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Moisson 2025 : une production européenne de colza proche des 20 Mt, est-ce suffisant ?

Dans l'Union européenne, la moisson est dans sa dernière ligne droite avec des rendements en colza très satisfaisants et souvent supérieurs aux attentes en France et en Europe, ce qui a conduit la Commission européenne à augmenter son estimation de production 2025-2026 pour cette culture. Cependant, l’UE a toujours besoin d’importer du colza pour équilibrer son bilan avec un disponible exportable en baisse chez ses principaux pays fournisseurs.

Une moissonneuse batteuse en action dans un champ de colza 2025
Une récolte européenne 2025 abondante
© Réussir SA

Actuellement, la moisson se poursuit au nord de l’Europe et les bonnes perspectives de récolte 2025 se confirment en colza. Tout à tour, les analystes révisent en hausse leurs estimations. Parmi eux, les analystes d’Oil World ont réhaussé la production de colza dans l’Union européenne de 0,7 Mt à 20 Mt pour la nouvelle récolte 2025, à comparer aux 17 Mt de 2024.

Lire aussi : Moisson 2025 : de très bons résultats en orges, prometteurs sur les premiers blés et colzas

Pareillement, les analystes du FAS USDA estiment la production européenne de colza dans l'UE en juillet à 19,45 Mt (16,86 Mt en 2024) en raison d’une hausse des superficies de 5,7 Mha à 5,97 Mha et des rendements de 2,96 t/ha à 3,26 t/ha. De son côté, le service de surveillance Mars de la Commission européenne a augmenté les rendements de colza 2025-2026 de l’UE de 3,17 à 3,2 t/ha dans son rapport de juillet.

Ainsi, selon les analystes, un volume supplémentaire entre 2,4 et 3 Mt va alimenter le marché intérieur de l’UE, ce qui réduit les besoins d’approvisionnement à l’importation.

Mais la situation est-elle si confortable pour équilibrer le bilan du colza 2025-2026 en UE ? 

De mauvais rendements en Ukraine

 En Ukraine, les rendements en colza 2025-2026 sont en nette baisse. De plus, les chantiers de récolte accusaient un retard important au 24 juillet avec seulement 42 % de la surface récoltée. Les pluies annoncées cette semaine dans le centre et l’ouest de l’Ukraine vont accentuer le retard des chantiers de récolte. Ainsi, la production ukrainienne de colza 2025-2026 est attendue en baisse, avec des rendements en chute de 2,8 t/ha en 2024 à 1,94 t/ha cette année, selon Graintrade. 

Probable mise en place d’une taxe à l’exportation à destination de l’UE

Rappelons par ailleurs la probable mise en place par le gouvernement ukrainien d’une taxe à l’exportation sur le colza à destination de l’UE de 10 % au 1ᵉʳ septembre, qui n'attend que la signature du président. Pour l’instant, cette taxe exerce une pression à la baisse principalement sur les prix intérieurs, ce qui peut inciter les transformateurs locaux à transformer davantage de colza. Le développement de nouveaux débouchés à l’exportation pour le colza ukrainien est envisageable pour optimiser le prix payé aux producteurs. Selon les prévisions de l'association Ukroliyaprom, la production ukrainienne de colza 2025-2026 est estimée à 3,3 Mt, dont un volume de 1,7 Mt est destiné à l’exportation.

Le retour d'un ancien client pour le canola australien ?

Du côté de l’Australie, la production de canola 2025-2026 est actuellement estimée à 5,7 Mt par Abares et d’autres sources comme Graincentral et Ofimagazine. Cette estimation représente un recul de 400 000 t par rapport à la campagne précédente. Cependant, l’Australie a récemment subi des conditions sèches sur les zones de production, même si des pluies ont dernièrement soulagé les cultures. Avec des taux d’humidité limités dans les sols australiens, un déficit sur les prochaines précipitations risque de dégrader les rendements de canola.

Sur le plan commercial, les exportations australiennes de canola 2025-2026 sont estimées à 4,6 Mt par Abares, soit 200 000 t de moins sur la campagne 2024-2025. Ces prévisions sont en ligne avec d’autres sources comme le CIC ou l’USDA. En 2024-2025, l’Australie a expédié l’essentiel de son disponible exportable vers l’UE avec 3,5 Mt. Pour cette nouvelle récolte, les exportations australiennes sont attendues dans les mêmes proportions vers l’Europe. 

La Chine va-t-elle diversifier ses achats de canola avec l’Australie ? 

Cependant, la Chine est en passe de bouleverser cet équilibre. En effet, l’Australie doit envoyer des cargaisons tests vers la Chine pour un volume entre 150 000 t et 250 000 t. Pour rappel, les importations chinoises de canola australien subissent un embargo pour des raisons sanitaires depuis 2020. Ce volume reste modeste au regard des exportations australiennes. Mais une question se pose : la Chine va-t-elle diversifier ses achats de canola avec l’Australie ? 

Des exportations de canola canadien en fort recul

En Amérique du Nord, la prochaine récolte canadienne de canola fait l’objet d’inquiétude en raison de conditions climatiques défavorables aux cultures et de la baisse des surfaces de 2,5 %, d’après Agriculture et Agroalimentaire Canada AAC. Au 21 juillet, seuls 60 % des surfaces étaient au moins en bon état au Canada. Les pluies restent variables selon les territoires dans les prairies et ont soulagé les cultures dans le sud du Saskatchewan et du Manitoba. Désormais, de nouvelles pluies sont attendues pour garantir un bon remplissage des grains avant la récolte. 

Entre baisse des surfaces et repli des stocks de report

Selon Agriculture et Agroalimentaire Canada, la production 2025-2026 de canola canadien s'élève à 17,8 Mt avec un rendement de 2,06 t/ha (2,15 t/ha en 2024). Avec de faibles stocks de report, les disponibilités sont estimées à 19 Mt, contre 22,36 Mt pour la campagne précédente. En conséquence, les exportations 2025-2026 sont prévues autour de 6 Mt, un recul important par rapport à 2024-2025 avec 9,5 Mt, d’après les données de AAC. Ce repli s’explique par la baisse de la production, des stocks historiquement bas et une trituration qui reste dynamique sur le sol canadien (attendue entre 11 et 12 Mt).

Quid des achats chinois ?

Un autre paramètre important est à intégrer avec le principal client à l’export de la graine canadienne. La Chine absorbe environ 70 % du disponible exportable canadien. Toutefois, les tensions commerciales entre les deux pays amènent des incertitudes sur les achats chinois de canola canadien. Actuellement, les analystes semblent s’accorder sur une réduction de 0,5 à 1 Mt des exportations canadiennes vers la Chine. Néanmoins, le Canada a-t-il besoin de chercher de nouveaux débouchés pour sa graine avec la baisse du volume exportable de canola à 6 Mt ? En cas de besoin supplémentaire en Europe, le Canada ne représente donc pas une alternative supplémentaire pour ses importations de colza. 

Un risque de tension sur les importations de l’UE ?

La bonne récolte européenne de colza 2025 cache une situation plus tendue qu’il n’y paraît en UE. A mesure de l’épuisement des disponibilités locales, le risque d’apparition de tensions pour s’approvisionner auprès des principaux pays exportateurs est réel en deuxième partie de campagne, après les prochaines récoltes canadiennes puis australiennes.

Cependant, l’UE réalise une bonne récolte de colza 2025 et les analystes, tels que Stratégie Grains, annoncent une production 2025-2026 entre 19,5 et 20 Mt. Les attentes du marché sur les importations de l’UE sont évaluées entre 4 et 4,5 Mt, contre 6 Mt en 2024-2025. Le début de campagne semble confirmer cette tendance avec 224 104 t de colza importé au 27 juillet contre un volume de 304 004 t en 2024.

Donc, même si le besoin d’importation est inférieur en UE, la situation des principaux pays exportateurs laisse apparaître un risque de tension sur les importations de colza en Europe pour cette nouvelle campagne. L’évolution des conditions climatiques au Canada et en Australie sont donc à suivre pour les prochaines semaines.

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