G20 : un accord plus politique que contraignant pour les signataires
Le « plan d’action » du G20 prévoit la création d’un système d’information accessible à tous appelé AMIS et un « forum de réaction rapide »
MISSION ACCOMPLIE pour la présidence française du G20 cette année. Au terme de plusieurs mois de tractations, un accord a été signé entre les ministres de l’Agriculture des 20 plus grandes puissances économiques mondiales réunies à Paris les 23 et 24 juin. Au travers de 56 propositions ou engagements, l’accord est plus une liste de bonne intentions qu’une série de mesures contraignantes, destinée à réduire la volatilité agricole et faire reculer l’insécurité alimentaire. Finalement moins ambitieux que ce qu’aurait aimé obtenir la délégation française et plus encore les ONG, cet accord essentiellement politique débouche toute de même sur la création d’un outil public destiné à concentrer et analyser les données agricoles (production, semis, stocks...) des états signataires pour renforcer l’accès et la transparence des informations.
Relancer la production agricole
Articulé autour de 5 grands thèmes, le plan d’action présente 56 propositions ou engagements. Concernant la productivité agricole, les membres du G20 reconnaissent par l’accord « l’importance d’une augmentation significative de la production et de la productivité agricoles ». Si la necessité d’user d’un « ensemble équilibré de mesures pour augmenter la résilience, la production, la productivité et l’utilisation efficiente des ressources, en particulier dans les pays les moins développés et pour les petites exploitations familiales » fait consensus et que les signataires s’engagent à « mettre en œuvre une large palette d’actions pour stimuler la croissance agricole » avec « une attention toute particulière » pour les « petits exploitants agricoles, notamment les femmes et les jeunes agriculteurs, singulièrement dans les pays en développement. » Les états ne s’avancent pas davantage. Aucun engagement n’est pris concernant cette question de la productivité mondiale si ce n’est de « créer un environnement propice à l’augmentation des investissements publics et privés dans l’agriculture » et de « favoriser la diversification durable des cultures et des systèmes agricoles ». « L’importance de la recherche et développement » est aussi saluée par le plan d’action du G20.
Plus de transparence avec AMIS
L’objectif d’assurer une meilleure information et plus de transparence des marchés a bien progressé par rapport à l’avant G20 agricole. C’est d’ailleurs le seul. Et ce malgré de nombreuses réticences de certains pays à diffuser largement des informations considérées comme stratégiques ou souvent difficilement chiffrables, comme la Chin et ou l’Inde. Finalement, les ministres ont reconnu «l’importance d’informations au bon moment, exactes et transparentes pour aider à traiter la volatilité des prix alimentaires.» Pour celà le système AMIS (Système d’information sur les marchés agricoles) « sera hébergé au sein de la FAO et disposera d’un secrétariat incluant d’autres organisations ». Les membres du G20 se sont engagés à y « prendre part » en « fournissant des données fiables, de qualité, précises, au bon moment et comparables ». Par ailleurs, le G20 a décidé le lancement « d’un réseau volontaire international de suivi de la production agricole reposant sur des données satellites ».
Plus de coordination internationale pour faire barrage aux restriction à l’export
Ceux qui attendaient un accord du G20 reconnaissant l’agriculture comme un secteur particulier, différent de l’industrie ou des services au regard des éhanges internationaux seront déçus. Le plan d’action renforce les partisans du libre échange dans sa partie consacré à la coordination politique internationale. Tout en reconnaissant qu’une « gouvernance mondiale forte est indispensable pour atteindre la sécurité alimentaire mondiale », les membres du G20 « appellent les organisations internationales à poursuivre et à renforcer leurs efforts », et notamment l’OMC, dont « la nécessité de conduire le cycle de Doha à une conclusion ambitieuse » a été soulignée. Ainsi pour éviter de réitérer l’épisode de l’embargo russe de cette année, un groupe de hauts responsables constituant un « forum de réaction rapide » aura pour mission « de coordoner les politiques de marchés » des membres du G20. De plus, pour combattre les obstacles aux exportations qui entravent l’aide alimentaire, les restrictions à l’export et les taxes exceptionnelles pour les aliments achetés par le Programme Alimentaire Mondiale, ne sourront plus être imposées. Selon les responsbles du Pam, sur 5,5 Mt d’aide alimentaire générale, le programme alimentaire mondial représente généralement entre 3,5 et 4 Mt.
Sur la réduction des effets de la volatilité des prix pour les plus vulnérables, « une boîte à outil de gestion des risques agricoles et de sécurité alimentaire » devrait voir le jour prochainement suivant un calendrier, des objectifs et des principes validés par l’accord.
En panne d’inspiration sur la régulation des marchés financiers
C’était l’un des enjeux majeurs pour nos filières et une demande particulièrement portée par l’ANMF. Or la régulation des marchés financiers n’a pas bénéficié d’annonces particulières si ce n’est une série d’encouragement sans contraintes. Les membres du G20 ont tout de même reconnus que « des marchés financiers agricoles régulés de façon appropriée et transparents sont effectivement essentiels au bon fonctionnement des marchés physiques. » Ces questions devraient revenir sur la table d’un prochain G20 pendant lequel les ministres des finances cette fois seront amenés à plancher aux côtés des gouverneurs des banques centrales du G20.