Garder un œil sur les États-Unis en 2019
Les défis du monde et les risques pays sont partie intégrante des échanges et du commerce mondiaux. Petit tour d’horizon de ce que pourrait réserver 2019 avec les États-Unis comme point d’ancrage de toute géostratégie.

Dans une récente mise à jour de son scénario pour 2019, le spécialiste de l’assurance-crédit Euler Hermes a publié une estimation de taux de croissance mondiale à 3,1 % (3,2 % en 2018 et 3,2 % en 2017). Cette stabilité est sans doute la seule vraie bonne nouvelle que l’on peut considérer comme acquise (et encore…). Pour le reste, le nouveau millésime économique qui s’annonce serait plutôt soumis à un flux de « mauvaises nouvelles ». Pour Euler Hermes, « la dynamique reste positive malgré des facteurs d’instabilité en provenance des États-Unis » avec son économie sous pression. Et la brutalité, et non son imprévisibilité, des réactions de Donald Trump n’arrange rien. Du coup, jamais la bonne marche du monde n’aura dépendu autant de l’attitude des États-Unis.
Dans une conférence donnée le 20 septembre, les spécialistes de l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) ont livré leur vision de cette emprise : une remise en cause totale du multilatéralisme, une exigence jamais vue vis-à-vis de l’allié traditionnel européen (avec des menaces de sanctions pour ceux qui souhaitaient poursuivre leur relation avec l’Iran)… Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, avait parlé, en mai, de faire valoir la souveraineté économique européenne face aux États-Unis. Un des enjeux majeurs tourne autour du déficit commercial du pays : à chaque nouvelle aggravation son train de mesures de rétorsions commerciales. La question est de savoir à quel moment les États-Unis ne pourront plus compenser sur leur marché domestique ces sanctions extérieures ?
Pour Euler Hermes, cette nouvelle donne aux États-Unis (économie en surchauffe, détérioration du déficit public, resserrement de la politique monétaire, protectionnisme) va répartir les pays en trois groupes : ceux qui pourront absorber ces mesures (Chine, UE, Japon) ; ceux qui seront déstabilisés (Argentine et Turquie directement, Afrique du Sud, Brésil, Russie en cas de détérioration de leur propre économie…) ; ceux qui s’avéreraient résilients si l’environnement commercial international est préservé des attaques protectionnistes les plus violentes (Inde, Indonésie, Hongrie ou Roumanie alors que d’autres semblent protégés).
Dernière conséquence de l’attitude états-unienne en cas de nouvelles hausses de taxes commerciales : la vitalité du commerce mondial. Euler Hermes estime qu’un surcroît de taxes pourrait mettre la croissance du commerce international « en péril ». Et si toutes les taxes évoquées sont appliquées, « il faudra s’attendre à un renforcement du risque des impayés à l’échelle mondiale », a expliqué Ludovic Subran, chef économiste à Euler Hermes.