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Bioéthanol
[Coronavirus Covid 19] La baisse de la consommation hexagonale de bioéthanol pourrait être supérieure à 75 %

La situation des industriels hexagonaux du bioéthanol est encore pire que prévu. Alors que les Etats-Unis auraient déjà commencé à charger des bateaux vers l'Union européenne, la filière française travaille avec ses homologues européens pour protéger le marché communautaire.

© ybernardi-Pixabay

« Une enquête du CPDP (Comité professionnel du pétrole), dont les résultats tombent aujourd’hui 7 avril, révèle que la consommation d'essence hexagonale est en recul de plus de 75 %, et s'approcherait même des 80 %, entre la mi-mars, période précédant le confinement lié à la pandémie de Covid-19, et début avril! », s'alarme Sylvain Demoures, secrétaire générale du SNPAA (Syndicat national des producteurs d'alcools agricoles). Ce dernier ajoute que par rapport à l'an dernier à pareille époque, la baisse est effectivement de 80%. Si les chiffres officiels concernant la consommation de bioéthanol ne sont pas encore sortis, l'expert ne se fait guère d'illusion : « il y a une relation homothétique entre la consommation d’essence et de bioéthanol. Auparavant, nous estimions que la part du débouché carburant de l’éthanol d’origine agricole passerait de 60% à 20%. Aujourd’hui, nous tablons sur un passage de 60% à 15% ».

Des bateaux états-uniens en cours de chargement

Mais il y a plus inquiétant encore. Rappelons que les stocks sont records aux Etats-Unis et au Brésil, 1er et 2ème producteur mondial du biocarburant incorporé dans l’essence. « Les réserves états-uniennes seraient supérieures à 40 Mhl, ce qui représente 75% de la consommation annuelle de l’UE. Ainsi, le pays est en capacité de nous fournir l’équivalent de 9 mois de consommation ! Or, quelques millions seulement d’hectolitres déversés sur le marché UE seraient suffisants pour déstabiliser le marché », s’inquiète Sylvain Demoures. Les éthanoliers outre-Atlantique sont eux aussi en très grande difficulté, et tournent à contre marge. Dans ce contexte, le réflexe est commun : se délester au plus vite de ses actifs/marchandises/excédents. « L’UE est un centre de délestage de marchandises états-unienne », prévient le secrétaire général du SNPAA. Ce dernier ajoute que selon des informations de marché, des bateaux dans les ports états-uniens sont déjà en cours de chargement à destination de l’UE, et ce depuis environ deux semaines. Enfin, les origines brésiliennes sont très compétitives également, bénéficiant de la chute du réal par rapport au billet vert. « Il est possible qu’il y ait un report de la production brésilienne de sucre destiné au débouché énergétique vers celui destiné à l’alimentaire. Mais l’offre brésilienne restera tout de même abondante », déplore Sylvain Demoures.

Hausse des droits de douanes UE sur les produits nord-américains ?

Ainsi, une première vague d’importation européenne de biocarburant états-unien est attendue durant les prochaines semaines. « Ce qu’il faut, c’est nous protéger contre l’arrivée de la 2ème vague, qui pourrait survenir après la fin du confinement », signale Sylvain Demoures. Raison pour laquelle les syndicats français de la filière bioéthanol ont alerté le 6 avril sur la nécessité de protéger le marché européen. Si le secrétaire général du SNPAA avoue ne pas avoir les compétences suffisantes pour proposer des mesures précises, ce dernier rappelle que des taxes sur les importations d’alcool dénaturé (à destination de la filière biocarburant) existent déjà, s’élevant actuellement à 10,20 €/hl. « Ce niveau est insuffisant, il faudrait le relever à un niveau suffisamment dissuasif, car les origines états-uniennes peuvent être compétitives même avec l’ajout de ces droits. Cela peut être pour une période temporaire, plusieurs mois pendant et après le confinement, le temps que l’industrie française et européenne de l’éthanol se remette sur pied », précise-t-il. L’utilisation temporaire de quotas d’importations est également évoquée.

Le temps presse. Sylvain Demoures indique travailler actuellement avec le syndicat européen E-Pure pour convaincre d’augmenter la protection du marché européen. « La Commission européenne a des outils. Des mesures d’urgence existent, notamment l’article 194 de l’OCM unique (Organisation commune des marchés), règlement 1308/2013 », détaille-t-il. Le secrétaire général du SNPAA rappelle que dans des situations exceptionnelles, où des importations massives peuvent perturber une filière, l’OMC autorise des pays à se protéger, « ce qui est notre cas ». Sylvain Demoures assure que le SNPAA travaille actuellement avec l’état français, et espère convaincre les institutions européennes dans les semaines à venir.

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