2018 : une année clé pour le marché des insectes
Les insectes consommés en alimentation humaine intègrent, dès le 1er janvier prochain, le cadre du Novel Food.
« À partir du 1er janvier 2018, les insectes entrent dans la réglementation Novel Food » a confirmé Vytenis Andriukaitis, le commissaire européen chargé de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission Juncker. Il s’exprimait lors de la 1re conférence internationale sur les insectes organisée par l’IPIFF (International Platform of Insects for Food and Feed) à Bruxelles le 21 novembre. « Les produits déjà commercialisés en alimentation humaine ont un an pour déposer un dossier et, durant cette période de transition, ils peuvent toujours être vendus », complète Heidi de Bruin, à la tête du groupe de travail “Novel Food” de l’IPIFF.
Cette clarification réglementaire était attendue par les producteurs car si le statut des insectes est clair en pet food (de plus en plus utilisateur) et ouvert en aquaculture depuis juillet dernier, l’alimentation humaine restait dans une zone « grise ». Or, elle est à bien plus grande valeur ajoutée : il y a cinq ans la majeure partie des projets de production d’insectes visaient l’alimentation animale, désormais plus d’un tiers des producteurs s’affichent clairement sur le food. À noter que les insectes et produits d’insectes issus de pays tiers où ils sont « traditionnels », c’est-à-dire produits et consommés depuis plus de vingt-cinq ans, entreront dans l’UE avec moins de contraintes.
Un potentiel incertain
Difficile de disposer de données chiffrées sur la production : actuellement en Europe, seuls les pet food utilisent des volumes significatifs. « Nous vendons 50 t/an aux pet food et si nous en avions plus ils nous les achèteraient », explique Heinrich Katz, directeur et propriétaire de Hermetia GmbH (Allemagne).
Si le marché semble se structurer, il reste de nombreuses incertitudes : tant que les farines d’insecte afficheront un prix flirtant avec les 2 000 €/t, elles auront du mal à concurrencer les farines de poisson (déjà largement remplacées par des protéines végétales dans les aliments pour poissons d’élevage) ou le soja. Les insectes pourraient pourtant entrer en concurrence avec la nutrition animale pour leur propre alimentation car ils utilisent des coproduits de l’amidon ou des sons.