Luzerne
2012, une année de transition bien négociée avec des surfaces stables
La fin de l’OCM Fourrages séchés en avril a été partiellement compensée par le plan Protéines national et un marché particulièrement porteur.
« Le prix moyen de vente de la luzerne déshydratée tournera cette année autour de 195 €/t, contre 180 €/t en 2011 », déclare Serge Faller, directeur général de Desialis, la structure de commercialisation de la luzerne déshydratée de Champagne-Ardenne. À ce différentiel tarifaire de 15 €/t, attribué à un marché porteur, il faut ajouter les 10 €/t que représente cette année l’aide de 8 M€ relevant du plan Protéines national, mis en place en 2012. Ce qui fait un total d’environ 25 €/t, à comparer aux 33 €/t que recevaient les déshydrateurs dans le cadre de l’OCM Fourrages séchés. « Nous ne perdons que 8 €/t, souligne Jean-Pol Verzeaux, président de Coop de France Déshydratation. Mais si nous avions engrangé une bonne production cette année, soit un diviseur de charge intéressant, nous étions quasiment capable de rémunérer les producteurs de luzerne comme en 2011. » De fait, la baisse de 10 % de la production française de luzerne, qui a impacté d’autant la rentabilité des usines de déshydratation, ne permettra de rémunérer les producteurs qu’à hauteur « de 80 à 90 €/t cette année, contre 90 à 100 €/t en 2011 », affirme le dirigeant de la coopération.
Un manque de compétitivité...
La production française de luzerne déshydratée devrait atteindre 770.000 t pour la campagne 2012/2013, à rapprocher des 868.000 t de la campagne précédente. « C’est une récolte historiquement basse et la plus petite campagne de déshydratation depuis vingt ans », commente Desialis. Ce net repli s’explique davantage par des conditions climatiques défavorables – notamment le gel hivernal et la sécheresse de fin d’été – qu’à la légère érosion des surfaces, en baisse de 2.000 ha à 64.000 ha. « En cette année de transition, nous redoutions une cassure dans la sole allouée à la luzerne par les agriculteurs, avoue Jean-Pol Verzeaux. Mais, au final, cela s’est plutôt bien passé, et une stabilité des surfaces est en vue pour 2013, avec une simple baisse à la marge dans certaines régions. » Cependant, « face à un blé tendre à 270 €/t, il est important que l’aide octroyée se prolonge et qu’elle soit augmentée », insiste Serge Faller. Et ce, pour que la luzerne garde une certaine compétitivité par rapport aux céréales et autre colza, et assure un revenu suffisant à l’agriculteur.
... mais des potentialités de marché
De fait, la problématique Luzerne tient moins d’un manque de demande que de la difficulté à fidéliser les producteurs. « Je commence à utiliser mon stock outil, témoigne le dirigeant de Desialis. J’espère que l’on aura une météo favorable l’an prochain qui nous permettront de récolter plus tôt. Non pour reconstituer les réserves, mais simplement livrer nos clients, qui ont décidé de se couvrir sur les longueurs afin d’éviter d’être à court de marchandises. »
Aujourd’hui, la consommation française de luzerne représente environ 600.000 t. « Demain, 1 Mt, voire plus, pourraient trouver un débouché, poursuit-il. Nous avons en effet 200 à 300.000 t de potentiel de ventes sur les pays tiers, à un prix compétitif pour nos producteurs. » À ces pays d’Asie et du Moyen-Orient, s’ajoute le débouché sud-France, qui représente un marché de 200.000 t, de plus en plus délaissé par les déshydrateurs espagnols. Certaines de leurs usines sont de fait rachetées par l’Arabie Saoudite, dans l’objectif d’assurer l’approvisionnement en fourrages de leurs élevages...