu’il faudra plusieurs mois à l’Ukraine pour redevenir un acteur majeur de l’exportation de matières premières agricoles.

Les prix des huiles, dont celle de tournesol, devraient connaître une certaine détente, mais restés plus fermes qu'à l'accoutumée, durant les prochains mois, d’après Antoine de Gasquet. « On ne descendra pas à 600 €/t, mais on ne sera pas non plus à plus de 3 000 €/t. Les prix resteront chers par rapport à d’habitude, autour des 2 000 €/t, sans pour autant s’effondrer », prévoit-il.

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