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Assurances/Gestion du risque prix
Finance et assurance pour se prémunir de la volatilité

Le premier colloque international sur la gestion des risques en agriculture a permis de détailler quelques solutions pour sécuriser les revenus des acteurs du secteur céréalier.

© Lucie Debuire / Frédéric Théry

Bon nombre d’acteurs de la filière céréalière française se plaignent de la volatilité accrue observée sur les marchés ces dernières années. Mais certains experts ne le voient pas sous cet angle. « La volatilité est une vraie opportunité », a estimé Gauthier Le Molgat, directeur général adjoint du cabinet d’analyse Agritel, lors du 1er colloque international sur la gestion des risques en agriculture les 22 et 23 février à Paris. « La seule certitude, c’est qu’on ne vivra plus dans un monde de certitude », renchérit Jean-Christophe Roubin, directeur de la division agriculture au sein du Crédit Agricole. Mais il s’agit d’utiliser les outils existants de manière adéquate. Sans oublier ceux à venir.

Des warrants pour la fin 2018, début 2019

Développés actuellement par Euronext, les « warrants » (certificats de dépôt) pourraient devenir un des outils futurs permettant la sécurisation des revenus des acteurs du secteur céréalier. Ces titres devraient être proposés fin 2018, début 2019, selon Nicholas Kennedy, directeur des matières premières chez Euronext. Ce dispositif permettrait aux opérateurs de certifier que la qualité du blé tendre dans leurs silos correspond aux critères qualitatifs du contrat Euronext, même s’il ne s’agit pas des silos agréés (Rouen, Dunkerque), détaille-t-il. Ceux disposant de cellules dans les hinterlands de Dunkerque et de Rouen auront le plus d’intérêt à souscrire des warrants, précise le directeur. Un des objectifs recherchés est une meilleure corrélation entre marché à terme et marché physique. « Le but est de limiter la volatilité des cours, spécialement à l’approche des clôtures des échéances, en monétisant les capacités de stockage », indique Nicholas Kennedy. Autre finalité : donner la possibilité aux opérateurs de fournir des garanties aux banques. « Un opérateur français, après inspection par les services d’Euronext, pourra dire au banquier : j’ai 5 000 t de blé tendre dans mes silos certifiées conformes aux exigences qualitatives du contrat blé tendre Euronext, valant tant. En échange, la banque pourra financer tel ou tel investissement de l’opérateur en question : appel de marges, investissements dans de nouvelles installations etc. Cela se pratique sur les marchés à terme londonien et aux États-Unis, bien que les conditions d’application soient quelque peu différentes », explique ce dernier.

Du côté des outils existants, un point a été fait sur l’assurance chiffre d’affaires proposée aux agriculteurs. Selon Stéphane Gin, directeur adjoint de la fédération nationale de Groupama, ce type de contrat en est à ses balbutiements. « La proportion d’agriculteurs utilisant ce contrat est marginale aujourd’hui ». Néanmoins, ce dernier veut croire en son développement futur. « La mise en place de contrats d’assurance est longue. À titre comparatif, 26 % des surfaces françaises en grandes cultures ont une assurance récolte aujourd’hui, mais il a fallu des années pour en arriver à ce résultat. Le premier contrat d’assurance chiffre d’affaires a été signé en 2008, soit très récemment. On est au milieu du gué ». En termes de fonctionnement, pour le cas d’un céréalier produisant du blé tendre, l’assurance chiffre d’affaires utilise les cotations Euronext comme référence, multipliées par les rendements prévisionnels de l’exploitant (basés sur une moyenne historique de 5 ans). À partir de là est calculé un chiffre d’affaires prévisionnel, et définit le niveau de déclenchement de l’assurance. Conscient du fait que le prix Euronext n’est pas forcément la réalité de tous les céréaliers français, Stéphane Gin indique qu’une analyse au niveau de chaque exploitation serait trop complexe, et « augmenterait le temps de règlement des sinistres ».

Changer la mentalité française vis-à-vis de l’aversion au risque

Pour Gauthier Le Molgat, les céréaliers français « confondent gestion du risque prix et ne pas atteindre un objectif de prix ». Il dénonce ainsi leur attitude à chercher constamment le prix maximum, plutôt que de sécuriser un revenu. « En Ukraine, lorsque les prix montent jusqu’à atteindre un niveau objectif, ils vendent. En France, si le marché monte, on attend, en espérant pouvoir gagner encore plus ». Selon lui, la solution globale est de sécuriser son revenu à l’aide de contrat prix moyen de campagne à 60-70 %, et de s’offrir une opportunité sur les 30-40 % restant.

 

 

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