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Biocarburants

La Banque mondiale recommande aux pays industrialisés de mieux gérer leur commercialisation

LE GOUVERNEMENT britannique a annoncé le 7 juillet vouloir ralentir l’adoption des biocarburants après deux rapports négatifs sur leurs effets. L’agence britannique des carburants renouvelables venait d’annoncer qu’ils risquaient de plonger des millions d’Indiens dans la pauvreté. Trois jours plus tôt, The Guardian ébruitait un rapport de la Banque mondiale attribuant 75 % de la hausse des prix alimentaires depuis 2002 au développement des biocarburants. Mais d’après la filière française Diester, les 75 % apparaissent étonnamment élevés lorsque l’on sait que seulement 5 % de la production mondiale de céréales (soit 10 % des volumes de maïs) est utilisée pour les biocarburants. Alors que le prix du pétrole atteint des sommets, les constructeurs automobiles se sont tournés vers les biocarburants. Le superéthanol E85 lancé en France en 2007 et le SP95 alimentent actuellement 5.800 véhicules flexfuel (15 modèles différents). Tantôt loués, tantôt incriminés, les biocarburants sont au cœur des débats internationaux.

Réactions mitigées des syndicats face aux biocarburants

La filière française Bioéthanol assure que la fabrication du bioéthanol ne concurrence pas la production alimentaire. Le bioéthanol présente deux atouts : sa production améliore l’indépendance énergétique de la France et réduit l’émission de gaz à effet de serre. Les experts de la FNSEA estiment que « le plan biocarburant conserve une justification sur le plan de l'énergie et de la réduction des gaz à effet de serre ».

De son côté, la Coordination Rurale (CR) se réjouit dans un communiqué de la décision financièrement avantageuse que vient de prendre l’Union Européenne. Les Etats n’ont finalement à suivre aucun objectif concernant l’incorporation des biocarburants puisque les 10 % obligatoires concernent l’ensemble des énergies renouvelables. Les agriculteurs sont donc libres de vendre leurs céréales et protéagineux pour l’alimentaire et non pour les biocarburants, ce qui leur permet de faire un bénéfice compris entre 300 et 700 euros par hectare d’après la CR. La baisse de surfaces agricoles disponibles alliée aux tensions caractérisant les marchés des matières premières poussent la CR à revendiquer un arrêt du plan biocarburant actuel. Ils souhaitent à la place un nouveau développement des biocarburants en circuits courts en concordance avec l’autonomie énergétique des exploitations. La Confédération paysanne est plus catégorique : à l’exception de l’huile végétale destinée aux machines des agriculteurs et le transport scolaire, Régis Hochart demande « l’arrêt de la production des agrocarburants dans l’Union Européenne ainsi que l’interdiction des importations en provenance du Brésil et des USA ».

La Banque mondiale lance un appel aux pays industrialisés

Quant au rapport de la Banque mondiale, plus que la production en tant que telle, il remet en cause les politiques commerciales de gestion et de développement des biocarburants. Assurant son soutien ainsi que celui du FMI aux populations pauvres des pays défavorisés et en crise, la Banque Mondiale expose la situation actuelle. « Les biocarburants représentent une nouvelle source d’énergie mais leur culture porte préjudice aux terres réservées au blé et aux produits laitiers. » Au Brésil, la production d’éthanol issu de la canne à sucre présente de nombreux avantages : elle entraîne moins de dépenses, moins d’émissions et permet l’économie d’énergies renouvelables. Mais « le protectionnisme agricole des pays développés affecte le système commercial international et les systèmes agricoles des pays producteurs les plus pauvres ». Les Etats-Unis et l’Europe en particulier limitent leurs importations tout en subventionnant les innovations de leurs entreprises nationales. Le rapport avance que les pays industrialisés entravent la libéralisation commerciale, d’autant plus nécessaire dans le contexte actuel de hausse des prix alimentaires.

Le rapport propose des solutions pour gérer les crises alimentaires et aider le secteur agricole. La Banque Mondiale adresse principalement ses conseils aux pays industrialisés. C’est à eux que revient l’initiative d’ « autoriser le commerce libre des biocarburants pour aider les secteurs agricoles de façon globale et les sociétés pauvres et rurales qui sont les plus touchées ». A l’échelle nationale, les pays développés devraient aussi concentrer leurs efforts sur les petits propriétaires. Selon le rapport, quatre mesures pourraient augmenter leur production et leur productivité : « favoriser l’accès à une assurance météo, investir dans l’adoption de meilleures variétés de cultures, réduire les barrières commerciales à l’échelon régional et améliorer les infrastructures locales ». Le rapport préconise de « ne changer ni le contrôle des prix ni les restrictions commerciales en cas de forte hausse des prix ».

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