Collecte bio : retour à la normale et tension sur les prix
Grâce à une récolte de céréales et de protéagineux bio française estimée très correcte, la filière retrouve le sourire.
« C’est une année normale », jugent les professionnels. En blé, globalement, les rendements et les PS sont bons, et la qualité boulangère satisfaisante. Pour autant, l’inquiétude est de mise chez les transformateurs. Alors que la consommation finale explose avec des taux de croissance autour de 20 %, voire plus, l’approvisionnement des meuniers, huiliers, et fabricants d’aliments pour animaux (Fab) reste compliqué. Côté volumes, l’impact du boom des surfaces converties en grandes cultures vers la filière bio en 2016 et 2017 n’est pas encore vraiment ressenti, sauf en production C2 (conversion 2e année) destinée à l’alimentation animale dans la limite d’incorporation de 30 % dans les formules (1). La respiration devrait se faire à partir de 2018/2019. Ainsi, malgré une hausse de la collecte d’été estimée à 40 % par rapport à l’an dernier (soit 280 000 t évaluées début septembre 2017 par les observateurs (2)), mais à seulement 17 % comparés à 2015 (240 000 t), l’offre française reste encore insuffisante.
Recours aux importations
Pour satisfaire la demande (120 000 t de blé utilisées en meunerie, 44 000 t pour les Fab à fin juin, soit en hausse de 24 %), la campagne 2016/2017, désastreuse, a imposé le retour aux importations massives (près de 36 000 t de blé tendre). Une pause obligée dans la démarche vers le 100 % français, déjà amorcée par certains meuniers et Fab en réponse à la forte demande des distributeurs. Selon les professionnels, les importations pour cette campagne devraient atteindre entre 26 % des besoins en blé meunier à plus de 35 % en céréales fourragères. Et ce, dans un contexte de tension sur le marché. Or le boom de la demande bio internationale incite à redoubler de vigilance sur certaines origines, victimes d’émissions de certificats frauduleux, en direction notamment des États-Unis. « D’où des prix soutenus en France. Et aussi à l’import, même si leur niveau ne garantit pas forcément la fiabilité », insiste un opérateur. La traçabilité des lots et les analyses sont donc plus que jamais de mise sur cette filière si convoitée.
(1) Une demande de dérogation visant à monter momentanément cette limite à 40 % est réclamée par la filière pour la désengorger.(2) Dans l’attente des premières estimations de FranceAgriMer.