Politique/économie
Élection de Donald Trump : une marche vers la « démondialisation » ?
La plausible attitude plus protectionniste des États-Unis pourrait affecter le commerce mondial des grains. De nombreux indicateurs seront à scruter.
La profession agricole n'a pas mis longtemps à réagir suite à la victoire de Donald Trump. Xavier Beulin voit, dans cette élection, la preuve de gouvernants déconnectés des problématiques des populations. La Coordination rurale perçoit le résultat des effets néfastes d'un « libéralisme débridé ». Thierry Pouch, économiste de l'APCA, parle d'un phénomène qui pourrait faire écho à la crise des années 1930, à savoir un épisode de « dé-mondialisation » du commerce international. « Après la crise financière de 1929, les pays se sont recroquevillés sur eux-mêmes, en pratiquant des droits de douane parfois élevés ou des dévaluations de leurs monnaies. Avec l'arrivée de Donald Trump, on évoque l'éventualité d'une sortie des États-Unis de l'OMC, d'un regain de protectionnisme… ». Les parités monétaires seront donc à suivre avec encore plus d'attention. Un autre indicateur à surveiller serait « l'attitude des compagnies d'assurance, qui favoriseront ou non le commerce mondial, avec le possible recul des débouchés à l'exportation », détaille l'économiste. Les futures relations Chine/États-Unis seront à observer. « Si les États-Unis mettent un embargo sur l'achat de produits chinois manufacturés, comme le souhaite Donald Trump, la Chine pourrait à terme manquer de devises pour acheter des grains », analyse Thierry Pouch, constituant un facteur potentiellement baissier des prix. Autre paramètre, le nouveau président américain souhaite promouvoir les biocarburants, un élément haussier, rappelle l'économiste de l'APCA. Par ailleurs, la signature du Ttip va « sûrement être ralentie », estime Rémi Haquin, le président du Conseil spécialisé des Céréales de FranceAgriMer.
Une politique migratoire néfaste pour les farmers américains ?
Donald Trump souhaite réduire les contraintes réglementaires, notamment environnementales, affectant le secteur agricole et renforcer le Farm Bill, éléments qui rendraient encore plus compétitifs l'agriculture états-unienne. « 70% des producteurs américains ont voté pour Donald Trump pour ces raisons », rappelle Thierry Pouch. Toutefois, les perspectives de durcissement de la politique migratoire pourraient avoir l'effet inverse. « Bon nombre de travailleurs présents sur les fermes américaines sont d'origine étrangère. »