Aller au contenu principal

Marché international des grains
Exportation de céréales et oléagineux - La Russie suspend sa participation à l’accord sur les corridors humanitaires

L’Occident et l’Ukraine ont dénoncé l’attitude de la Russie, l’accusant d’utiliser l’arme alimentaire. Les Nations Unies espèrent faire revenir la Russie dans l’accord pour permettre une poursuite des exportations de grains et produits dérivés ukrainiens sur la mer Noire.

© dandelion_tea-Pixabay

La Russie a annoncé le 29 octobre la suspension de sa participation aux corridors humanitaires, permettant les exportations ukrainiennes de céréales et d'oléagineux via ses ports de la mer Noire.

Cette décision a été prise suite aux accusations faites par la Russie d'une attaque de drones ukrainiens, qui auraient emprunté les corridors sécurisés, avec l'aide du Royaume-Uni, sur la flotte russe en Crimée, qualifiée d'acte terroriste. Par ailleurs, la Russie a accusé le Royaume-Uni d'être à l'origine du sabotage des gazoducs Nord Stream 1 et 2.

Le Royaume-Uni a immédiatement démenti les accusations de la Russie, que ce soit au sujet de la participation à l'attaque de drones ou le sabotage des gazoducs. L'Ukraine a de son côté nié être à l'origine de l'attaque, et a accusé la Russie d'utiliser un faux prétexte pour justifier sa décision. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré le 29 octobre que la Russie ralentissait en réalité déjà les exportations ukrainiennes depuis le mois de septembre, et que 176 navires, contenant plus de 2 Mt de grains étaient déjà bloqués. Il ajoute que 40 000 t de blé devaient partir depuis le port ukrainien de Chornomorsk à destination de l'Ethiopie.

218 navires bloqués au 30 octobre selon les autorités ukrainiennes

Le ministère ukrainien des infrastructures a précisé le dimanche 30 octobre que 218 navires était effectivement bloqués par la décision russe.

L'Occident ainsi que l'Ukraine ont donc condamné la décision russe, l'accusant d'utiliser l'arme alimentaire et d'aggraver la famine dans divers pays d'Afrique et d'Asie. Des traders ont expliqué à Reuters que des centaines de milliers de tonnes de blé ont été commandées par les pays de ces deux régions, mais sont ainsi menacées de ne pas être livrées. Par ailleurs, les expéditions de maïs vers l’Europe pourraient s’amoindrir.

Pour rappel, l’accord passé en juillet dernier entre la Russie, l’Ukraine, la Turquie et les Nations Unies a permis à l’Ukraine d’expédier 9,5 Mt de blé, d’orge, de maïs, de colza, de tournesol et de soja.

Les Nations Unies, la Turquie et l'Ukraine ont indiqué qu'elles faisaient pression afin qu’un plan transitoire permette le départ de 16 navires aujourd’hui. Les Nations Unies ont ajouté qu’elles espéraient faire revenir la Russie dans l’accord. De son côté, la Turquie a déclaré que les inspections des navires allaient se poursuivre aujourd’hui à Istanbul.

Bon nombre d’opérateurs et d’analystes s’attendent à une flambée des cours mondiaux, que ce soit sur les marchés à terme ou physiques aujourd’hui. C’est le cas d’Arthur Portier, analyste d’Agritel : « l'annonce de la Russie est certainement haussière pour les prix et ce début de semaine en sera probablement témoin, simplement parce que moins de céréales vont sortir d'Ukraine », a-t-il commenté au média Reuters.

Stratégie Grains déclarait dans nos colonnes tabler sur un scénario baissier concernant les prix du blé tendre, à moins que les corridors humanitaires soient bloqués, lors de la Bourse de Valence début octobre. Dans ce cas, les cours auraient au contraire un potentiel haussier. Ce qui semble être le cas pour le moment.

 

A l’annonce russe s’ajoute la révision baissière de la production en Argentine par la Bourse de Rosario (13,7 Mt seulement en 2022, contre 23 Mt l’an dernier) et les fortes pluies qui dégradent la qualité en Australie. Lors d’un forum organisé par le Club Déméter le 21 octobre, Arnaud Petit, directeur exécutif du Conseil International des Céréales (CIC), alertait sur le fait que la Russie allait avoir moins de blé de qualité meunière cette année par rapport à l’an dernier. Au niveau mondial, certes, les volumes de blé sont abondants, mais la qualité disponible pour l’alimentation humaine l’est moins.

Quelles solutions de remplacement aux grains ukrainiens ?

Dans ce contexte, les traders interviewés par Reuters expliquent que les solutions pour remplacer l’origine ukrainienne s’épuisent. « Si je dois remplacer un navire qui devait venir d'Ukraine, quelles sont mes options ? Il n’y en a pas des masses ! », prévient l’un d’eux au média.

Un trader ukrainien rappelle de son côté que l’accord permettait à l’Ukraine d’exporter dans un premier temps 200 000 t par mois, puis 600 000 t par mois d’huile de tournesol. Sans les ports maritimes ukrainiens, ce rythme sera difficile à tenir, susceptible d’engendrer une flambée des cours, qui avaient régressé lors de ces dernières semaines.

 

 

 

Les plus lus

Philippe Heusele, secrétaire général et Éric Thirouin, président de l'AGPB, lors de la conférence de presse de rentrée le 16 septembre 2025
Prix du blé : les producteurs demandent une revalorisation des prix d’intervention

Lors de la conférence de presse de rentrée de l’AGPB le 16 septembre, les représentants de la profession ont fait part de leur…

La main d'une personne avec une poignée de blé au dessus d'un tas de blé.
Récolte 2025 : une bonne qualité des blés français et des exportations tirées par le Maroc

À l’issue de son conseil spécialisée de la rentrée le 17 septembre, FranceAgriMer a présenté la mise à jour de ses…

Antoine Hacard, président de La Coopération agricole - Métiers du grain et Catherine Matt, directrice
La profession céréalière se réjouit de la levée des taxes sur les importations d'engrais états-uniens

L’AGPB et La Coopération agricole – Métiers du grain s’inquiètent de la remontée des prix des engrais depuis le printemps, et…

Poulets autour d'une mangeoire, plaine de granulés.
Acides aminés : quel impact des taxes antidumping pour la nutrition animale européenne ?

Les taxes antidumping, mises en place par l’Union européenne sur certains nutriments comme la lysine, la valine et le chlorure…

participants à la bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse au Casino barrière de Deauville le 12 septembre 2025
Bourse décentralisée de Deauville : incertitudes sur les destinations du blé français

La Bourse décentralisée organisée par AgroParisBourse à Deauville le 12 septembre a réuni 160 participants. Les opérateurs…

Champ de maïs, Vexin, septembre 2025
Céréales et oléoprotéagineux bio : regain d’activité pour la rentrée

En ce début septembre, l’activité du marché des grains bio reprend de la vigueur. 

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 958€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site La dépêche – le petit meunier
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez votre revue numérique la dépêche – le petit meunier
Recevez les évolutions des marchés de la journée dans la COTidienne