Bourse des grains de Strasbourg - De bonnes récoltes ne font pas de bons prix
A Strasbourg, l’Association de la Bourse de Commerce de Strasbourg a organisé, jeudi 4 septembre 2025, sa journée des grains. Impressions.
A Strasbourg, l’Association de la Bourse de Commerce de Strasbourg a organisé, jeudi 4 septembre 2025, sa journée des grains. Impressions.

« Si quelqu’un possède des arguments haussiers pour les marchés de grains, qu’il m’en parle, je demande à voir ». Ces mots prononcés lors de la Journée des grains à Strasbourg, le 4 septembre 2025, par Antoine Wachter, président de l’Association de la bourse de commerce de Strasbourg (ABCS) et aussi directeur chez Eurepi-Group Comptoir Agricole basé à Strasbourg et particulièrement présent sur les marchés de matières premières agricoles du bassin du Rhin, a donné le ton à cette réunion qui a permis à 120 professionnels, travaillant dans les filières du grain et de son environnement économique, d’échanger de façon conviviale et en toute simplicité sur l’actualité du moment.
« Il y a des volumes de grains importants disponibles partout dans le monde, l’euro est fort face au dollar, la demande est plutôt en berne face à une production de maïs US abondante, des moissons en Russie annoncées en hausse, des productions en Ukraine et en Pologne à un bon niveau… La compétitivité des origines UE est en difficulté face aux autres et la situation économique globale n’est pas bonne » a argumenté par ailleurs le président de la bourse alsacienne.
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Résultat, des prix peu enclins à progresser et qui ne cessent de perdre du terrain depuis la confirmation des bons chiffres liés aux nouvelles récoltes dans l’hémisphère nord et les prévisions plutôt optimistes sur l’hémisphère sud. A cela s’est ajouté une météorologie difficile sur la deuxième partie de campagne, occasionnant des frais de séchage supplémentaires en France en particulier. Au point que nombreux sont ceux qui notent que les cours pratiqués sur les marchés, quels qu’ils soient, sont loin d’être rémunérateur pour les producteurs, notamment en France. Seulement la filière colza a connu une embellie en tout début de campagne avec des opérateurs qui ont profité de la précocité de la moisson et d’une filière plus rémunératrice, conjoncturellement, que les autres.
« La demande est le problème. Il y a plus de grains que nécessaire un peu partout » confirme un trader travaillant pour une entreprise allemande de production durable de bioéthanol, d’alcool neutre et d’alimentation animale appartenant au groupe Südzucker Group.
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Un courtier de l’est de la France confirme l’arrivée de flux importants sur les marchés de l’origine Pologne tout en reconnaissant que l’origine Roumanie sera un peu moins présente sur les marchés cette année. Il résume assez bien un sentiment quasi général qui veut que d’une logique de « livraison en temps et en heure » on passe à une logique de « juste en cas de besoin », c’est-à-dire que l’acheteur trouvera toujours ce dont il a besoin lorsqu’il en a besoin puisque l’offre est abondante et disponible.
Travailler ensemble pour mieux appréhender les marchés
Face à ces difficultés conjoncturelles pour la plupart - mais certains opérateurs pointent aussi des interrogations plus structurelles (outil industriel de transformation, prix du travail, manque d’investissement…) -, Antoine Wuchner et un bon nombre de présents à la bourse rappellent le besoin « d’être unis pour appréhender en amont les contraintes à venir mais aussi profiter des opportunités qui s’offrent à nous, en tenant compte de tous les maillons de la chaîne. L’objectif est de pouvoir nous organiser, être le point de connexion entre les décideurs et les metteurs en marché afin de préserver notre filière céréalière, dont on connait l’importance sur le bassin rhénan, et ainsi optimiser le revenu des producteurs ». A noter que la bourse avait attiré, outre des acteurs français et des Allemands, des entreprises de la filière en Suisse, en Belgique et aux Pays-Bas.

A noter que les organisateurs, et les sponsors de l’évènement (ACPMC, Intercourtage, Kronenbourg et Rhenus Logistique) ont choisi, en 2025, de changer le format de cet évènement. Cette nouvelle édition a pris place au Noo Toos, un lieu d’accueil et d’échanges situé dans l’ancienne église protestante reconvertie de Saint Pierre le vieux, en plein cœur de Strasbourg, une place de caractère et à l’architecture magnifique, très propice aux échanges. Egalement une belle séquence émotion lors de cette journée : c'est avec un réel plaisir qu’Antoine Wuchner, président de l’ABCS (1er à droite sur la photo), a célébré la reconnaissance, par la filière alsacienne, du travail de Michèle Waegele (troisième en partant de la gauche sur la photo), directrice générale d’Europe Crop United, au service de l’agriculture. Elle prendra sa retraite fin 2025.
Forwardis applique son plan de transport
Présent lors de la Journée des grains à Strasbourg, le transporteur ferroviaire Forwardis a confié que « cette année, nous réalisons notre plan de transport correctement, en particulier sur l’Italie, avec 5 à 6 trains par semaine actuellement qui pourrait monter à 9 trains en janvier ». Il est vrai que l’année 2024 avait été particulièrement difficile pour les logisticiens de gros volumes face à une toute petite récolte.