« Dans les situations à faibles potentiels, les associations trouvent de l’intérêt »
Maître de conférence en agronomie à l’Ensfea(1), Laurent Bedoussac s'intéresse depuis plus de dix ans aux associations d’espèces, en particulier céréales protéagineux. Il travaille aujourd’hui sur le projet européen Remix, qui vise à concevoir des systèmes de production plus agroécologiques en intégrant les associations. Et il nous donne son point de vue sur l'intérêt des associations en grandes cultures.
Maître de conférence en agronomie à l’Ensfea(1), Laurent Bedoussac s'intéresse depuis plus de dix ans aux associations d’espèces, en particulier céréales protéagineux. Il travaille aujourd’hui sur le projet européen Remix, qui vise à concevoir des systèmes de production plus agroécologiques en intégrant les associations. Et il nous donne son point de vue sur l'intérêt des associations en grandes cultures.
Quelles sont les situations où les associations céréales-protéagineux ont aujourd’hui un intérêt commercial en conventionnel ?
Des mélanges de type lentilles-blé ou pois chiche-blé sont intéressants : les lentilles comme le pois chiche dégagent une forte valeur ajoutée. Les associer à du blé facilite la récolte car ces cultures sont un peu plus hautes, sans nuire au rendement. Mais ce sont des marchés très spécifiques. En conventionnel, les associations plus classiques (blé-pois, par exemple) ne sont pas bien valorisées, entre autres parce que les engrais azotés ne sont pas assez chers pour donner un réel intérêt à l’azote qu’apportent les légumineuses. Et il y a les contraintes de désherbage. Mais dans les situations à faibles potentiels, les associations trouvent de l’intérêt. Le niveau de production attendu est faible de toute façon, il faut donc réduire les charges et c’est intéressant de travailler en bas intrants. Dans ces cas-là, les cultures associées produisent plus.
Le tri est un vrai frein au développement des associations. Comment abordez-vous ce sujet ?
Dans le cadre du projet européen Remix, nous sommes en lien avec les établissements Denis, par exemple, qui construisent des trieurs. Ils ont développé un modèle qui prend en compte les besoins spécifiques de tri en cultures associées. Améliorer le matériel de tri est une piste de travail. L’optimisation de la moisson en est une autre. Toujours dans le cadre de Remix, nous travaillons avec Agco, qui va faire avec nous des tests de récolte sur les cultures associées. Le réglage des machines doit être abordé. Notre idée est de voir quelles sont les marges de manœuvre à ce niveau. Peut-être cela vaut-il le coup de laisser 10 à 15 % de grains au champ pour ne pas avoir de grains cassés et trier facilement la récolte ? Nous ferons les premiers tests à la récolte 2019.
Quelle pourrait-être, selon vous, la place des associations dans les assolements de demain ?
Pour moi, les associations de cultures vont servir à minimiser les risques. C’est un moyen de diversifier le panier de cultures. Sur une parcelle donnée, l’association permet d’avoir un rendement si le climat a été mauvais pour les céréales, car le protéagineux prendra le dessus. Et inversement. Il faudra arriver à raisonner leur intérêt à l’échelle de la rotation, en termes de marge.