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France Export Céréales : « La filière Export s’essouffle »

Pierre Duclos, membre du Synacomex, a fait le point sur les marges de progression de la filière française à l’export, lors de la journée de France Export Céréales.

L'écart entre les propositions des vendeurs de blé tendre et les besoins des acheteurs internationaux serait, selon Pierre Duclos du Synacomex, une des causes des difficultés rencontrées cette année à l'export.
© V. Marmuse/Caia

« Depuis trois à quatre ans, nous prévenons sur le danger russe, mais nous ne faisons pas grand-chose. La filière Export s’essouffle et nous avons l’impression de régresser », a déploré Pierre Duclos, membre du Synacomex (1), lors de la journée de France Export Céréales, le 21 mars à Paris. Une des raisons expliquant cet amer constat est l’écart entre les propositions des vendeurs de blé tendre français et les besoins des acheteurs internationaux, selon lui. « Il est important d’aider le céréalier français, mais notre attitude commerciale (au niveau des organismes stockeurs) est actuellement trop tournée vers le service aux agriculteurs plutôt qu’aux clients. »

Des relations inter- et intra-organismes stockeurs à pacifier dans certains cas

Pierre Duclos dénonce le fait que, depuis trop longtemps, les producteurs de blé tendre nationaux offrent un produit de qualité intermédiaire, quand la Russie propose une gamme supérieure. Une des hypothèses du spécialiste est que certains organismes stockeurs français se livrent une concurrence excessive pour répondre au mieux aux attentes des agriculteurs, mettant de ce fait moins d’énergie à promouvoir des politiques d’amélioration de la qualité de leurs blés. Par ailleurs, « à la récolte, on voit parfois des intérêts divergents au sein d’une même coopérative entre sa partie collecte et sa partie commerciale. […] J’ai assisté à des situations où un vendeur d’un organisme stockeur ne veut pas dégager de la marchandise, alors que le collecteur de ce même organisme stockeur est surchargé », ajoute Pierre Duclos. Ensuite, des aménagements logistiques, comme le fait de prioriser la livraison directe aux ports, permettraient d’économiser quelques euros, d’après lui. Il faudrait également « réfléchir à la capacité de compression des coûts d’intermédiation de certains organismes stockeurs », estimés entre 2 et 15 €/t, évoque le spécialiste du Synacomex. Ce dernier rappelle enfin la trop forte mécanisation des céréaliers hexagonaux. Autre faiblesse récurrente de la filière française selon Pierre Duclos, la rétention à la ferme. « Nous avons exporté 5 Mt depuis le début de la campagne, alors qu’il faudrait en exporter 9 Mt d’ici à juin 2018. […] Les vendeurs ont trop souvent l’espoir de vendre plus cher plus tard », mais se retrouvent souvent perdants au final, manquant des opportunités, regrette-t-il. La lutte face aux Russes s’annonce rude. « Les céréaliers russes sont riches dans le sud du pays, car proches des ports. Ceux en Sibérie le sont beaucoup moins, mais gagnent un peu d’argent », témoigne Maria Mozgovaya, trader chez Louis Dreyfus, quand l’AGPB alertait lors du congrès de Dijon en début d’année 2018 sur le fait que 40 % des céréaliers français ont des revenus négatifs.

(1) Syndicat national du commerce d’exportation des céréales

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