2016, une « année noire » pour le fret ferroviaire français
Tous les indicateurs sont dans le rouge. Mais l’espoir d’un avenir meilleur est présent, ce trou d’air s’expliquant principalement par des facteurs conjoncturels.
À la question "Coût d’arrêt du marché ferroviaire en 2016 : simple accident ou retour à une tendance baissière ?", Claude Steinmetz, président de la commission des affaires ferroviaires de l’Union des transports publics et ferroviaires, a répondu : « C’est une année noire qui a confirmé la fragilité du fret ferroviaire français mais ce n’est pas le signe d’un phénomène durable de repli. » Les mauvais chiffres enregistrés par le transport sur voie ferrée de marchandises s’expliquent principalement par des éléments conjoncturels, selon les intervenants présents à la conférence organisée le 15 mars au Sitl à Paris.
Décrochage du fret ferroviaire en 2016
Selon les chiffres 2016 de SNCF Réseau, le nombre d’entreprises ferroviaires et de candidats en activité sur le réseau ferré national s’élève à 38, dont 21 entreprises ferroviaires de fret et 12 candidats. Le taux de circulation sur le réseau ferré (en train-km par sillon-km) atteint 87,7 % à fin 2016 pour le fret (contre 98 % pour les voyageurs), en baisse de 3,7 points par rapport à 2015. La part de marché des entreprises ferroviaires alternatives à Fret SNCF a dépassé en 2016 la barre des 40 % (à 41 %). Le fret atteint 69,3 millions en termes de train-km (- 6,9 % par rapport à 2015), dont 11 % en transport combiné, et 79 millions en termes de sillon-km (-2,19 % par rapport à 2015).
« Outre la baisse d’activité dans le secteur de l’acier et les conséquences de la loi El Khomri (grèves de réseau et d’entreprises ferroviaires, blocages de pétroliers et de ports), la baisse de 30 % de la récolte céréalière, la plus mauvaise depuis quarante ans, conjuguée à une qualité dégradée des blés, a pesé sur les trafics du deuxième semestre 2016 et continuera à pénaliser les flux sur le premier semestre 2017 », explique Sylvie Charles, DG du transport ferroviaire et multimodal de marchandises à la SNCF. Et Claude Steinmetz d’ajouter : « La France a ainsi perdu sa place de premier exportateur de grains européen, et la baisse des prix mondiaux en 2016 (au plus bas depuis 2010) y a contribué. » Mais « nous avons tout lieu de penser que la récolte 2017 sera meilleure », tente de rassurer Sylvie Charles.