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Guerre en Ukraine - L’est de l’Union européenne croule sous les céréales ukrainiennes

Les stocks de blé s’accumulent en Pologne, comme dans d’autres Etats membres de l’UE limitrophes de la voisine Ukraine, pesant sur les prix locaux et sur le revenu des agriculteurs de ces pays.

© klaber (Pixabay)

Le volume de céréales de fin de campagne s’annonce record en Pologne, le double de l’année dernière. Selon Stratégie Grains, le stock de report de blé pour la campagne 2022-2023 pourrait s’élever à 1,6 million de tonnes contre seulement 800 000 t environ en 2021-2022. Cet envol s’explique par le niveau d’importation très élevé de grains observé depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022. Selon les données de la Commission européenne, 511 555 t de blé ont déjà été importées en Pologne du début de la campagne commerciale 2022-2023 à janvier 2023 compris, contre un total de seulement 8883 t pour la précédente. 

L’Ukraine étant le premier exportateur de blé dans l’UE pour la campagne 2022-2023, et de loin cette année avec presque 65 % de part de marché (17 % en 2021-2022) pour plus de 4,3 Mt exportées au 27 mars selon la Commission européenne (346 383 t seulement pour 2021-2022), l’origine de ces surplus dans l’Est de l’UE ne fait pas de doute.

Plus de 510 000 t de blé ont déjà été importées en Pologne du début de la campagne commerciale 2022-2023 à janvier 2023 compris, contre seulement 8883 t pour la précédente.

Le marché du blé tendre en Pologne se trouve ainsi fortement perturbé par cette abondance de grains d'origine ukrainienne avec de très importants écart de prix dans le pays. Selon Stratégie Grains, le prix du blé ukrainien au 30 mars rendu usine polonaise s'affichait autour de 205 $/t contre environ 290 $/t pour du blé polonais.

La situation est également préoccupante concernant le maïs dont les importations d’origine ukrainienne ont fortement augmenté en Pologne depuis le début de l’invasion russe avec 1,4 Mt achetées entre juillet 2022 et fin janvier 2023, contre près de 700 000 t lors de la précédente campagne. Là aussi, la présence de grains ukrainiens doit être forte puisque l’UE a déjà importé environ 10,7 Mt au 27 mars selon la Commission européenne contre 6,6 Mt au total pour la campagne 2021-2022.

Mais la Pologne n’est pas la seule dans cette situation. Selon les données de la Commission européenne arrêtées au 17 mars, près de 714 424 t de blé ont déjà été importées en Roumanie depuis le début de la campagne commerciale 2022-2023, contre un total de seulement 32 240 t pour la précédente. Idem en maïs avec plus de 890 000 t de grains importés depuis juillet dernier, à comparer aux 277 000 t entrées en Roumanie lors de la campagne 2021-2022.

Attente d'une réponse politique de la Commission européenne

La suppression des droits de douane sur les produits agricoles et "les voies de solidarité" pour faciliter leur exportation mise en place par l'Union européenne ont généré un afflux massifs de grains ukrainiens dans les pays de l'UE limitrophes de l'Ukraine, faisant déborder les silos. Une situation qui pèse lourdement sur les marchés locaux et le moral des producteurs, générant l'exaspération et la colère dans les campagnes.

C’est dans ce contexte que la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Hongrie et la Bulgarie ont demandé, le 31 mars, à la Commission européenne la mise en place d’aides supplémentaires à destination des agriculteurs confrontés à cette concurrence ukrainienne qui déstabilise les marchés localement. "Nous appelons à la mise en place de sources de financement supplémentaires, en plus des mesures d’urgence prévues, afin de soutenir les producteurs agricoles qui ont subi des pertes et risquent de perdre des liquidités financières", ont écrit les autorités des pays précités, d’après un communiqué publié à Varsovie.

"Si le gouvernement polonais demande des restrictions commerciales avec l’Ukraine, je soutiendrai évidemment cette proposition", avait assuré Janusz Wojciechowski à Bruxelles la veille en réponse à une première alerte lancé le 29 mars par le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki, souhaitant que l’UE utilise tous les outils disponibles afin de limiter les volumes de céréales ukrainiennes entrant sur le marché de l’UE. Le ministre de l'Agriculture polonais a d'ailleurs démissionné de son poste le 5 avril, apprenait-on dans la lettre Agrafil.

Pour l'heure, une nouvelle suppression des droits de douane et contingents tarifaires sur les produits agricoles ukrainiens est tout à fait envisageable puisque la Commission européenne a proposé le 23 février (dans le cadre de l’accord d’association UE-Ukraine) de la renouveler pour un an.

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