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Présidentielle
Grand oral des candidats à la FNSEA

Première. Au lendemain de son congrès, la FNSEA a réuni successivement sur une même scène tous les candidats à l’élection présidentielle à l’exception de l’extrême gauche (J.-L. Mélenchon, N. Artaud et P. Poutou ont décliné l’invitation). Sept candidats ont ainsi fait le déplacement pour séduire les quelques 1.200 agriculteurs de la FNSEA rassemblés au Corum de Montpellier pour les écouter le 29 mars. Chaque candidat s’est exprimé librement pendant 15 minutes avant de répondre à une ou deux questions posées par des représentants agricoles.

François Bayrou : le candidat rural

Rappelant ses origines paysannes, François Bayrou, qui a ouvert le bal, s’est placé comme le véritable défenseur du monde rural. Il a défendu le retour à un « équilibre producteur/protecteur » en référence à certaines attaques jugées infondées à l’encontre des producteurs en matière environnementale. Il a insisté sur les efforts réalisés et à faire pour « retrouver un équilibre dans la maîtrise de l’eau » d’autant que « nous allons vers des crises pluviométriques plus importantes ». D’autre part, le leader du Modem s’est prononcé pour une simplification administrative et a critiqué les contrôles qui « devraient être là pour aider plus que pour bloquer ». Sur la Pac, François Bayrou soutient une régulation des marchés plutôt que des subventions et a assuré qu’« il ne faut pas céder un millimètre sur le budget agricole européen ». « Si on me pousse un peu je dirais que je suis pour une politique de prix les plus vrais possible ».

Jacques Cheminade : « Interdire que l’on spécule avec ce que l’on mange »
Sans doute le moins connu des politiques présents au Corum, Jacques Cheminade, souhaite en priorité, « arrêter la spéculation financière et interdire de continuer de jouer avec ce que l’on mange ». Pour cela, les banques universelles devront séparer leurs activités de dépôt-crédit et de spéculation. Et d’assurer que s’il est élu, il demandera « l’abrogation de la directive Mif qui permet aux établissements financiers d’agir dans la plus grande opacité sur tout, avec d’incessants conflits d’intérêt et sans le moindre contrôle public ». Il rejette aussi « la double affirmation selon laquelle la mise en concurrence des agriculteurs du monde est souhaitable et que la volatilité des produits agricoles est une fatalité ». Concernant la recherche et l’innovation, il estime qu’après avoir laissé les biotechnologies se développer hors de l’UE, il est temps que celles-ci reprennent la main sur les OGM, « sous contrôle public depuis la recherche jusqu’aux applications ».

Nicolas Dupont-Aignan : cessez de « détricoter la politique agricole commune »
« Cesser de se coucher » devant nos partenaires européens et devant l’OMC pour défendre les intérêts de la France et son agriculture. C’est en substance le message qu’a délivré Nicolas Dupont-Aignan, leader du parti Debout la République. « Ceux qui ont détricoté la Pac depuis des années continueront de le faire après 2012 » a-t-il assuré. En référence à la politique de la chaise vide du général de Gaulle ou de la récupération du chèque européen par Margaret Thatcher, qui ont su faire valoir leurs intérêts nationaux, Nicolas Dupont Aignan « propose une renégociation de la Pac ». Elle devra s’associer au « rétablissement du droit de véto » et « au retour de la préférence communautaire », la seule solution pour garantir « une concurrence équitable entre les producteurs de l’UE ». Enfin, brandissant le contrat proposé par Lactalis à ses producteurs, il l’a qualifié de « contrat de la honte, de servage », imposé par des industriels qui finiront par «chercher du lait en Roumanie ». Pour lui, la contractualisation est «un mensonge organisé ».

François Hollande : Production, organisation et transmission
Principale priorité du candidat PS, l’agri­culture doit « répondre au défi alimentaire », c’est sa « vocation première », a-t-il lancé. Il ajoute qu’il faut maintenir des organisations communes de marchés et « ne pas se résigner à ce que les marchés imposent leur règles ». Il a également insisté sur le double défi de l’eau, qui mérite une politique favorisant les retenues pour mieux gérer les aléas climatiques, et de l’énergie, qui permet de générer des revenus en agriculture mais à condition de stabiliser les règles inhérentes à ces activités. Des politiques à mener sur un ou deux quinquennats. Il a ainsi proposé un nouveau statut pour les exploitations, le groupement d’intérêt économique et environnemental, avec une fiscalité incitative et d’accompagnements des institutions publiques. Concernant la compétitivité des exploitations, le socialiste considère que reporter des charges sociales sur les consommateurs n’est pas pas la solution et souhaite plutôt « engager une réforme du mode de financement des prestations sociales », précisant que « toute source de financement doit être considérée ». Enfin, François Hollande veut promouvoir un contrat de génération favorisant l’installation de jeunes agriculteurs par une reprise facilitée des exploitations dont les responsables partent à la retraite.

Marine Le Pen : protectionisme et attaque en règle de l’agro-industrie
Moins attendue que d’autres, c’est la candidate du FN qui a finalement le plus bousculé l’assistance, ne manquant pas de provoquer Xavier Beulin, « un mauvais lobbyiste » favorable aux OGM « dont les Français ne veulent pas » et préférant défendre les intérêts de l’industrie à ceux des agriculteurs. L’agroalimentaire a également fait l’objet de vives attaques. « Aux entreprises agroalimentaires, je demanderai des comptes », a-t-elle promis. Fidèle à ses classiques, Marine Le Pen a vanté les mérites du protectionnisme, qui n’est « pas un gros mot ».  

Nicolas Sarkozy : en terrain conquis
« Les agriculteurs ne sont pas des jardiniers mais des entrepreneurs », a déclaré en préambule le candidat président qui a fait quelques annonces. Notamment la possibilité de créer des retenues collinaires sans demande d’autorisation lorsqu’elles représentent moins de 350.000 m3 d’eau. Par ailleurs, « pourquoi faire venir de la viande de pays où le terme de traçabilité n’existe même pas et où les règles de bien-être animal sont inexistantes ? », a-t-il questionné, faissant le parallèle avec l’accord de Shengen qui selon lui n’assure pas un contrôle des frontières suffisant.
Enfin, il a promis que pour toute nouvelle règle sanitaire votée, deux seraient supprimées.

Eva Joly : « un changement de modèle »
Dernière en lice, la candidate verte s’en est finalement bien tirée malgré une assistance a priori hostile. Sans langue de bois, elle a réaffirmé son refus des OGM, tout en cherchant le consensus, parlant de « la bataille qualitative qui doit être gagnée après que la bataille quantitative eut été remportée ». En revanche, elle a dénoncé la vocation exportatrice de la France.

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