Interview Hervé Vasseur, président de Nutrinoë
« En Bretagne, nous allons vers une année 2016 à - 2 ou - 3 % en volume »
À l'occasion du Carrefour des matières premières, le président de Nutrinoë, Hervé Vasseur, revient sur cette rentrée.

La Dépêche-Le Petit Meunier : Quelle est la situation actuelle des fabricants d'aliments bretons ?
Hervé Vasseur : En Bretagne, nous allons vers une année 2016 à - 2 ou - 3 % en volume probablement. Les vaches laitières sont par exemple à - 11 % depuis le début de l'année en raison de la baisse du prix du lait, une diminution à laquelle s'ajoutent les difficultés de la récolte de céréales. Au-delà de la baisse des volumes, nos adhérents notent une réelle augmentation de difficultés de paiements des éleveurs. En revanche, les aliments volailles vont plutôt mieux et le prix du porc soutient pour l'instant la production, même si nous ne savons pas encore pour combien de temps la Chine poursuivra ses achats. Nous avons d'ailleurs noté un pic sur les encours aliments porcs en mai, qui tend depuis à s'améliorer chez ces éleveurs.
LD-LPM : Comment les adhérents de Nutrinoë réagissent-ils ?
H. V. : L'année s'inscrit dans une continuité de baisse structurelle des volumes à laquelle les entreprises s'arrangent pour s'adapter. Depuis cinq ans, la nutrition animale a connu une vraie réorganisation industrielle qui devrait se poursuivre comme le montre au niveau national l'émergence de pôles structurés. L'optimisation de la logistique fait partie de cette adaptation.
LD-LPM : Quels sont vos autres sujets d'actualité ?
H. V. : Nutrinoë travaille notamment avec d'autres partenaires syndicaux sur les bonnes pratiques de la filière en matière de gestion des substances indésirables, parmi lesquelles les salmo-nelles. Il s'agit pour nous de proposer des solutions pratico-pratiques sur des questions concrètes. Par exemple, que doit-on faire d'un stock de matières premières gelé sur un port car une contamination a été détecté ? Faut-il le détruire, comment ? Nous avons de nombreuses solutions pour différents cas de figure tout au long de la filière. Nous attendons la validation de l'administration pour que ces solutions soient rassemblées dans un guide des bonnes pratiques.
LD-LPM : Et sur l'aspect technologie ?
H. V. : Nous sommes aussi moteurs pour un autre dossier encore plus vaste car il englobe de nombreux acteurs de l'Inra à Tecaliman, voire d'autres instituts. Il s'agit de concevoir puis de construire, dans le grand Ouest, un site expérimental dédié à la fabrication des aliments pour animaux. Il serait d'une part destiné à la production d'aliments expérimentaux, notamment pour les stations de recherche de l'Inra qui est actuellement en réflexion face à des outils de production vieillissants, et conduirait d'autre part des recherches en technologie de fabrication. Le dossier vient juste de s'ouvrir mais l'objectif est de disposer d'une vitrine internationale ca-pable de tester des matériels et des productions, un peu comme il existe à Rennes un laboratoire qui teste toutes les technologies autour du lait. Outre les industriels, l'Inra, les instituts, les premiers contacts semblent plutôt positifs avec les institutions comme le Conseil régional de Bretagne et celui des Pays de la Loire.