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Commerce international
Export de blé tendre Pays Tiers 2020/2021: FranceAgriMer table un volume de 6,6 Mt

Beaucoup d’incertitudes se présentent quant à la dynamique des exportations de céréales et de blé tendre français. L’Australie va engranger une grosse récolte, poussant éventuellement l’Argentine à challenger l’Hexagone sur les marchés d’Afrique du nord.

Le port de Rouen-silo portuaire de Senalia
© Haropa-Senalia

FranceAgriMer (Fam) estime dans son bilan mensuel du 16 septembre les exportations hexagonales de blé tendre lors de la campagne commerciale 2020/2021 sur pays-tiers à 6,6 Mt, contre 7,750 Mt en juillet 2020. Un chiffre un peu plus optimiste que celui annoncé par Thierry de Boussac, qui table sur une fourchette comprise entre 6 et 6,5 Mt. L’an dernier, ce chiffre s’élevait à 13,461 Mt !

Au total, les exportations hexagonales de blé tendre s’élèveraient à 13,167 Mt, sachant que les expéditions sur les pays de l’UE atteindraient 6,443 Mt, contre respectivement 14,75 Mt et 7 Mt en juillet 2020, et 20,888 Mt et 7,427 Mt lors de la précédente campagne. La nette révision à la baisse de la production française 2020 par Agreste, qui tablait en juillet 2020 sur 31,3 Mt, estimation tombant désormais à 29,5 Mt en septembre 2020, n’est pas étrangère aux modifications de Fam.

37 à 39 Mt de blé tendre russe exporté en 2020/2021 ?

La campagne 2020/2021 s’annonce incertaine. Les volumes hexagonaux sont réduits, et la concurrence internationale s’annonce rude, avec notamment la Russie, qui pourrait exporter autour de 37 à 39 Mt de blé tendre cette année selon les opérateurs. L’Ukraine, mais aussi le Canada et l’Australie, qui va engranger une grosse moisson cette année, seront d’autres challengers sur la scène internationale, soit directement soit indirectement sur les marchés traditionnellement réservés aux origines françaises. Sans oublier les Pays Baltes, qui ont aussi collecté des volumes records cette année, rappelle Fam.

1 à 2 Mt de blé tendre français expédiées en Chine ?

Thierry de Boussac, représentant du Synacomex (Syndicat national du commerce extérieur des céréales) au sein du Conseil spécialisé Grandes cultures, a tenu à préciser les attentes des opérateurs du marché concernant les exportations françaises de blé tendre 2020/2021.
« La France étant le seul pays de l’UE ayant l’accord phytosanitaire nécessaire pour expédier sur la Chine, la Lituanie l’ayant perdu l’an passé, nous prévoyons d’y placer 1 à 2 Mt, sachant que 0,8 à 0,9 Mt ont déjà été commercialisé », indique-t-il. L’Hexagone pourrait expédier sur l’Afrique de l’Ouest 1 à 1,5 Mt, 1,5 à 2,5 Mt sur l’Algérie, et autour de 1 Mt sur le Maroc (fourchette de 0,8 Mt à 1,2 Mt), complète Thierry de Boussac. Le reste pourrait trouver preneur sur des destinations plus petites, telles que Cuba.

En revanche, le trader se montre pessimiste quant à l’Egypte, qui se tournerait davantage vers l’origine Russie/Ukraine, au détriment de la France et de la Roumanie. Fam précise que l’Algérie a, depuis le début de la campagne 2020/2021, privilégié les origines polonaises et baltes.

La bonne récolte en Australie inciterait le pays à s’accaparer de nouveau le marché asiatique, au détriment de l’Argentine, qui pourrait concurrencer davantage par ricochet les clients traditionnels de l’Hexagone.

Récente hausse des prix du blé tendre russe

Autre élément à observer, source de variation des prix internationaux du blé tendre : les conditions très sèches en Russie et en Ukraine, perturbant les semis d’hiver. « Cela peut impacter les ventes des agriculteurs locaux. S’ils ont peur pour la future récolte 2021, ils peuvent décider d’accélérer les ventes de leur récolte 2020 », souligne Thierry de Boussac.

Les exportations russes de blé tendre sont attendues records en septembre, à plus de 5 Mt, selon le cabinet d’analyse russe SovEcon. Le sec en zone mer Noire justifie « la hausse d’environ 15 $/t des prix russes depuis le début du mois de septembre », indique Thierry de Boussac. Les origines UE et françaises regagnent donc en compétitivité ces derniers jours. Signalons que la sécheresse en France inquiète également. « Des semis ont commencé très tôt dans l’Est, dans le sec. Aucune pluie n’est annoncée dans les prochains jours, ce qui est préoccupant », alerte Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé grandes cultures de Fam et agriculteur.

La Russie et l’Ukraine risquent d’être des concurrents sérieux tout au long de la campagne 2020/2021 pour les origines françaises. La parité €/$/rouble/hryvnia sera de nouveau à scruter.

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La demande saoudienne à surveiller

En orges, le moteur des exportations françaises est sans surprise la Chine pour le moment. L’Hexagone est un des grands gagnants du conflit Chine/Australie au sujet des orges.

Le Canada sera un concurrent de taille sur le marché international des orges de brasserie, rappelle Thierry de Boussac. Le niveau de la demande de l’Arabie Saoudite en qualité fourragère, qui a souffert de la sécheresse, sera également à surveiller, rapportent les experts de Fam.

La baisse de la collecte française par rapport à l’an dernier laisse penser à Fam que les exportations nationales 2020/2021 sur pays-tiers tomberont à 3 Mt dans ses estimations de septembre, contre 3,15 Mt en juillet et 3,931 en 2019/2020. Sur l’UE, le chiffre tombe à 2,788 Mt, contre 3,2 Mt en juillet 2020, et 3,921 Mt l’an passé, en raison notamment de la très bonne récolte espagnole, qui aura donc moins de besoins.

Forte concurrence attendue avec la Hongrie et la Roumanie en maïs

Les exportations hexagonales de maïs dans l’UE tomberaient à 3,838 Mt selon Fam, contre 3,952 Mt l’an dernier. La concurrence s’annonce rude annoncent les experts de Fam avec la Hongrie et la Roumanie, sachant que les conditions météorologiques difficiles dans le sud-ouest de la France, un fournisseur traditionnel de l’Espagne, affecte les cultures et rendront les disponibilités moins accessibles pour les espagnols. Ces derniers pourraient donc privilégier d’autres origines.

6,1 Mt de blé dur canadien cette année, 5 Mt l’an dernier

En blé dur, le bilan reste très tendu rapporte Fam. Le disponible exportable s’annonce réduit, inférieur à 1 Mt (990 000 t, dont 140 000 t sur pays-tiers, et 850 000 t sur l’UE), et la concurrence avec le Canada s’avère ardue. Rappelons que StatCan estime au 14 septembre la récolte canadienne de blé dur à 6,1 Mt, contre 5 Mt l’an dernier.

 

 

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