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Marché/Analyse/Géopolitique
Guerre en Ukraine : vers un report de la demande internationale sur les céréales françaises ?

La circulation des bateaux au départ de la mer Noire et de la mer d'Azov est fortement perturbée. Des opérateurs du secteur des grains évoquent une possible multiplication des cas de force majeure. Le marché français des céréales pourrait être davantage sollicité.

© Kati_D-Pixabay

Divers analystes et opérateurs estiment que l'impossibilité pour la Russie et l'Ukraine de livrer des grains pourraient inciter les importateurs mondiaux à se tourner davantage vers l'origine hexagonale. Rappelons que la France dispose actuellement de stocks très élevés de blé tendre, attendus en fin de campagne 2021/2022 par FranceAgriMer à près de 3,6 Mt, en février.

 

 

Nathan Cordier, analyste du cabinet d'Agritel explique que « les importateurs internationaux vont devoir "switcher" leurs achats conclus auprès de la Russie et de l'Ukraine, qui n'ont pas été livrés. Pour résumer, les origines ukrainiennes et russes ne sont plus disponibles, tant que le conflit durera. Le Canada n'a plus d'offre, compte tenu du dôme de chaleur, l'Argentine et l'Australie sont au maximum de leurs capacités d'exportation actuellement. Reste l'UE et les Etats-Unis ». Par conséquent, une accélération de la demande internationale depuis ces deux origines, incluant la France, est à attendre, selon lui.

Ce que confirme Philippe Chalmin, président du cercle Cyclope: « l'Algérie achetait des origines mer Noire, mais il va bien falloir qu'elle achète son blé à quelqu'un ».

Un bateau devant charger des grains touché par une roquette en mer Noire!

Les cas de force majeure pourraient se multiplier, craint Swithun Still, dirigeant du cabinet de trading Rolweg basé à Genève. « La situation est très tendue. La circulation est suspendue au sein des ports ukrainiens (Mikolaiv, Odessa...) sur la mer Noire. Des bateaux sont bloqués et il est très difficile de savoir ce qu'il se passe en Russie. Officiellement, les ports russes de la mer Noire tournent (la Russie a en revanche fermé la circulation sur la mer d'Azov), mais le trafic est très perturbé. La logistique intérieure (acheminement des marchandises vers les ports) est également très problématique (...) Les acheteurs s'étant couverts sur février, mars voire avril, vont devoir se tourner vers d'autres solutions », détaille-t-il. Des bateaux sont touchés par les combats. Reuters rapporte qu'un navire circulant en mer Noire, le Namura Queen, sous pavillon Panaméen, devant charger des grains au port de Pivdenny en Ukraine, a été atteint par une roquette.

Les acheteurs du nord UE s'étaient approvisionnés auprès de l'Ukraine, pour des livraisons au printemps, rappelle Nathan Cordier, pouvant donc être affectés par des problèmes de cas de force majeure. Là aussi, la France pourra être une solution de repli. 

Hausse du coût du fret et des assurances

Mais les acquéreurs devront vraisemblablement voir le coût du fret et des assurances, déjà fermes, se renchérir encore. « Tant que la paix ne sera pas déclarée, la tension restera sur les marchés du fret et des primes d'assurance », pointe Swithun Still.

 

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