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Moissons
Déception côté rendements, mais la qualité rassure

La récolte de grains 2018 brille plus par sa qualité que par son volume. Tant mieux pour les acheteurs, qui trouveront les quantités suffisantes et un bon taux de protéines des céréales. Pour les agriculteurs, les rendements déçoivent mais le prix du blé tendre marque un rebond. Leur situation est plus compliquée dans le Sud, conséquence des fortes pluies.

« Les rendements du blé tendre sont assez décevants », reconnaît Jean-Olivier Lhuissier, directeur des activités agricoles chez Vivescia. « Mais la qualité très intéressante fait du bien : on ne l’avait pas vu à ce niveau depuis plus de deux ans. » Le leader de la collecte dans le Grand Est voit un décrochage des rendements de 5 à 10 % par rapport à la moyenne olympique sur cinq ans (excluant la plus haute et la plus basse valeur). Si les terres filtrantes du Barrois s’en sortent plutôt bien, la Champagne humide est plus pénalisée. Le taux de protéines atteint 12 %, le PS (poids spécifique) 78 kg/hl. « De fortes températures fin juin ont perturbé la fin de cycle », avance-t-il. Unéal, coopérative des Hauts de France, connaît « deux mois sans eau, avec de la chaleur ». Résultat, il manque 2 à 3 q/ha par rapport à la moyenne décennale : les rendements du blé tendre s’affichent à 86-87 q/ha, avec une très forte hétérogénéité selon les types de sol. « La qualité s’avère suffisante pour répondre aux clients à l’export », souligne le directeur céréales adjoint Nicolas Foissey. Le taux de protéines est à 12 %, le PS dépasse 80 kg/hl. « On voit des écarts entre agriculteurs, c’est que le travail sur la qualité porte ses fruits », considère-t-il, évoquant une évolution des pratiques de fertilisation azotée, des choix variétaux.


Une récolte précoce

« Toutes les espèces sont arrivées avec deux semaines d’avance », note David Meder, responsable céréales chez EMC2. Au-delà de la précocité, c’est l’étalement de la récolte qui frappe. « Certains ont arrêté la moisson pour regarder le foot à la télé, s’amuse-t-il. Avec la météo très favorable, ça ne court pas dans les champs. » La coopérative lorraine s’attendait à une assez bonne moisson en blé tendre, le rendement est au final légèrement inférieur à la moyenne, avec 67 q/ha (contre 70 q/ha). Une des raisons à cela est la part importante de « blé de paille », cultivé après une culture de céréale et non derrière un colza, dont les surfaces avaient chuté de moitié l’an dernier sur ce territoire. « Les agriculteurs gardent l’idée d’une moisson correcte : ils regardent la bonne qualité, la meilleure orientation des prix. » Seuls quelques lots sont victimes de fusariose. Le PS, à environ 79 kg/hl, et le taux de protéines proche de 12 % donnent satisfaction. Soufflet, dont la zone d’activité forme un large croissant de Rouen à Metz, se montre plus déçu avec des rendements inférieurs de 5 à 10 q/ha à la moyenne olympique sur cinq ans. La qualité, elle, ne fait pas défaut, tant sur le PS « à 76 kg/hl sans problème » (valeur limite pour nombre d’acheteurs), que pour le taux de protéines conforme à l’objectif d’au moins 11,5 %. Petit bémol, des orages juste avant moisson sur la côte Atlantique ont entraîné les PS vers de valeurs de seulement 73-74 kg/hl. La coopérative vendéenne Cavac dresse pour sa part un tableau « catastrophique ». Dans les terres lourdes, pénalisées notamment par un excès d’eau, le rendement du blé tendre chute de 25 % par rapport à l’an dernier, et de 10-15 % comparé à la moyenne quinquennale. Heureusement, le taux de protéines dépasse 12 % et le PS reste dans les normes à 76-77 kg/hl.


Des fusarioses contrecarrées

Dans le Nord-Ouest, Agrial est d’autant plus déçu que les prévisions de rendement du blé tendre se situaient dans la moyenne. Il manque en réalité 8 à 10 q/ha. Les pluies hivernales sont en cause, amplifiées par de gros orages mi-juin, responsables de mauvais remplissage et fécondation comme en 2016. Si la qualité s’avère « très bonne » en PS (78 kg/hl) et en taux de protéines (supérieur à 12 %), elle reste en cours d’analyse pour les toxines de type déoxynivalénol (Don) suite aux pluies lors de la floraison qui ont pu provoquer de la fusariose.
Dans la Vienne, La Tricherie enregistre un petit 60 q/ha de rendement en blé tendre pour lequel il manque 8-10 % par rapport à la moyenne. La qualité n’est « pas exceptionnelle » malgré un taux de protéines de 12,5 %. À cause d’une fin de cycle humide, le PS globalement de 77-78 kg/hl est parfois sous la norme, et des fusarioses sont signalées. Un problème auquel la Dauphinoise a échappé. « La qualité sanitaire est bonne, sans mycotoxines », raconte le responsable métiers du grain Philippe Lefebvre. « Un vent de nord a séché les blés, bloquant la fusariose. » Revers de la médaille, ce coup de sec lors du remplissage a porté préjudice au rendement, à 60 q/ha (-15 % par rapport à la moyenne). Mais le taux de protéines s’en ressent, à 13 %.

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