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Céréales : le marché mondial de la viande

Au cours des dix dernières années, la consommation annuelle mondiale de viande a augmenté en moyenne d’environ 3 %, soit plus de 5 millions de tonnes (Mt), et les échanges de viande ont gagné quelque 0,5 Mt par an, soit l’équivalent d’environ 1 Mt de céréales. Les échanges mondiaux de viande sont dominés par un petit nombre d’exportateurs, environ 90 % des exportations de viande étant originaires de pays ayant de gros excédents de céréales et d’oléagineux, y compris le Brésil, les Etats-Unis, l’UE et le Canada. Ces principaux exportateurs sont riches en terres agricoles productives et, la majeure partie du temps, ils produisent plus qu’assez d’aliments fourragers pour couvrir les besoins nationaux croissants à l’affouragement tout en restant des exportateurs de céréales et d’oléagineux. L’essor des échanges de viande a sensiblement dopé leur utilisation intérieure de céréales et, dans une certaine mesure, remplacé les exportations de céréales vers certains marchés. Les échanges mondiaux de blé et de céréales secondaires destinés au secteur fourrager ont grimpé pour passer d’environ 85 Mt au milieu des années quatre-vingt-dix à quelque 95 Mt aujourd’hui. L’augmentation aurait sans doute été plus forte si les échanges de viande n’avaient pas eux-mêmes augmenté. Une étude récente du secrétariat du CIC, intitulée “Les tendances du marché mondial de la viande et les échanges de céréales” (juillet 2005), a évalué les nouvelles tendances des échanges mondiaux de viande et ce qu’ils représentent en termes d’équivalent grain.

Tendances récentes des échanges de viande

L’équivalent grain des exportations mondiales de viande est estimé avoir culminé aux alentours de 47 Mt en 2003 puis s’être replié à 45 Mt en 2004, principalement du fait de la perturbation des exportations de viande de bovins alimentés en céréales en provenance des Etats-Unis suite au cas d’ESB détecté à la fin 2003 et des épizooties mondiales répandues de grippe aviaire au début de 2004, notamment en Asie. L’équivalent grain des échanges a grimpé particulièrement rapidement durant les années quatre-vingt-dix, dopé par une demande mondiale de viande en hausse et la flambée des exportations américaines de viande. La forte hausse des expéditions américaines a été obtenue grâce à l’expansion de la production intensive de bétail nourri à partir d’importants volumes de céréales fourragères produites localement.

Des hausses notables ont aussi été estimées pour le Canada et le Brésil, bien que les expéditions de viande par ce dernier aient enregistré leur plus forte croissance à compter de la fin des années quatre-vingt-dix. Les équivalents grains des expéditions du Brésil et du Canada ont établi de nouveaux records en 2004. Le Brésil a continué d’accroître sa quote-part des échanges mondiaux de viande durant l’an passé, aidé par des exportations américaines moindres, une vive promotion du marché à l’exportation et un positionnement de prix avantageux.

L’équivalent grain estimatif des exportations canadiennes de viande a sensiblement progressé depuis le milieu des années quatre-vingt-dix tandis que plus de céréales, tout particulièrement de l’orge, étaient utilisées localement au lieu d’être exportées suite à la suppression des subventions de transport interne. Les exportations canadiennes de viande de bœuf, principalement à destination des Etats-Unis et du Mexique, ont vite retrouvé des niveaux normaux après la découverte d’un cas d’ESB en mai 2003, tandis que la forte demande maintenait les expéditions de viande de porc à des niveaux proches du record de l’année précédente.

UE : contraction des disponibilités locales

Le chiffre avancé pour l’UE a reculé ces derniers temps, les exportations communautaires étant entravées par une contraction des disponibilités locales de viande de bœuf et par des taux de change défavorables.

En Asie, les estimations de l’équivalent grain pour la Chine et, notamment, la Thaïlande, ont progressivement augmenté tout au long de la décennie écoulée, mais les deux ont dérapé en 2004 suite aux épizooties de grippe aviaire. Si la Chine est de loin le plus important producteur de viande au monde, la production est essentiellement destinée à couvrir les besoins du marché intérieur en plein essor. Des investissements accrus dans le secteur aviaire en Thaïlande ont été dopés par la très vive croissance des exportations, mais celles-ci ont néanmoins été sapées par la grippe aviaire.

Japon : imports de céréales remplacés par de la viande

Le volume de consommation de céréales (produites localement et/ou importées) qui est déplacé par les importations de viande est estimé en se servant d’une méthodologie analogue. Dans le cas du Japon, le plus gros importateur de viande au monde, les importations de viande remplacent désormais une utilisation estimative de 10 Mt de céréales fourragères locales. Sinon, la consommation céréalière déplacée aurait été importée, principalement sous forme de maïs auprès des Etats-Unis. Bien que ce chiffre représente un manque à gagner significatif pour les exportateurs américains de maïs, l’essentiel de la viande importée par le Japon provient elle aussi des Etats-Unis. Ce phénomène est propice à l’économie rurale américaine ; il augmente la demande en céréales fourragères au sein des Etats-Unis, tout en aidant à soutenir les prix des céréales locales et il remplace les exportations de céréales par des exportations de viande à valeur ajoutée, ce qui permet de créer des emplois dans le secteur de la production et la transformation de viande.

L’équivalent grain des importations japonaises de viande n’a guère changé au cours des cinq dernières années, la demande étant bridée par des performances économiques ternes et par les préoccupations des consommateurs quant aux maladies animales. Ce point s’est particulièrement fait sentir en 2004, lorsque ses importations de viande de bœuf et de volaille ont été touchées par l’ESB et la grippe aviaire chez ses fournisseurs traditionnels. Toutefois, l’équivalent grain des importations de viande du Japon est sensiblement plus élevé que dans les années quatre-vingt, pour traduire la libéralisation des échanges qui a conduit à des importations de viande qui arrivent à remplacer une production locale à coût relativement élevé.

(à suivre)

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