Des exportations françaises de céréales en chute libre en 2024
En 2024, la France est en perte de vitesse en termes d'exportations de produits bruts en valeur, notamment de céréales. En cause, la baisse des prix mais également le retour de l'offre russe et ukrainienne.
En 2024, la France est en perte de vitesse en termes d'exportations de produits bruts en valeur, notamment de céréales. En cause, la baisse des prix mais également le retour de l'offre russe et ukrainienne.

« [En 2024], la France, malgré un léger rebond de ses exportations [agricoles et agroalimentaires] (+1 %) voit son excédent commercial réduit de 3 milliards d’euros loin des sommets atteints en 2022 (année de reprise post-pandémie couplée à une forte inflation) », constate Philippe Marrec, directeur du département Info-Conseil de Business France, dans l’édito de son livre blanc "Où exporter ? Agro". Ce guide de l’agence nationale au service de l’internationalisation de l’économie française propose « une analyse approfondie des échanges mondiaux agricoles et agroalimentaires et une mise en lumière des filières clés de l’offre française », qui se veut être un outil au service des entreprises pour consolider leur présence à l’international, « dans un contexte désormais marqué par des incertitudes climatiques, géopolitiques et économiques en passe de devenir la norme ».
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A l’échelle mondiale, la France sort du top 8 en termes d’exportation de produits bruts
A l’échelle mondiale, les exportations de produits agricoles et agroalimentaires ont progressé de seulement 3 % entre 2023 et 2024 à 1 982 milliards d’euros (Md€), contre 75 % entre 2014 et 2024. Les Etats-Unis demeurent le plus important pays exportateur de produits agricoles et agroalimentaires, avec 8 % des parts de marchés (pdm) en valeur en 2024 et une croissance annuelle de 3 %. Le Brésil (7 % de pdm, -5 % par rapport à 2023) a laissé sa deuxième place sur le podium aux Pays-Bas (7 % de pdm, +4-5 %), pour finir troisième du Top 8. Puis viennent l’Allemagne en quatrième position (5 % de pdm, +4-5 %) et la Chine en cinquième position (5 % de pdm).
L’Espagne et l’Italie au coude à coude avec la France.
La France se retrouve au sixième rang, avec 4 % de pdm et seulement 1 % de croissance entre 2023 et 2024, devant l’Espagne (4 % de pdm, +4-5 %) et le Canada (3 % de pdm, stable). « La concurrence européenne est à surveiller de près : l’Italie, et surtout l’Espagne désormais au coude à coude avec la France), sont en passe de devenir des acteurs de premier plan avec des croissances respectives de +53 % et +43 % de leurs exportations entre 2019 et 2024 », commente Business France.
Les céréales chutent de la première à la quatrième place des produits bruts exportés.
Le livre blanc remarque que « l’inflation alimentaire a continué de diminuer, dans un contexte de hausse modérée, voire de baisse, des prix des principales matières premières agricoles (notamment céréales et oléagineux) ». Dans ce cadre, « les céréales, produits phare de ces dernières années, chutent du premier au quatrième rang des principaux produits exportés en valeur », avec 7 % des pdm en 2024 (Etats-Unis, +49 % versus 2023 ; Argentine, +20 % ; Inde, +77 %). Les graisses et huiles sont en troisième position, avec 7 % de pdm (Indonésie, +58 % ; Malaisie, +66 % ; Argentine, +83 %). Les graines et fruits oléagineux occupent quant à eux la dernière place du top 6, avec 6 % de pdm (Etats-Unis, +30 % ; Brésil, +72 % ; Canada, +48 %).
La France occupe la dixième place du classement en termes de produits bruts exportés.
Si la France n’apparaît plus dans le top 8 des exportateurs de produits bruts en 2024 (étant passée de la huitième à la dixième place du classement), elle se place en quatrième position du top 8 des exportateurs de produits transformés, avec 62 Md€ (+31 % entre 2019 et 2024), sur un total mondial de 1 287 Md€ (+43 %). L’Hexagone est devancé par les Pays-Bas (90 Md€, +45 %), les Etats-Unis (88 Md€, +30 %) et l’Allemagne (87 Md€, +36 %).
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Nouveau repli des exportations de produits bruts européennes en valeur
La dynamique de croissance des exportations de produits bruts par l’Union européenne s’enraille, avec une deuxième année de baisse en valeur (-2 %, à 176 Md€ en 2024). « Ce recul est avant tout dû à la chute des céréales (-17 % en valeur en 2024) ainsi qu’à la nette baisse des graines et semences (-8 %), notamment colza et tournesol », explique Business France.
La France maintient le cap, contrairement à la Pologne et la Roumanie.
Dans ce contexte, la France se maintient à la troisième position des Etats-membres de l’Union européenne en termes d’exportation de produits bruts en 2024, avec 19 Md€ (-2 % entre 2023 et 2024, +19 % entre 2019 et 2024), à comparer aux chutes annuelles d’autres grands producteurs céréaliers européens que sont la Pologne (8e place, -15) et la Roumanie (9e, -27 %).
Les exportations de céréales dépassées par celles des fruits et légumes.
Les céréales occupent la troisième place du podium européen des produits bruts exportés, derrière les fruits et les légumes. Elles représentent 4 % de pdm (+28 % entre 2019 et 2024), avec +0,2 % pour la France sur les cinq dernières années, +14 % pour la Roumanie et +54 % pour l’Allemagne.
Baisse continue des exportations françaises de céréales
Si les exportations françaises agricoles et agroalimentaires ont légèrement progressé en 2024, à 82 Md€, le segment des céréales, qui est en chute de 8 % d'un an sur l'autre, poursuit son repli « après une année 2022 de tous les records », commente Business France. Et d’ajouter : « le retour de l’offre russe et ukrainienne et la baisse des prix a entraîné un brusque contre-coup et un retour à des niveaux en valeur comparables à l’année 2019 ».
Les exportations de produits alimentaires sur la Chine sont en chute libre.
L’Union européenne, qui absorbe 65 % des exportations françaises de produits alimentaires (alimentation hors boissons alcoolisées), demeure la première zone de destination. Sur les 52 Md€ que représentent en 2024 les exportations de produits alimentaires françaises (+2 % versus 2024, +33 % versus 2019), 7 Md€ vont en Belgique (+46 % entre 2019 et 2024), 6 Md€ vers l’Allemagne (+38 %), 5 Md€ vers l’Espagne (+43 %), 4 Md€ vers l’Italie (+25 %), 4 Md€ vers les Pays-Bas (+52 %), 4 Md€ vers le Royaume-Uni (+18 %) et 2 Md€ vers la Chine (+22 %). Et Business France de remarquer : « si les exportations ont évolué à la hausse vers la majorité des principaux marchés clients de la France en 2024, la Chine fait figure d’exception avec un recul de 20 % [d’un an sur l’autre] qui s’explique par une baisse de la plupart des segments clés (céréales, mais aussi viandes, BVP et produits de la mer) ».
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