« COMMENT NOURRIR les probables neuf milliards d’habitants de la planète en 2050, tout en respectant les écosystèmes ? » C’est la question à laquelle ont tenté de répondre Marion Guillou, présidente de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), et Gérard Matheron, son homologue du Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), dans un ouvrage paru en septembre 2011 chez François Bourin Éditeur. Intitulé “9 milliards d’hommes à nourrir : un défi pour demain”, ce pavé, de quelque 432 pages, propose six « recommandations » à « mettre en discussion » pour assurer la « sécurité alimentaire de notre monde d’aujourd’hui, mais surtout de demain ».
« La science sera très mobilisée »
La première recommandation est d’« accentuer les recherches biotechnologiques, agro-écologiques, économiques, sociales et humaines dans un objectif de contribuer à renouveler profondément les savoirs et de permettre la mise au point et la diffusion d’innovations utiles aux paysans de tous les pays du monde ». Cela nécessite –deuxième recommandation– de « changer les pratiques de recherche en élargissant les partenariats » et en créant « une plate-forme mondiale de recueil des données, d’intégration et de modélisation à l’image de celle qui fonctionne dans le domaine de l’énergie », peut-on lire dans la conclusion du livre.
La troisième recommandation concerne la lutte contre la pauvreté et la faim. « Pour cela, l’investissement matériel et humain dans les filières agricoles de toutes les zones du monde fournira le moteur économique et sera une source essentielle de richesses des zones rurales dans lesquelles vivent trois quarts des personnes en situation de sous-alimentation ».
Limiter la volatilité excessive des prix des denrées alimentaires de base constitue la quatrième recommandation. Dans ce cadre, les auteurs reprennent l’idée des stocks d’urgence, des règles de transparence des marchés et de limitation de la spéculation sur les matières premières agricoles.
La cinquième recommandation est relative aux « systèmes alimentaires considérés sous les angles imbriqués du changement des régimes alimentaires conduisant à la surnutrition et au surpoids, de la réduction des pertes et des gaspillages alimentaires, et des incitations à des comportements de consommation alimentaire respectueux de l’environnement et des ressources naturelles ».
Enfin, la sixième et dernière recommandation porte sur la gouvernance mondiale en matière de sécurité alimentaire. « L’OMS et la FAO doivent travailler ensemble » car « la sécurité nutritionnelle est plus importante que la sécurité alimentaire », a lancé Marion Guillou lors de son intervention à la “Journée du livre Santé Bien-être”, le 6 octobre à Paris.