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Tour de plaine
Des surfaces de colza attendues à 1,2 Mha mais…

La filière revoit en légère hausse les surfaces de colza. Mais la sécheresse inquiète, tout comme les phénomènes de résistances aux insecticides.

© L.Jung - Terres Inovia

Il n’y a pas encore matière à crier au loup, mais les producteurs de colza commencent à s’inquiéter. Les experts de Terres Inovia contactés sont unanimes : la première préoccupation concernant la récolte nationale 2019 est à court terme le déficit hydrique. Mais cela n’empêche pas la filière de revoir les surfaces à la hausse entre novembre 2018 et avril 2019 : « nous révisons en hausse de 100 000 ha nos estimations de la sole hexagonale entre l’automne dernier et ce printemps, soit à 1,2 Mha », déclare Thibault Ledermann, responsable des relations terrain de la Fop (fédération des producteurs d’oléoprotéagineux).

Les retournements de parcelles durant l’automne ont été moins importants que prévu, explique l’expert de la Fop, justifiant le léger regain d’optimisme concernant la sole nationale. Ceux ayant eu lieu au printemps (mars-avril) sont difficiles à évaluer, mais sont, pour le moment, jugés marginaux. En termes de volumes, l’Observatoire des cultures de la Commission européenne, Mars, estime les rendements hexagonaux à 3,34 t/ha pour la production 2019, dans son rapport du 15 avril. « Un chiffre crédible », juge Laurent Jung, responsable de la communication de Terres Inovia. La production française tomberait donc aux alentours des 4 Mt cette année (à comparer aux 4,9 Mt en 2018 selon Agreste).

Des craintes sur cette campagne mais aussi sur les suivantes…

Les zones Centre, Est (Bourgogne, Lorraine) et Auvergne (Allier, Puy-de-Dôme) font partie des secteurs les plus touchés à la fois par la sécheresse mais aussi les dégâts d’insectes. Le froid n’a eu que peu d’effet. Sur la zone est, « la Bourgogne voit ses surfaces régresser de 50 % par rapport à l’an dernier, et de 30 % en Lorraine. Dans les Ardennes et les Hauts-de-France, peu de surfaces ont été perdues », souligne Laurent Jung. Il ajoute que les larves d’altises ont constitué un souci important. « Les dégâts en Bourgogne sont conséquents, favorisés par les conditions douces en automne-hiver. Nous sommes sans solutions. Des résistances sont apparues », précise-t-il.

Thibault Ledermann enfonce le clou. « Cela fait quatre ans que ces résistances sont survenues. Mais, cette année, le phénomène a empiré : les insecticides n’ont eu aucun effet ! La situation se concentre pour l’instant surtout sur la Bourgogne, mais le Centre est aussi touché. Des agriculteurs pourraient renoncer à semer du colza à l’avenir ! »

Les solutions alternatives pour lutter contre l’altise sont agronomiques (semis précoces, implantations de colza associé à de la féverole…) expliquent les experts. « Terres Inovia a développé en Bourgogne le projet R2D2, qui expérimente des techniques de cultures de colza sans insecticides sur 1000 ha, en utilisant notamment les auxiliaires pour gérer les ravageurs », rappelle Thibault Ledermann. Mais ces solutions prennent du temps pour être adoptées par les agriculteurs. Ce dernier alerte sur le fait que “l’épidémie” peut se répandre sur l’ensemble du territoire, ce qui serait très préoccupant pour l’avenir.

Les pluies fin avril seront déterminantes

Dans la zone Centre, bien que des larves d’altises étaient présentes, le ravageur “phare” a été le charançon du bourgeon terminal, rapporte Julien Charbonnaud, en charge du secteur de Terres Inovia. « Le froid dans certains secteurs et surtout le sec ont engendré des retournements de parcelles en mars et en avril. […] Il faudrait un peu plus de chaleur et environ 40 mm d’eau d’ici fin avril pour que la situation s’améliore ». L’expert rappelle que le colza dispose de capacités de compensation très élevées.

En Auvergne, « on répertorie 5-10 % de retournements de parcelles au printemps sur les 30-35 % de pertes de surfaces sur la région. […] Les méligèthes ont constitué le principal ravageur. Mais le sec est actuellement plus inquiétant. Il faudrait 25-30 mm d’ici fin avril », explique Alexis Verniau, responsable de la zone pour le compte de l’institut.

Dans le Sud-Ouest, les craintes sont moindres, malgré le sec. « Les ravageurs ont été moins nombreux », indique Arnaud Michenaud, responsable régional de Terres Inovia.

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